La monographie de 1887 d'Arcizac-Adour
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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II


Le touriste qui visite les Pyrénées est ravi pour la vue de tant de jolis petits villages semés pour ainsi dire sous ses pas. En allant de Tarbes à Bagnères, il trouve la commune d'Arcizac-Adour que domine un clocher et berce le murmure des eaux de l' Adour.

Bordé à l'est et à l'ouest par des collines verdoyantes et riches en points de vues, ce charmant village est des plus agréables.

Arcizac-Adour est une petite commune du département des Hautes-Pyrénées et du canton de Tarbes sud. Elle a pour limites St Martin et Bernac-Debat au nord, Bernac-Dessus et Vielle-Adour à l'est, Hiis au sud et Visker à l'ouest. Son étendue est de 18.555 ares 13ca. Sa distance au chef-lieu du département est de 9 kilomètres.

La commune se trouve en plaine, sauf quelques habitations portant le dénomination de hameau qui se trouvent sur le coteau.

L'Adour faisant la richesse de la plaine, ravage la commune à la moindre crue, changeant de lit presque chaque année, abandonnant l'ancien pour ébrécher et souvent emporter une belle prairie.

Depuis 1875, le pont servant de communication aux deux rives, a été emporté deux fois. Dans l'Adour, on pêche d'excellentes truites et un poisson désagréable à la vue mais bien recherché des goumets le chabot.

Le canal de la Gespe, dérivation de l'Adour, arrose la rive gauche de la commune.

Le climat est sain, les habitants jouissent généralement d'une bonne santé et rarement on y entend parler d'une épidémie.

II


D'après le recensement de 1886, le chiffre de la population est de 524 habitants. Ce chiffre tend à diminuer, la classe ouvrière étant attirée vers les grands centres.

La commune comprend deux quartiers : la Rive droite et la Rive gauche de l'Adour.

La Rive droite comprend 64 maisons, 69 ménages et 281 individus ; dans ce quartier se trouvent l'église, les deux maisons d'école, le presbytère, le curé, le maire, qui est en même temps notaire et 7 conseillers municipaux.

Le Rive gauche comprend 62 maisons, 69 ménages et 243 individus, l'adjoint au maire et 3 conseillers municipaux.

La commune est desservie pour les cultes par M. Launet, chanoine honoraire ; finances, par M. Husson, percepteur de Soues, résidant à Tarbes ; postes, par le bureau de Bernac-Debat.

Valeur du centime : 0 frs 2347

Revenu 14.328 frs 03

III


Les principales productions sont le froment, le seigle et la maïs.

Il y a de belles forêts de chênes, soumises au régime forestier.

Sur le coteau, du coté de Visker, se trouvent des vignobles donnant un petit vin blanc assez agréable. Le mildew ayant fait son apparition depuis deux ans, y a fait beaucoup de mal, ainsi que l'oïdium.

De nombreuses vaches sont engraissées dans la commune, grâce au bon fourrage des prairies naturelles fertilisées par les eaux bienfaisantes de l' Adour. On y élève aussi le petit cheval de la plaine de Tarbes.

La pays est peu giboyeux.

Il y a deux moulins à farine ; l'un sur l'Adour et l'autre sur la Gespe ; deux scieries à bois.

La route nationale N°1 traverse la Rive gauche de l'Adour, et pour le chemin d'intérêt commune N° 23, on va retrouver le route départementale à un kilomètre de la Rive droite.

Le pont, situé sur l'Adour, a été construit en 1876 et refait en partie en 1886.

Pour les transports à grande vitesse, il y a une station de chemin de fer à Bernac-Debat ; pour les marchandises en petite vitesse, il faut aller à Montgaillard.

Beaucoup de propriétaires ont des véhicules à leur usage.

La mesure locale utilisée encore aujourd'hui est le ¼ de l'hectolitre, soit une mesure illégale de 25 litres.

IV


le patron d'Arcizac-Adour est St Misselin ou Mesclin, natif de la commune. Voici la légende :

L'Armée des vandales, repoussée dans nos vallées, vint mettre le siège devant la ville de Tarbes. Les habitants, en comparant leurs forces à celles des barbares, furent saisis d'épouvante et de désespoir. Mais un simple prêtre, renommé par sa sainteté, Misselin ou Mesclin ranima leur courage excita leur foi dans le Dieu des armées, se mit lui-même à leur tête, attaqua ceux qui revenaient les attaquer et sauva le pays.



La reconnaissance populaire n'a pas été infidèle à sa mémoire qui n'a jamais céssé d'être vénérée. Une rue de Tarbes pourte son nom.

