La monographie de Jézeau
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


Situation géographique :

La commune de Jézeau fait partie de la vallée d'Aure ; elle est située au sud-est du département des Hautes-Pyrénées, dans le canton d'Arreau, à l'entrée d'une petite vallée qui prend naissance dans une chaîne secondaire s'arc-boutant aux Pyrénées centrales non loin du port d'Oô, haute-Garonne, et se termine à la petite plaine d'Arreau.



Limites :

Au sud, la ligne de partage des eaux des hauteurs du Mont, la sépare des communes de Cazaux-Débat et de Ris.

A l'est, dans le taliveg de la vallée, la limite entre Jézeau et Bareilles est nettement dessinée, soit par les crêtes aboutissant au pont de pierre du chemin d'intérêt commun n° 37 et au plateau de la Serre, soit par le chemin rural de la montagne qui mène au plateau de Coumerlies ; elle suit ensuite les lignes de faîte des hauteurs qui se terminent au col du Pin, donnant accès dans le vallon de Ferrère, canton de Mauléon-Barousse.

Du col du Pin à la crête de la Peyrère, la limite nord-est déterminée : avec la commune de Ferrère, par les points culminants de la chaîne, tels que le pic d'Areng, la crête Rouge, le col de Couret d'eau. Avec la commune d'Ardengost, par le petit ruisseau de Couret d'eau, et ensuite par le ruisseau d'Ardengost auquel il mêle ses eaux limpides.

Au nord, entre Jézeau et Fréchet, quelques rochers culminants, vulgairement appelés mails, servent de ponts de repaire à la ligne divisoire qui se poursuit, tantôt à travers les broussailles inextricables de la Peurère.

Enfin, à l'ouest, avec les territoires de Pailhac et d'Arreau, la limite est toute artificielle jusqu'à la Neste du Louron, elle remonte ce cours d'eau sur un parcours d'un kilomètre et demi pour suivre, en face des bains de Couret, les pentes du Mont, jusqu'au plateau du Plavuent.



Étendue :

D'après les documents cadastraux, le territoire occupe une superficie de 1219 hectares, 64 ares, 79 centiares ainsi décomposée :



 

Territoire occupé Superficie occupée
Propriétés bâties
1 h 92 a 73 ca
Prés
72. 97. 40
Champs
82. 87. 15
Jardins et vergers
1. 84. 58
Canaux
0. 08. 60
Bois, taillis
128. 11. 10
Bois futaies
456. 65. 40
Pâtures
454. 98. 80
Landes, broussailles, incultes
13. 71. 90
Chemins
13. 71. 90
Places publiques
0. 35. 80
Rivières et ruisseaux
3. 07. 96
Église
2. 20
Cimetière
3. 80
Presbytère et dépendances
2. 39
TOTAL
1219. 64. 79


Les distances :

 

Désignation Kilomètres
Distances au chef lieu du canton
2 kilomètres
Distances au chef lieu de l'arrondissement
38 kilomètres
Distances au chef lieu du département
59 kilomètres




Description physique du pays :

Relief du sol, montagnes :

Deux chaînes de montagnes couronnées de forêts enserrant une étroite vallée à leurs pieds, une petite plaine arrosée par un gros ruisseau, tel est l'aspect général du territoire.

Le village est bâti sur un terrain légèrement incliné vers le sud, dans un petit cirque formé par des collines qui se détachent de la chaîne principale désignée sous les noms de Lajoue et la Serre.

Cette chaîne, qui couvre en partie le territoire , prend naissance dans les communes de Pailhac et de Fréchet, s'élève, par des pentes d'environ 35 degrès, à une altitude de 1418 mètres, elle forme ensuite, dans la direction de l'est, sur une longueur de 3000 mètres, une succession de plateaux dont le plus élevé, à une hauteur de 1520 mètres, sert de contrefort à un rameau plus considérable qui se détache de la chaîne centrale aux glaciers de Porthet et dont les dernières ondulations vont se perdre dans la vallée de la Neste, non loin de Montrejeau.



Nature des roches qui les constituent :

Les flancs de ces montagnes et les plateaux qu'elles soutiennent sont formés de débris schisteux stratifiés suivant un angle de 45 degrés. Ils paraissent avoir été couverts par la mer, car on trouve parfois sur leurs pentes, des galets roulés, de forme elliptique et de nature granitiques. Les prés les plus hauts (Pic d'Areng, crête de la Peyrère) ont surgi au milieu des basaltes : la coulée de calcaire qui s'est fait jour, montre sa blancheur au milieu des crêtes rougeâtres à plus de 100 mètres au dessus d'elles.

L'autre chaîne, appelée Mont, a la même orientation. Ses pentes, dans le versant de Jézeau, sont très abruptes. Elle est d'origine granitique, sa stratification est horizontale. Comme dans la première chaîne, la mer y a déposé des traces irrécusables de son passage dans la tourmente qui a suivi le bouleversement de quelque partie de la montagne, ses eaux bouillonnantes après avoir balayé la couche d'argile qui devait recouvrir ses flancs, ont brisé la masse du granit et formé par places, ces amoncellements de blocs qui l'on désigne dans le pays sous le nom de Marzougnes (cailloutages).

La vague furieuse paraît s'être ensuite abattue dans les collines qui surmontent le village. Après en avoir sapé la base, labouré les flancs, mis le schiste à nu, elle a recouvert du limon arraché à la montagne, la petite plaine qui s'étend jusqu'à Arreau, longue de 2 kilomètres.

Peut-être même, qu'une autre vague non moins redoutable, a creusé la base de Lajoue dans la direction de Pailhac et a formé le plateau du Hanc. Ce plateau est couronné, au midi, par des mamclous schisteux appelés Puyos qui lui servent de ceinture et font déversés ses pentes légères dans le bassin de la Neste en aval d'Arreau.

