La monographie de 1887 d'Estarvielle
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


La commune d'Estarvielle se trouve située sur le confins du département des Hautes-Pyrénées, au midi de la vallée du Louron. Au centre de ce gracieux et pittoresque paysage, on jouit de la vue du panorama de la vallée et à l'horizon se perd la chaîne des Pyrénées d'où se trouve le Mont Clarabide, remarquable suivant la tradition, par le col qui a donné passage à l'armée du roi d'Aragon, pour délivrer la fille de ce dernier mariée à un seigneur espagnol, Don Roger, demeurant à Arenvielle. Le château seigneurial a été assiégé par l'armée du roi d'Aragon à l'aide de radeaux qu'on a lancé sur un lac qui aujourd'hui forme la plateau ou se déploie le territoire agricole de Genest et de Loudenvielle sous Philippe le Bel après la paix avec la maison d'Aragon.

Estarvielle est bornée au nord par les terres d' Anéran-Camors, à l'Est par les terres de Fréchet-Cazaux et de Mont, au midi par celles d' Armenteule et par celles de Loudervielle et à l'Ouest par la rivière Neste qui la sépare des terres d' Adervielle.

Son étendue du Nord-Ouest au Sud-Est est de 1.450 mètres, du Nord-Est au Sud-Ouest de 1.250 mètres, du Nord au Sud 900 mètres et de l'Est à l'Ouest 1.090 mètres. La distance au chef-lieu de canton est de six kilomètres 500 mètres, au chef-lieu d'arrondissement 46 kilomètres et au chef-lieu du département 67 kilomètres.

Estarvielle est située sur la rive droite de la Neste, village placé sur un terrain à pente insensibles mais les terres qui se trouvent au levant présentent beaucoup plus d'inclinaison et sont accidentés de quelques monticules, d'où l'on contemple à l'horizon, le panorama de la vallée, les pics de Rouyette, de Cascarre, de Hourgade, d'Abeille et de Clarabide où le chasseur pyrénéen exerce son adresse sur le chamois, gibier de ces hautes régions.

Parmi les mamelons précités, nous citerons le Puyo de la Hourque comme légendaire. Suivant la tradition, ce lieu était désigné à l'expiation des crimes. On rapporte qu'un homme y a été pendu. Dans le temps, au bout d'une fourche, pour avoir violé les moeurs.

Le sol de cette commune, de nature calcaire et argileuse produit d'abondants fourrages pour l'alimentation des animaux domestiques ; mais les céréales ont à souffrir des rigueurs d'un hiver trop long.

Le ruisseau de la Poudaque qui traverse le territoire dans la direction de l'Est à l'Ouest, prend sa source sur la montagne de Mont. Les eaux de ce ruisseau sont utilisés pour l'arrosage des prairies, elles en favorisent le rendement , car ce sont ses eaux bienfaisante, elles produisent les effets du Nil que le sol égyptien.

La rivière Neste qui borne le territoire à l'aspect du couchant tout en alimentant la force motrice de plusieurs moulins, aux deux rives, offre encore l'arrosage de certaines prairies contigües au courant . Son débit moyen peut être 2170 litres par seconde tandis qu'aux fortes crues, ce débit pourra être multiplié par 8 soit 17.360 litres par seconde.

Toutes les eaux qui courent dans le territoire d'Estarvielle sont potables ; mais elle ne sauraient offrir de propriétés privilégiées, pas de sources thermales.

L'altitude 720 mètres de cette commune offre une température privilégiée, en égard aux montagnes environnantes et une salubrité satisfaisante. Le climat est doux malgré la durée d'un hiver de 4 à 5 mois comparativement aux communes environnantes.

Les vents dans cette commune ne se font pas sentir avec trop d'impétuosité. Le vent du Nord est celui qui domine, celui du Midi sèche parfois la fleur de sarrasin, mais les vents d'Ouest amènent des bourrasques fâcheuses.