Autrefois, à Arcizac-Adour, l'église paroissiale de son nom, se trouvait à l'entrée nord du village, communiquant avec son château dont il reste encore des murailles, et toutefois au cimetière qui reçoit toujours les défunts de la localité. On la détruisit en 1850 lorsqu'une autre plus spacieuse et bien centrale fut achevée près de le Rive droite de l'Adour.

J.M.F Deville, auteur des Annales de le Bigorre, éditées en 1818, glorifie, Misselin de la victoire remportée sur les Sarrasins, et écrit en note à la page :

" On voit sous le vestibule de l'église d'Arcizac-Adour, qui l'a pris pour son patron, la statue équeste de ce guerrier. Cette statue est tous les ans couronnée de roses et de laurier par les habitants ; ils lui offrent ce tribu la veille de la fête locale. "

M. Davezac-Macaya , publiant ses Essais historiques sur le Bigorre en 1822, parle aussi d'une statue équestre du prêtre, écrit :

" Une petite satue équestre de Misselin occupait autrefois une niche dans l'église d'Arcizac ; elle était de bois et fut brûlée pendant la tourmente révolutionnaire ; les jeunes filles l'ornaient de fleurs le 24 mai de chaque année. "

Jusqu'à la démolition de la vieille église, Arcizac-Adour célébrait, le 24 mai de chaque année, la fête patronale de St Misselin avec une procession en son honneur. Le nouvel édifice religieux étant en état de servir au culte, on délibéra, pour en nommer le patron. Le fête de St Misselin tombant le mois de mai, paraissant gêner beaucoup de ménages qui, à cette époque de l'année, ont peu de ressources pour vivre et faire des invitations. L'abbé Gauillon, curé d'Arcizac, fut d'avis de mette l'église sour les auspices de St Barthélémy, alors que l'abondance des fruits de la terre premet à tout le monde de se réjouir. Le maire, les conseillers e les fabriciens admirent le vocable proposé sans trop comprendre que, ans l'esprit du pasteur, le titulaire de l'église devenait aussi le patron de la paroisse. La bénédiction du nouvel édifice eut lieu en novembre 1850 en grande pompe et à la satisfaction des deux quartiers de la paroisse. L'année suivante, aux approches de mai, on s'aperçut qu'à la place du patron aimé de temps immémorial, la paroisse aurait désormais delui des voisins de Salles, ce qui déplut à certains habitants, et contraria surtout le chef de la municipalité. Bientôt deux parties se formèrent, l'un tenant à St Misselin, l'autre adoptant St Barthélémy. Chacun avait des arguments et soutenant sa cause. Les déats divisèrent si bien les esprits que les partisans de St Misselin résolurent de le fêter, comme toujours le 24 mai, et préparèrent la réjouissance de famille. Donc le dimanche de la solennité habituelle, au lieu de se borner à la procession d'avant la messe, une bonne partie de la population abandonne le curé sur la place et entraînèrent les croix et les bannières, fit le tour du village en chantant des lianies, pendant que les autres assistaient à la messe. Ce fut un grand scandale. Arriva la St Barthélémy, les adhérents fidèles se disposèrent à la célébrer selon les instructions du curé ; mais, ô surprise ! La veille et le matin de la solennité, point de sonnerie, point de joyeux carillons ; les battants des cloches avaient disparus ; on retrouva l'un dans le jardin du presbytère, l'autre dans celui du voisin Leschenaule.

Pour empêcher le retour de pareilles pertubations, on a honoré St Misselin, non plus le 24, mais le 7 mai.

Les habitants d'Arcizac-Adour montrent le lieu où naquit le Saint. C'est un enclos frais et bien tenu sur la rive gauche de l'Adour, où s'élève une habitation modeste dont les maîtres portent le noms d'Astuguevielle. Les propriétaires y vivent tranquilles dans une honnête aisance, et sont heureux de garder la tradition. Le chef de la famille jouit à bon droit de l'estime géneacute;rale, il remplit les fonctions d'adjoint au maire ; et sur sa brave poitrine brille la croix de la Légion d'Honneur.

L'abbé Michel Fontan, curé de St Jean, a trouvé dernièrement chez M. Dominique Noguez-Bouilles, propriétaire à Arcizac-Adour, &arave; l'entrée d'un bâtiment d'exploitation, les montants et le cintre de la porte de l'ancienne église, e pierre de Montgaillard, portant le millésime de 1694.