Tels sont les accidents de terrain qui donnent au territoire un horizon très borné si l'on reste dans les parties basses. Mais si l'on s'élève dans les hautes cimes, le point de vue s'élargit et devient tout à fait grandiose.



Curiosités naturelles :

On a devant soi, une grande partie de la chaîne pyrénéenne : le Vignemale avec sa mer de glace, le cirque de Gavarnie, avec ses hautes murailles, les neiges étincelantes de Clarabide, de Lapez, des montagnes d'Oô, et, à sa droite, la Maladetta se dressant comme un obstacle insurmontable entre le ciel et la terre.



Richesse du sol :

La richesse du sol se traduit, dit-on, par la végétation qu'il porte. A ce point de vue, le territoire peut se diviser en cinq zones distinctes.


1. La plaine, terrain d'alluvion, abondamment irrigué, est d'une grande fertilité. Elle produit des fourrages abondants et savoureux.

2. Le plateau du Hanc et la région des coteaux couvre les 2/3 de la surface cultivée. Ce terrain est formé par les schistes effrités et l'argile qui ont glissé du flanc de la montagne. Il est propre à la culture du seigle et du froment.

3. Immédiatement au dessus, commencent les pâturages : région aride dans les côtes du Soula, où la végétation herbacée ne peut pousser sur le schiste nu. Les autres parties, quoique la couche argilo-schisteuse qui les recouvre soit très superficielles, sont couvertes d'une épaisse végétation de genêts, de genevriers, de ronces, d'églantiers, de pruniers épineux et de bouleaux buissonnants à l'exposition de l'ouest. A l'abri de ces arbrisseaux, pousse, au printemps, une herbe savoureuse qui nourrit pendant la belle saison de nombreux troupeaux de vaches et de brebis.

4. La zone des forêts couvre tout le flanc de la montagne à l'exposition du nord, elle commence à moitié chemin des crêtes dans les pentes exposées au midi. Le sol de cette zone est riche quand il est formé d'éléments argilo-calcaires ou de calcaires schisteux, peu fertile lorsque les débris de schistes dominent et tout à fait aride lorsque le granit seul le constitue. Le Cap det Cros principal sommet de cette zone est à 1520 mètres d'altitude.

5. Dans les hautes-cimes de Bayron (1800 mètres) ces forêts cessent aux deux tiers du flanc de la montagne et toute végétation ligneuse disparaît. La pelouse est tantôt revêtue de myrtil, tantôt de réglisse et de fin gazon. La gentiane et l'asphodèle croissent partout. Ces gras pâturages, riants et animés en été, deviennent mornes et désolés dès le mois de septembre ils sont bientôt ensevelis sous les neiges d'automne.




Cours d'eau :

Le principal cours d'eau qui arrose la commune est le ruisseau de l'Astie. Il prend naissance dans le lac de Bordères, à 1700 mètres d'altitude, coule dans la vallée de Bareilles, traverse la petite plaine de Jézeau sur une longueur de 2000 mètres et se jette dans la Neste du Louron en amont à Arreau.



Leur débit :

Son débit pendant l'étiage est à peine suffisant pour mettre en mouvement une meule de moulin. En printemps, considérablement grossi par la fonte des neiges, il coule à pleins bords, quoique son lit soit profondément encaissé et sa pente très rapide.



Leurs crues :

Le 24 juin 1875, ses eaux se sont élevées à 1 m 50 au dessus de l'étiage ; les murs séculaires qui l'enserrent entre des berges devenues trop étroites ont été enlevés comme des brins d'herbe, le torrent furieux s'est répandu dans les prairies environnantes, se creusant, ici un nouveau lit, déposant ailleurs d'énormes quartiers de roches, des troncs d'arbres et des débris de toute espèce.

Il a été permis de constater en ce moment que d'autres inondations avaient eu lieu dans des temps reculés, mais qu'aucune d'elles n'avait atteint les proportions de celle-ci.

Ce cours d'eau reçoit les eaux de deux petits ruisseaux qui se réunissent au dessous du village, après l'avoir traversé. Le plus considérable coule dans le vallon du Hourc au milieu de riantes prairies. L'autre, arrose les terrains fertiles du Pradau prés. Leur débit réuni n'atteint pas 10 litres par seconde.

Dans le versant d'Ardengost, de nombreuses sources, peu considérables prises isolément, descendent de la sapinière et forment le ruisseau d'Ardengost.



Canaux, lacs, eaux potables :

Les nombreuses fontaines, disséminées dans le territoire, fournissent une eau excellente à boire, ayant une température constante ; quelques-unes, excitent l'appétit et activent la digestion. Malheureusement ces sources sont éloignées des habitations et la population est réduite à boire de l'eau provenant du ruisseau de l'Astie où des ruisseaux qui traversent le village.

Les eaux de l'Astie, froides en hiver, sont fades en été ; mais comme elles mettent en mouvement quelques usines, elles ont été divisées, pulvérisées par la passage des roues motrices, se sont imprégnées d'oxygène au contact de l'air et ne peuvent compromettre la santé.

Les eaux des deux petits ruisseaux du Hourc et du Pradau, peu abondantes pendant la saison chaude, traversent des terrains de diverses natures ; elles se chargent de principes morbides qui provoquent, dit-on, chez les individus qui en font un usage constant l'infirmité connu sous le nom de goître.



Sources thermales et autres, leur débit, leurs propriétés;
Stations thermales ; leur fréquentation
:

Le village est à 800 mètres au dessus du niveau de la mer. Le pic d'Areng qui est le point culminant du territoire, est à 2081 mètres. La hauteur barométrique des principaux sommets a été précédemment indiquée.



Climat :

Son climat est plus doux que dans les localités situées à une même altitude, les fruits et les moissons y mûrissent plus tôt.