II


La population de cette commun d'après le recensement de 1886 s'élève à 88 habitants partagés en 20 feux ou ménages.

L'organisation municipale se compose d'un comité de six membres dont un maire président, un adjoint au maire, chargé de la police rurale et de huit membres assesseurs, ce qui constitue le conseil municipal.

La commune est desservie, pour les cultes, par le curé du lieu, pour les finances par le receveur municipal ayant sa résidence privilégiée à Arreau et pour les postes par le bureau de poste de Bordères.

La valeur du centime le franc suivant le cadastre s'élève à 0 f 21417 et le revenu en 1887 est de 1842 f 52 centimes.

III


La commune d'Estarvielle produit des céréales pour l'alimentation de ses habitants ; mais en quantité insuffisante. Le sol arable est divisé en trois assolements principaux dont un tiers environ est consacré à la culture du blé et du seigle. Le rendement moyen peut être évalué de 14 à 17 hectolitres par hectare.

Le deuxième tiers est consacré à la culture printanière, l'orge et l'avoine dont le rendement moyen peut s'élever de 14 à 18 hectolitres par hectare. L'orge est employé à la panification et produit un aliment assez savoureux ; mais peu substantiel.

Le troisième tiers est consacré à la culture du sarrasin, du lin, du chanvre, des pommes-de-terre et à celle des légumes verts. La pomme-de-terre est la culture principale dont le rendement moyen peut s'élever de 50 à 60 hectolitres par hectare. Les rendements précités sont exclusivement consacrés à l'alimentation des ménages locaux.

La moitié du sol cultivé constitue la prairie naturelle dont le rendement produit d'abondants fourrages absorbés pour l'alimentation des animaux domestiques du lieu. La commune ne possède pas de pâturages communaux.

Les habitants d'Estarvielle excercent encore le procédé de culture routinier sauf quelque amélioration pour le labourage qui se fait avec la charrue en fer nouveau système.

Pas de bois, pas de forêts, propriét´s communales ?

Les animaux domestiques sont : la vache, la brebis, le cheval, l'âne, la poule, la dinde.

Pas de chasse, pas de pêche, pas de produits industriels.

La commune possède un seul moulin à farine, propriété privée.

La commune d'Estarvielle communique aux autres communes de la vallée par des chemins d'intérêt commun et par des chemins vicinaux.

Au chef-lieu d'arrondissement distant de 46 kilomètres par la route thermale n°1 qui relie Bagnères-de-Luchon à Bagnères-de-Bigorre, par la montagne, et par la route départementale et au chef-lieu du département, distant de 67 kilomètres par la route départementale. Pas de voie ferrée. La gare plus rapprochée est distante de quelques kilomètres, pas de voitures locales publiques.

Le commerce local consiste dans la vente des produits engraissés des animaux domestiques, pas de foires, pas de marchés locaux, le plus rapproché se tient à Arreau distant de 13 kilomètres.

Comme ancienne mesure locale, la commune d'Estarvielle conserve le coupeau qui correspond à 13 litres un tiers ; mais il est fait un plus grand usage des mesures nouvelles et la couperade est encore usitée pour les mesures agraires, cette mesure correspond à 182 mètres carrées.

IV


Estarvielle dont l'origine m'est inconnue doit évidemment remonter à une époque très ancienne où la féodalité a attribué, à l'époque, des titres, puisque par tradition on cite la demoiselle d'Estarvielle qui habitant des châteaux dont l'un est représenté par l'église actuelle d'Estarvielle qui conserve les murs des anciens châteaux féodaux et un autre dont les ruines ont été restaurées par la famille Fouran, aujourd'hui représentée par M. Fourette, gendre de M. Fouran et plus tard nous trouvons Adémar de Paucis, baron d'Estarvielle et de Mont qui au XIIIe siècle fit donation à la commune de Loudervielle de certains droits qu'il possédait : d'où je conclurai pour étymologie du lieu : Vielle - Villa - Séjour - Estar - Extra, (grand gala) lieu donc, où la seigneurie se réunissait pour prendre des plaisirs d'où Estarvielle lieu estival.