L'ancien château appartenait à la famiile Durand de cloche. Cette famille dut aller habiter Vic après 1765, car le château passa aux mains de M. de Noguès. Il fut démoli pendant la Révolution.

Le Comte de Péré, pair de France, est natif d'Arcizac-Adour.



Annexe au titre IV : enseignement


C'est en 1787 que la commune d'Arcizac-Adour a eu son premier instituteur. Voici le procès verbal d'installation, tel qu'il se trouve dans les archives [1]:

" L'an mil sept cents quatre vingt-six et le vingt janvier au lieu d'Arcizac-Adour, en assemblée générale de la Communauté convoquée aux formes ordinaires, au son de la cloche, et tenu pour Mathieu Theux, Dominique Commères, consul, consuls en charge de la présente année, et avec eux M. Bernanrd Réveillé, maître en chirurgie, Lalanne, Nogés Lauquère, Abbadie, Lapierre, St Martin-Lafon, Sabas, Nogès-Lauguère, Rébeillé-Bourgela, Courtade, Péré-Menginou, Sabas, Péré-Prim, Suberbie, Vergès, Péré, Junqux, Soussens, Péré-Parret, Coussade, Gallouye, Maigné, Péré-Gardette, Rébeillé, Bayet. Les tous manans et habitants du préent lieu d'Arcizac-Adour, faisant et comparant le plus grande et comme partie de la Communauté. Les présents pour les abçents auxquels a été représenté par Commères et Theuz, consuls, qu'il est de nécessité absolue d'avoir un maître d'école dans la paroisse, soit pour l'éducation de la jeunesse pour servir de secrétaire aux affaires de la communauté et pour donner du secours à Me le curé pour les offices divins, prosseçions, administrations des sacrements et autres devoirs de paroisse, quenqoncequance le sieur Pierre Fringuet, originaire d'Ossun, c'est présenté pour servir en calité de maître d'école dans la présente paroisse ; lequel dit, Fringuet s'oblige de faire l'école deux fois par jour aux enfans qu'il y seront envoyés, à leur montrer à lire et écrire Larithmétique et leur faire le catéchisme deux fois par semaine conformément aux ordonnances sinidales du diocèse, s'oblige de plus de faire toutes les écritures, rolles, et généralement tout ce qu'il cera nécessaire pour les affaires de la communauté pour Les passe d'un an qu'il â commencé le huit décembre, faite de la conception de la Sainte Vierge, et finira en pareilh jour. La communauté s'oblige aussi de payer au dit sieur Pierre Fringuet la somme de cinquante et six livres en deux parts égaux, savoir le premier part à la Pâques prochain, et l'autre à la fin de l'année. Il lui sera aussi payé pour chaque enfant qu'il sera envoyé à son école, savoir : de chaque écrivin, trois mesures de grain moitié sègle et moitié milloc et pour tous ceux qui n'écriront point une mesure sègle et une mesure milloc, lequel grain a été évalué à la somme de quatre-vingts livres. Il est de plus délibéré que le dit Pierre Fringuet pourra prendre un jour par semaine le judy de vaquances et huit jours pendant les vendanges à quoy la communauté soubrerit et s'oblige aussi. A été délibéré et arrêté le dit jour et an, que dessus et ont signé ceux qui ont reçu. "

Suivent les signatures.

Controlé à Tarbes le 13 janvier 1787.
N. Trente sols.
Signé Berrens. ".



Dans une délibération du 21 janvier 1791, je trouve que le grain perçu pour le dit sieur curé consiste : en douze sacs seigle, onze sacs une mesure froment, trois sacs de carron, six mesures d'orge, deux mesures d'avoine, vingt-huit sacs de milloc, un sac petit millet. Il a été recueilli en outre cinquante-cinq pots de vin, huitante ascles de lin d'hiver, deux livres de laine, un char de paille de froment.

Aujourd'hui la commune d'Arcizac-Adour possède deux jolies maisons d'école dont une pour les garçons bâtie en 1852 et l'autre pour les filles construite en 1886. La fréquentation est assez régulière. Peu de personnes dans la commune sont incapables de donner leur signature.

Le conseil municipal pourrait et devraient voter une somme pour l'établissement d'une bibliothèque. Jusqu'ici, les demandes de l'administration à ce sujet sont restées sans résultat.


Traitement de l'instituteur 1100 frs.
Traitement de l'institutrice 800 frs.



L'instituteur public

Arcizac-Adour, le 12 avril 1887

Bérou.






Notes

: Passage écrit en vieux français.



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© Marie-Pierre MANET









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