Vents :

On peut attribuer cette particularité à ce que le territoire est exposé au midi, et par sa situation topographique à l'abri des vents du nord et de l'est. Le vent au sud ou d'Espagne seul s'y fait sentir avec une violence d'autant plus grande, que les obstacles qui s'opposent au passage du courant sont plus élevés.



Température, salubrité :

Quoique à l'abri des grands courants qui purifient l'atmosphère, la salubrité est parfaite, jamais épidémie n'est venue affliger la population. D'aucuns attribuent à cette tranquillité ou l'air les cas de longévité que l'on peut constater en vérifiant les registres de l'état civil ; on trouve que sur une moyenne de six décès, il y en a deux d'octogénaires. Actuellement, on compte six habitants âgés de quatre-vingts à quatre-vingt dix ans.



Pluies :

La commune étant dépourvue de pluviomètre, il n'a pas pas été possible de connaître la quantité d'eau tombée annuellement. On peut cependant assurer que les pluies de printemps et d'automne y sont aussi régulières que dans les autres localités de la vallée. Pendant l'été, les orages s'abattent de préférence sur les hauts sommets, les pâturages deviennent arides et les récoltes souffrent de ce manque d'humidité.



II



Population :

Le recensement de 1886 accuse une population totale de 229 habitants.


- Celui de 1881 230 habitants.
- Celui de 1878 240 habitants.
- Celui de 1873 246 habitants.
- Celui de 1868 276 habitants.


Il n'a pas été possible de remonter au delà de cette date, les archives de la mairie étant fort incomplètes.

En comparant ces chiffres, on voit que la population a diminué de 17 individus dans un période de 18 années.

Les cause de cette décroissance sont multiples. On se marie à un âge plus avancé que jadis et les mariages sont moins féconds.

Autrefois, la difficulté des transports, la crainte de l'inconnu, retenaient les jeunes auprès de leurs parents. Aujourd'hui, la grande ville les attire, il n'est guère de famille qui n'ait quelque oncle à Paris, à Bordeaux ou à Marseille, voire même en Amérique.

Ce penchant à l'émigration est malheureusement favorisé :

- Par le défaut d'industries pour occuper les bras disponibles dans une région ou l'hiver dure de 4 à 5 mois.

- Par le morcellement de la propriété et l'épuisement du sol, peu de patrimoines peuvent suffire à l'entretien d'un ménage, il est tout naturel alors, que les membres de la famille qui ne sont pas nécessaires pour secourir leurs vieux parents, aillent chercher ailleurs les ressources que leur refuse le sol avare qui les a vus naître.



Divisions en sections, hameaux, quartiers,
population approximative de chaque groupe, nombre de feux
:

La commune forme une agglomération de 52 maisons, abritant 53 ménages ayant feu allumant et 220 habitants.

Sur les bords du ruisseau de l'Astie existent deux moulins à farine habités par 9 individus formant deux ménages distincts.



Organisation municipale :

Ces 229 habitants sont administrés par un maire, assisté d'un adjoint et d'un conseil municipal composé de dix membres.



Fonctionnaires municipaux et autres :

- Un garde champêtre habitant la commune, un garde forstier communal demeurant à Arrreau, et un garde forestier particulier surveillant les propriétés.

- Un instituteur et une institutrice dirigent les écoles communales.



Comment la commune est-elle desservie pour les cultes ? :

La commune constitue une paroisse ayant pour annexe le petit village de Pailhac, desservi par un prêtre catholique. Elle fait partie du diocèce de Tarbes.



Les finances :

Le précepteur de la réunion d'Arreau y recouvre les impôts et est chargé du service financier municipal.



Les postes et télégraphes :

Un facteur du bureau d'Arreau y fait journellement la distribution des télégrammes et des correspondances.



Valeur du centime ; revenus ordinaires :

D'après le tableau officiel affiché à la mairie la valeur du centime est de 11 fr 89 ; les revenus ordinaires s'élèvent au chiffre de 300 Frs.



III


Produtions : quantités :

D'après la statistique de 1882, déposée aux archives,




 

Productions Quantités
Le froment cultivé sur une étendue de 10 hectares produit
130 hectolitres
Le seigle (52 hectares ensemencés donnent)
624 hectolitres
l'orge, 1 hectare
12 hectolitres
L'avoine, 0 h 87
10 hectolitres
Le sarrasin, 1 hectare
4 hectolitres
Le maïs, 2 hectares
20 hectolitres
La pomme de terre 26 h 14
900 hectolitres
Prairies naturelles et artificielles, 72 hectares
1531 quintaux de fourrages.




Principale culture :

On voit par ces données, que la culture qui occupe la plus forte superficie est le seigle et que la pomme de terre est celle qui produit le meilleur rendement.

Les légumes sont cultivés dans les jardins pour le seul besoin des ménages.

Ces productions ne peuvent suffire à l'alimentation des habitants : on peut évaluer au quart le nombre d'entre eux qui sont dans la nécessité de s'approvisionner en céréales dans les marchés de la région.

Elles pourraient être plus variées et plus abondantes.

Plus variées, parce que la température de Jézeau permettrait la culture de légumes que l'on ne trouve point dans la vallée et que l'on vendrait avec avantage au marché d'Arreau.

Plus abondantes, si l'on perfectionnait les procédés de culture, si l'on faisait usage des engrais minéraux, ou si le fumier de ferme était plus abondamment recueilli et répandu.



Procédés de culture :

En dépit des progrès de la science, les agriculteurs sont essentiellement routiniers : ils suivent les errements de leurs devanciers et emploient les mêmes procédés de culture. La simple araire de nos pères ne sera pas détrôné par la charrue perfectionnée ; les herses, les semoirs, les faucheuses leur sont inconnus. Ils ont parfois abandonné l'usage des jachères, bon nombre d'entre eux ont adopté l'assolement biennal et alternent les cultures de froment et de pommes de terre.