Il y avait, suivant la tradition, un homme à Estarvielle (Pichon) qui un jour des siècles derniers, fut invité à un banquet tout clérical. Ce Pichon possédait une instruction tout élémentaire ; mais il était doué d'un naturel privilégié.

Les prêtres qui prenaient part au banquet pour éprouver la vertu du commensal hétérogène à leur secte sociale convinrent de parler en latin, langue inconnue à ce dernier.

Le dîner fut servi dans de bonnes conditions, la conversation s'anime, seul Pichon est bouche close.

(" Nécessité pas a loi " dit le proverbe du pays) ainsi Pichon interrompt le jeu de la conversation en disant " datis vinis a Pichonis d'Estarviellis " Donnez du vin à Pichon d'Estarvielle.

Le municipalité d'Estarvielle, comme la plupart des communes de la vallée, était un comité clérical. Les prêtres retenaient les actes de l'État civil et donnaient les avis administratifs aux circonstances. Depuis que l'instruction a fait des progrès, les hommes ont acquis des droits, et la commune a été administrée par un maire assisté de neuf assesseurs qui tous réunis constituent le conseil municipal.

Les habitants conservent l'idiome patois bien que le français soit assez bien compris et que la majeure partie des citoyens le parlent aux circonstances.

Comme chant légendaire, il ne m'a pas été possible de recueillir des écrits.

Les habitants d'Estarvielle doués de mœurs sociales vivent des fruits respectifs de leurs travaux et des fruits qu'ils récoltent de leurs propriétés. Les liens sympathiques qui les caractérisent font qu'ils livrent leurs propriétés, après l'enlèvement des récoltes, au parcours de la vaine pâture où les habitants du lieu conduisent leurs animaux domestiques. Ils se paient encore certains services mutuels. L'esprit local est bénévolement porté à ce genre de vis sociale.

Le culte catholique est professé par tous les habitants.

La principale alimentation locale consiste dans la consommation des céréales qu'on récolte ; seigle, froment ou blé en petite quantité et orge pour la panification. Il est fait un grand usage du blé noir (sarrasin qui peut être tire son nom des premiers peuples qui l'ont introduit. Le laitage, la pomme-de-terre et autres plantes potagères telles que pois, haricots, lentilles et fèves constituent l'entretien permanent des ménages locaux.

Annexe au titre IV


L'enseignement dans les temps primitifs était donné, suivant la tradition, par des bénédictins que les prêtres ont plus tard remplacé, et enfin des instituteurs ont été postérieurement chargés, par les communes, de l'instruction des enfants sur des traitement d'aujourd'hui dérisoires. Ces maîtres étaient payés par les parents des élèves, d'après un taux mensuel suivant les cours et les écoles n'étaient fréquentés que les quatre ou cinq mois de l'année jusqu'à l'époque où l'état est intervenu et a nommé des maîtres à titre.

Aujourd'hui, l'école d'Estarvielle bien que mixte ne reçoit pas de filles. Il existe un couvent où deux religieuses congréganistes professent l'enseignement gratuit pour les filles de la commune.

L'état de l'instruction dans le temps actuel est satisfaisant puisqu'il n'est pas de conscrits illettrés dans la dernière année, ni de conjoint qui n'ait apposé son nom.

La commune d'Estarvielle ne possède pas de bibliothèque scolaire, ni municipale. Pas de caisse des écoles, pas de caisse d'épargne scolaire, les revenus locaux ne sauraient favoriser ces institutions.

Le traitement du maître actuel s'élève à 1200 f.

L'instituteur public

Estarvielle le 12 avril 1887

Borde.




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© Marie-Pierre MANET









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