Bois et forêts :

Les bois et forêts comprennent une superficie totale de 548 hectares, 76 ares, 50 centiares, ainsi répartis :


 

Exploitation Quantités
Taillis non susceptibles d'aménagement et d'exploitation régulière
153 h 11 a 10
Forêt aménagée
75 h 00 a 00
Sapinière
456 h 76 a 50




Essences et produits :

Les taillis comprennent la petite forêt du Mont et la forêt de Coumelayrou. elles sont peuplées de hètres et de brousailles, quelques chênes rabougris élèvent à peine leurs cimes au dessus du perchis de hètre. La nature du sol ne permet pas aux arbres un grand développement, elles sont livrées au pacage et fournissent aux habitants leur provision de combustibles.

La forêt de chênes est aménagée comme taillis sous futaie à une révolution de 25 ans, elle est peuplée de hètres et de chênes séculaires mais ne renferme point du bois d'industrie. Les arbres vraiment mal dans ce sol aride formé de débris schisteux, en retour la végétation herbacée pousse en abondance sous le couvert des grands bois.

La sapinière située dans le versant nord de la crête de Lasserre, appartient à une société en nom collectif désignée sous le nom de Société Calaman et Cie. Son sol est d'une rare fertilité et les sapins, qui forment l'essence dominante, atteignent la longueur de 15 à 20 mètres.



Produits des forêts :

Ce bois est exploité par la méthode du furetage. La possibilité par suite des coupes exagérées qu'on y a pratiquées jusqu'à ce jour, a été réduite à 500 mètres cubes par an. Ce produit n'est pas rénumérateur pour les capitaux engagés, en égard à la baisse exagérée des bois provoquée par la concurrence étrangère que favorisent nos traités ou commerce.



Service forestier :

L'administration de la forêt communale par le service forestier coûte à la commune 150 frs par an, et les coupes, lorsqu'on parvient à les vendre, ne produisent qu'environ 50 Frs. La forêt est donc une charge qui grève annuellement des impositions extraordinaires pour combler l'arriéré des salaires dûs au garde forestier.

Non soumise à la régie, cette forêt serait une source de revenus pour la commune et les propriétaires :

Elle pourrait être surveillée sans frais par le garde champêtre ;

Les coupes se vendraient mieux si les adjudicataires n'avaient pas à compter avec les exigences du code forestier et les frais considérables qu'entraîne l'adjudication au chef-lieu de l'arrondissement ;

De nombreux troupeaux de moutons y trouveraient leur subsistances. Le parcage de ces animaux sur les terrains cultivés en décuplerait le rendement, en mête temps ; les revenus des propriétaires seraient sensiblement augmentés par les ventes qu'ils feraient annuellement.



Reboisement :

Le service forestier des reboisements a étudié la possibilité de couvrir d'essences feuillues le sol de la région des pâturages mais il n'a fourni aucun projet. Il a sans doute reconnu que les plantations ne compenseraient jamais les inconvénients qui en résulteraient pour les habitants. Boiser ce sol, c'est condamner l'élevage et tarir l'unique source de revenu des habitants.



Vignes ; philloxéra, date de son apparition ; étendue de ses ravages :

Le climat est trop froid pour la culture de la vigne.



Animaux :

Les animaux domestiques élevés dans la commune peuvent être ainsi répartis :




 

Espèce animale Quantité
Espèce bovine
Appartenant tous à la race d'Aure
172 sujets
Espèce ovine
Des races du pays ou de Campan, composant huit troupeaux
1060 brebis ou moutons
Espèce porcine
Appartenant aux diverses races connues dans le département
60 individus
Espèce chevaline
4 juments livrées à la reproduction
Espèce caprine
Tenues pour leur lait
12 chèvres
Espèce galline
De diverses espèces, la plus répandue est le crève-coeur.
240 poules et coqs



Les espèces bovines et ovines sont l'objet de soins particuliers : celles-là se distinguent par la finesse de leur toison celles-là par leur excellente conformation et leurs qualités lactifères.

Elles passent l'été dans les montagnes de Bayron à 1800 mètres d'altitude. Les vaches sont réunies en un seul troupeau sous la conduite d'un pâtre communal. Leur séjour sur ces hauteurs exerce la plus heureuse influence sur leur santé et leur engraissement.

Les animaux sauvages qui n'ont pas le caractère de gibier sont rares : des renards, des martres, des fouines, un petit nombre représentent les carnivores. Les oiseaux de proie les plus communs sont les buses et les diverses espèces de faucons, quelques vautours et aigles apparaissent de loin en loin sur les hautes cimes, mais le corbeau niche par masses dans les anfractuosités du pic d'Areng à 2081 mètres de hauteur.



Chasse :

Le gibier devient de plus en plus rare.

La caille s'arrête peu dans les bas-fonds, elle préfère le fond des vallées où elle trouve plus de fraîcheur.

Les oiseaux de passage, le ramier, le biset, la palombe ne s'arrêtent que sur les hauteurs.

Le lièvre et la perdrix rouge s'accomodent des broussailles des coteaux, mais la rigueur des hivers, le braconnage et la chasse active qu'on leur fait les auront bientôt fait disparaître.

Sur la haute montagne, on trouve la perdrix grise et sur la lisière des bois la grive, la pie de mars et le tétras.



Pêche :

La pêche de la truite serait fructueuse dans les eaux limpides du ruisseau de l'Astie si l'administration exerçait une surveillance active sur ce cours d'eau que des malfaiteurs empoisonnent en partie chaque année.



Produits de toute matière : mines et carrières exploitées ou à exploiter :

Néant.



Usines :

Trois usines à scier le bois convertiraient quotidiennement en planche deux mètres cubes de bois chacune si les forêts de la petite vallée étaient en situation de les fournir.

Le mécanisme de ces usines est tout à primitif. Elles ont pour moteur les eaux du ruisseau soigneusement canalisées.



Moulins :

Deux moulins à farine utilisant le même moteur suffisent pour convertir en farine les blés consommés dans la commune et dans les villages de Bareilles.



Voies de communications : routes :

Deux chemins vicinaux mettent en communication le village avec les communes de Pailhac, Bareilles et Cazeaux-Debat. Ces chemins dégradés par les éboulements est à l'état de lacune sur la plus grande partie de son parcours.

Jézeau est encore relié à Arreau par le chemin d'intérêt commun n° 37 et par un petit chemin rural établi sur la rive droite du ruisseau.



Ponts, époque de leur construction :

Ces diverses voies traversent quatre fois les ruisseaux précités, le paysage est assuré par quatre ponts en bois que le torrent emporte à chaque crue.



Voies ferrées et autres moyens de transport :

Néant.



Moyens de communication avec les chefs-lieux du canton, de l'arrondissement, du département :

Les chemins déjà cités.

La route thermale de Bagnères-de-Bigorre à Bagnères-de-Luchon.

La route nationale n° 129 et la voie ferrée de Lannemezan à Tarbes.



Voitures publiques, diligences :

Un service public de voitures correspond trois fois par jour aux nombreux trains qui passent à le station de Lannemezan.

Un service de camionnage est encore organisé entre cette gare et Arreau.



Commerce local :

Néant.



Mouvement des échanges :

Très restreint.



Foires et marchés :

Néant.



Mesures locales encore en usage :

On compte la superficie des terrains :



- Par journal équivalent à 21 ares 89.

- Par coupérade (1/2 de journal) à 1 are 82.

- Par pugnère 1/16 de coupérade à 0 are 113.



Les mesures de capacité encore en usage sont :

- Le coupeau ou boisseau qui vaut 13 litres 33.

- Le demi-coupeau ou ay mis valant 6 litres 67.

- L'hectolitre vaut 7 coupeaux 50.



IV


Étymologie probable du nom :

Placé entre deux ruisseaux qui descendent des flancs de la montagne avec la rapidité d'un jet de pompe, le village à l'origine a dû s'appeler Jetzeau, d'où son nom patois Jedou, Yedou, et par corruption le nom actuel de Jezeau.



Histoire municipale :

Les premiers habitants de Jézeau paraissent avoir eu la même origine que les autres habitants de la vallée d'Aure. Ils appartenaient à une tribu de Arebasses, qui veut s'établir à Arreau.

Comme eux et avec eux ils eurent à lutter contre les Sarrasins qui vers le 13 e siècle faisaient des incursions fréquentes de ce côté des Pyrénées. Le château fort de la Piquette fut bâti à cette époque dans une position admirablement choisi pour défendre le village qu'il dominait. L'église actuelle désignée dans d'anciens parchemins, sous le nom de chapelle du château de la Piquette était construite dans son enceinte. Ce château, à en juger par les proportions du fossé septentrional qui le protégeait et par les dimensions de la chapelle, devait avoir un certain développement. Le donjon, qui vraisemblablement en occupait le centre, était, très élevé pour dominer la chapelle. Des érudits font remonter ces constructions à l'époque des templiers. Une inscription funéraire que l'on peut voir dans le mur sud de l'église porte la date de 1249.

Ce château était habité en 1308 par Auger Avajan dont les auteurs étaient co-seigneurs de Bourisp, canton de Vielle-Aure.

Davajan ne possédait que son château et certains biens nobles avec certains fiefs, les habitants vivaient en pleine liberté et dans une entière indépendance sous la foi des coûtumes et privilèges des Quatre-Vallées, rédigés en 54 articles, vers 1300 sous la direction du seigneur majeur des Labarthe ; et, à sa mort, sous l'autorité nominale des comtes d'Armagnac.

En 1308, ils transignent librement avec les syndics et consuls de Bareilles sur des contestations relatives aux limites des deux communes et cette transaction est encore en vigueur.

En 1478, ils reconnaissent le roi de France Louis XI pour leur souverain. Un commissaire royal, nommé Nepotis, rédigea l'acte d'inféodation qui reconnaît au roi tout droit de seigneurie et de juridistion, et aux habitants, la faculté et jouissance des forêts et montagnes de Jézeau sous le fief de sept sols payables annuellement. Cette charte fut confirmée en 1584 au nom du roi par Odet d'Aries, son commissaire réformateur.

Cependant, vers le milieu du 16 e siècle, en 1542, sous le règne de François 1 er, que tous les historiens ont signalé comme l'époque où sévirent les rapines et les exactions féodales. Davajan arracha un acte aux habitants par lequel ils lue reconnurent comme leur co-seigneur avec le roi. A peine muni de ce titre, il exige d'eux un fief annuel de 900 livres et une contribution extraordinaire de 600 livres pour les facultés qu'ils tenaient du roi seul. En 1615, il vend à leur préjudice pour la somme de 1000 livres, aux habitants d'Ardengost la faculté de pacage sur les montagnes de Jézeau.

M. de Lucas, commissaire du roi, son lieutenant général près la cour présidiale d'Armagnac, résidant à Lectoure, rapporte dans son jugement de réforme de 1668, que les habitants de Jézeau poussés à bout par la rapacité des Davajan leur auraient dénié et refusé "des prétendus droits de conseigneurie en telle sorte qu'ils ont esté en perpétuel procès depuis l'année 1582, tant au sénéchal de Lectoure qu'au parlement de Toulon mais n'ayant pas été secourus ni aydés de la part du procureur de sa majesté ni de monsieur le Procureur général, et, n'étant pas assez forts de leur chef pour essuyer leunement d'une longueur si grande de ce proces et faire rendre l'interlocutoire des arrêts intervenus, ont été contraints et supplantés à passer divers contrats de révision et transaction envers l'auteur du dit Davajan, portant qu'ils le reconnaissent pour leur véritable conseigneur".

Après s'être convaincu que toutes ces reconnaissances ont été estorquées aux habitants, M. de Lucas déboute le sire Davajan de son prétendu droit de conseignerie du lieu de Jézeau, maintient le roi comme son seul seigneur. Cette sentence ne paraît pas avoir d'exécution, car en 1773 nous trouvons encore devant le parlement de Toulouse avec les communes de Jézeau et d'Ardengost le seigneur Davajan refusant aux communes les droits qu'ils leur avait concédés.

L'arrêt du parlement reconnut les communes comme usagères. Cette sentence a clos l'ère des procès.

Aux Davajan, race avide, qui paraît s'être éteinte vers 1780, a succédé les lois des 18-14 septembre 1792, 10-11 juin 1793. Ces lois énergiques destinées à faire disparaître du sol français les derniers vestiges de la féodalité restituèrent à la commune son patrimoine de montagnes et de pâturages.

Dansin, au lieu d'émigrer, accepta les principes de la Révolution, maria sa fille à un roturier, et, comme ma? servit le gouvernement de son pays jusqu'à sa mort arrivée le 9 brumaire an XIV.

Depuis lors, rein de saillant n'est à noter dans la vie communale si ce n'est en 1845 la soumission au régime forestier de la forêt de Dinque qui a eu des effets désastreux et la construction d'une maison d'école par les soins de l'administration actuelle, grâce au secours de l'État et au concours dévoué des habitants.



Traditions et légendes :

La tradition rapporte qu'à une époque reculé, avant l'an mil selon toute apparence, le village fut dévasté par la peste. Le mal était si contagieux et les dévouements si rares qu'on ne trouvait personne pour soigner les malades et enterrer les morts. On les trainaît à travers les rues pour aller les enfouir dans les fossés du château de la Piquette. Peut-être que les ossements humains mis à jour par la percée d'un chemin derrière l'église datent de cette époque néfaste.



Biographie des personnages célèbres dans la commune :

Néant.



L'idiome :

L'idiome patois dérivé de la langue castillane est en usage. Cet idiome tient à disparaître ; beaucoup de mots français s'y sont introduits, un jour viendra où la langue nationale sera seule parlée.



Chants :

Néant.



Moeurs :

L'habitant de Jézeau a des moeurs simples et primitives, il est rangé, économe, frugal et travailleur. Il déteste les procès et les gens de justice.



Cultes :

Il professe exclusivement le culte catholique, mais les idées modernes tendent à détruire chez lui cette foi naïve qui longtemps la rendu docile aux ordres de son curé.



Alimentation :

Habitué à vivre au grand air, il ne connaît point le raffinement de la cuisine moderne. Peu lui suffit : le pain de seigle, le lait, le beurre, les oeufs, la viande de porc salée forment la base de son alimentation.



Monuments :

Le château de la Piquette fut incendié en 1583, la chapelle seule fut conservée. Avec ses débris, le seigneur fit construire, au 17 e siècle, une vaste maison au centre du village. Sur la porte des cours de cette habitation fut placé un écusson en marbre représentant les armoiries du seigneur ou de la commune.

Cet écusson a été mutilé pendant la période révolutionnaire en 1793, il représente deux lions griffés et armés debout une patte appuyée sur un écu de forme ovale. Dans l'intérieur, au milieu d'un fouillis de plantes marines, une grue, symbole de la vigilance, tient dans une de ses pattes une pierre ronde qu'elle semble vouloir lancer.

L'intérieur de cette maison n'offre rien de remarquable comme antiquité ; les lambris, les vastes cheminées, les meubles datent du règne de Louis XV et accusent la grande aisance de leur ancien propriétaire.

L'église, ancienne chapelle du château, a été considérablement agrandie en l'année 1820. La partie ancienne du monument paraît remonter à l'année 1249. Elle est remarquable par la hauteur de sa voute en bois et par l'originalité des peintures qui l'ornent. Une vue de l'enfer frappe surtout l'attention :

Dans la gueule démesurément ouverte d'un dragon aux yeux rouges, lançant des flammes, viennent s'engouffrer pêle-mêle une multitude de damnés, une courtisane nue montre ses appas à côté d'un prêtre à la figure convultionnée mais reconnaissable à la tonsure qui orne sa tête. Devant cette gueule, Satan, amène une autre fournée de victimes enchaînées. Plus haut, assis sur la tête du dragon, Belzébut sonne la trompette du jugement dernier. Ailleurs, des diables à patte d'oiseau, à tête de bouc, fustigent un damné ou font rôtir leur proie embrochée devant d'ardents brasiers.


Ces peintures feraient meilleure figure dans un musée que dans une église ; les étrangers qui viennent les visiter sont frappés de leur obscénité qui contraste avec le caractère du lieu où elles sont placées.

Le choeur et surtout la maître-autel excitent l'admiration des connaisseurs par leurs sculptures et leurs peintures d'un genre plus religieux que celles des voutes.



Archives communales :

Les archives communales sont en fort mauvais état. La commune ne possédant point de mairie, chaque maire nouvellement nommé fait chez son prédecesseur le récolement prescrit par la loi et transporte ensuite chez lui les objets dont il a pris charge. Dans le trajet et le nouveau classement, les collections non reliées (et elles sont nombreuses) se disloquent, des numéros s'égarent, des pièces jugées inutiles et encombrantes sont jetées au feu. On ne porte son attention que sur les titres établissant les droits d'usage de la commune sur la sapinière.



Documents destinés à établir l'histoire de la commune :

Ces titres relatent principalement la longue lutte que la commune a eu à soutenir contre une race avide de seigneurs qui lui avaient extorqué les biens qu'elle possédait et la pressuraient ensuite pour des facultés qu'ils lui accordaient parcimonieusement.

Ils sont écrits sur parchemin, l'encre altérée par le temps paraît à peine, il faut avoir fait des études spéciales pour les lire.

Voici leur nomenclature d'après un ancien inventaire trouvé aux archives :

Transactions intervenues entre les seigneurs et les syndics et consuls, sentences des commissaires réformateurs de la couronne et arrêts du parlement de Toulouse portant les dates de 1585, 1592, 1597, 1575, 1667, 1668, 1773.

Livre terrier de 1668.

Parchemins réglant les limites du territoire ou des droits d'usage avec les communes limitrophes :
- de Bareilles aux dates de 1308, 1548, 1603.
- d'Arreau 1507.
- de Pailhac et Fréchet 1615.

Parchemin contenant achat du bois de Tuique à Don Roger d'Espagne à la date de 1540.



Ouvrages, monographies, écrits sur la commune, auteurs, éditeurs :

Néant.



Annexe au titre IV : Enseignement



Historique de l'enseignement dans les écoles de la commune aux divers époques :

De l'examen des titres déposés aux archives, il résulterait que l'instruction était peu développé dans la commune sous l'ancienne monarchie. Aucune pièce n'est signée des parties contractantes. On trouve cependant dans certaines familles, des listes, à la date de la seconde moitié du 17 e siècle, portant la répartition des tailles dues aux fermiers des domaines de la couronne. Ces listes, qui ont été faites par les consuls, sont bien rédigées et dénotent une certaine instruction. Vers la fin du 18 e siècle, un certain Copeyre recteur de la paroisse de Jézeau, enseigna gratuitement et publiquement dans son presbytère la lecture, l'écriture, le calcul et le chants. Cet enseignement fut interrompu pendant la Révolution soit par la mort soit par l'émigration de son fondateur et il faut arriver en 1817 pour trouver les traces d'une école.

Un enfant du village, ancien dragon dans les armées de l'empire, après avoir échappé aux désastres de Leiksio, et de Waterloo, créa une école dans sa maison natale. Il enseigna la lecture et l'écriture. Pour tout traitement il recevait journellement de ses élèves les aliments nécessaires à sa subsistance lorsqu'il n'était pas invité à dîner par les parents de quelqu'un d'entre eux. Bientôt, lassé de ce genre de vie, il quitta la commune, se fixa à Barrancouen et s'y maria.

Après lui, les nommés : Méas, Ribet, Pétisné, Donnez,
bien que sans brevet ont successivement occupé le poste de Jézeau jusqu'en 1836. Leur enseignement était très rudimentaire, il comprenait la lecture dans les syllabaires ou dans le télémaque, l'écriture qui consistait en une page faite avec soin et dont la première ligne était tracée par le maître. Pour tout calcul, on enseignait l'addition, la soustraction et la table de multiplication. Les élèves les plus avancés étaient seuls admis à faire des exercices de copie et d'orthographe.

En 1837, M. Guinan, instituteur, récemment sorti de l'école normale de Tarbes, fut nommé à Jézeau et y résida trois années.

Après lui, M. Forgue y enseigna quatre ans ; M. Pales quatre ans.

Enfin, M. Gaillard, le prédécesseur du titulaire actuel, y a pris sa retraite en 1878 après trente-deux ans de services.

Sous ces divers maîtres, instruits et dévoués, les programmes furent graduellement augmentés ; ils s'appliquèrent à former le coeur en même temps qu'à développer l'intelligence. De l'école du dernier d'entre eux sont sortis un certain nombre de jeunes gens qui parcourent honorablement la carrière qu'ils ont embrassée soit dans les diverses administrations de l'État, soit dans le commerce et l'industrie.

L'école était mixte jusqu'en 1855 mais les filles ne la fréquentaient point. On admettait généralement alors que l'instruction était superflue pour la femme, et qu'une bonne ménagère ignorante était pour l'homme une meilleure compagne qu'une fille instruite qui n'a pas été élevée dès sa tendre jeunesse aux travaux d'intérieur. D'un autre côté, les élèves fréquentaient l'école jusqu'à l'âge de 16 et 18 ans, les parents frappés des inconvénients qui pouvaient résulter de la promiscuité des deux sexes gardaient leurs filles auprès d'eux.

En 1856, un curé, peu laborieux, éprouvant de réelles difficultés pour faire apprendre le catéchisme aux jeunes filles illettrées, persuada dans son intérêt, aux pères de famille qu'ils auraient tout avantage de confier l'éducation de leurs demoiselles à une institutrice qu'il appela. L'école était libre, elle prospéra sous la direction de Melle Lacroix d'abord et de Mme Gaillard ensuite, ? que sur la demande du conseil municipal, elle fut déclarée communale par le conseil départemental. Elle rend les plus utiles services sous le Direction de Mme Lacroix.

Description de l'école ou des écoles publiques actuellement existantes :

Jusqu'en 1882, les locaux scolaires étaient loués, l'administration devait se contenter de salles qui lui étaient offertes qu'elles répondissent ou non aux besoins constatés et quelles que fussent leurs conditions hygiéniques. A cette époque, le conseil municipal, profitant des secours que le gouvernement libéral de la République accordait largement aux communes, a fait bâtir au centre du village l'école actuelle dans un terrain salubre, à l'exposition du midi, et isolé de toute construction. Les plans ont été demandés à M. Narjoux architecte de la ville de Paris, membre de la Commission des bâtiments scolaires établie au Ministère de l'Instruction publique.

D'une simplicité qui n'exclue pas l'élégance, la nouvelle école renferme au rez-de-chaussée, une salle de classe d'une superficie de 30 mètres carrés, cubant 120 mètres cubes d'air.

Deux baies vitrées développant une surface de 10 mètres carrés donnent largement accès à l'air et à la lumière qui est adoucie par la ternité mate des murs peints à l'huile. Les tables à deux places, établies suivant le modèle ministériel reçoivent la lumière de gauche à droite. En hiver un calorifère ventilateur y renouvelle l'air en même qu'il y entretient une température constante. A côté, se trouve le préau couvert qui a été converti en école pour les filles.

Le premier étage est heureusement distribué pour le logement du maître. Il se compose d'une cuisine avec décharge, de deux chambres à coucher et d'un salon. Toutes ces pièces sont bien éclairées et ont le plus riant aspect.

Une vaste cour de récréation, des latrines avec fosse maçonnée, complètent cet ensemble de dispositions qui font de l'école de Jézeau l'une des plus commodes et les plus agréables de la vallée d'Aure.



Dans quelle mesure les besoins sont-ils satisfaits ? :

Sous le rapport du local les besoins de l'école des garçons sont satisfaits mais les filles sont logées dans une salle exigüe, le matériel et le mobilier scolaires de cette dernière école sont défectueux et doivent être renouvelés, les maîtres sont dépourvus de jardins, de mobilier personnel.



Améliorations à réaliser :

La construction d'une école de filles s'impose ; ainsi que l'achat des jardins, du matériel scolaire nécessaire, des mobiliers pour les maîtres et des meubles pour les musées scolaires en voie de formation.



Fréquentation :

Tout en appréciant l'utilité de l'instruction, les pères de famille ne savent pas s'imposer les sacrifices nécessaires pour donner à leurs enfants le temps de l'acquérir. Les absences constatées sont nombreuses. Pour rémédier à ce fâcheux état de choses il suffirait de quelques avertissements de la commission scolaire établie par la loi du 28 mars 1882. Cette loi n'est point détestée, elle entrerait dans l'esprit des populations sans soulever autour de colères qu'une certains presse tend à faire ?.



État de l'instruction :

Autrefois le paysan croyait aux sorciers, aux revenants, aux sortilèges : de bonnes femmes racontaient avoir vu passer le fuif errant ; des hommes, même courageux, avaient frémi lorsque le vent faisait rage dans la forêt voisine, c'était, disaient-ils, la voix formidable du roi Arthur. Les feux-follets se dégageant du cimetière étaient pour eux des revenants. Chose triste à dire des membres du clergé entretenaient ces superstitions qui étaient pour eux une sources de bénéfices. Dix ans ne sont pas encore écoulés depuis que l'on entendait, dans une commune voisine, un jeune prêtre, âpre au gain, proclamer du haut de la chaire, l'existence d'esprits malfaisants et énumérer les diverses formes qu'ils prennent pour " tenter les hommes ".

L'école a tué toutes ces superstitions et le jeune élève d'aujourd'hui rit des folles terreurs de sa grand-mère.



Nombre de conscrits illéttrés de la dernière année ;
des conjoints qui n'ont pas su signer leurs noms
:

Le paysan a cherché à s'instruire à l'école et dans la cours d'adultes, le nombre des conscrits illettrés de la dernière année est nul, aussi celui des conjoints qui n'ont pas su signer leurs noms. Tout le monde sait lire et beaucoup de chefs de ménage savent tenir leurs comptes. On s'intéresse aux afffaires du pays, on lit avidement le bulletin des communes régulièrement affiché le dimanche à la porte de l'église, les idées modernes s'infiltrent dans la population et il y a lieu d'espérer que bientôt l'appât d'une pièce de cinq francs ne pourra influencer le vote de l'électeur même nécessiteux.



Institutions scolaires




Bibliothèque, son origine, nombre de volumes :

Une bibliothèque populaire a été créée et installée dans la nouvelle maison d'école construite en 1881 - 1882.

Elle referme 22 volumes, concédés par L. le Ministre de l'Instruction publique le 4 décembre 1882 et renfermés dans une armoire bibliothèque fournie par la commune.

Ce petit noyau d'ouvrages n'offre pas un choix de lectures assez varié s'adaptant au degré d'instruction des lecteurs et à leurs genres d'occupations, aussi le nombre de prêts ne s'est élevé qu'au nombre de 40 pendant l'année écoulée. Mieux pourvue de volumes cette institution serait un puissant moyen d'instruction et de moralisation, les lecteurs ne manqueraient pas pendant le saison d'hiver.



Caisse des écoles :

A créer - La commune n'a pas de ressources.



Caisse d'épargne scolaire :

Les élèves versent l'argent qui leur est donné à tritre de récompense par leurs parents dans la caisse d'épargne postale, ils sont titulaires de 12 livrets d'une valeur de cinquante francs.



Traitement des maîtres :

Avant la loi libérale de 1833, les maîtres n'avaient pas de traitement fixe. Ils étaient nourris par les parents des élèves et recevaient en sus six oeufs par élève et par quinzaine. Cette situation était misérable.

Sous l'empire de la loi de 1833 ils recevaient de 150 à 200 Frs de traitement fixe et cinq francs par élève qu'elle que fût la durée de sa fréquentation annuelle. Cette rétribution élevait leur traitement de 300 à 380 frs.

La loi de 1850 et les lois subséquentes ont amélioré cette situation. Le prédécesseur du titulaire actuel a vu son traitement augmenté sur placé et porté de 350 Frs à 1200 Frs.



Loyers :

Avant la construction de la maison d'école, le loyer des locaux scolaires était de 60 Frs par an. Depuis 1882, l'institution seule reçoit une indemnité de logement de 30 Frs.



Sacrifices à demander à la commune pour réaliser les améliorations nécessaires :

Pour doter les services scolaires des locaux, jardins matériel et mobiliers nécessaires, la commune devrait dépenser pour :



 

A modifier ou réaliser coût
Construction d'une école de filles
12000 Frs
Matériel de cette école
500 Frs
Achat de dux jardins
1000 Frs
Mobilier personnel de l'instituteur
600 Frs
Mobilier personnel pour l'institutrice
600 Frs
Bibliothèque de l'école de filles
100 Frs
Achat d'ouvrages pour la bibliothèque populaire créée
100 Frs
Achat de meubles pour les musées scolaires en voie de formation
60 Frs
Clôture de la cour de récréation des l'école de garçons
200 Frs
Collections de poids et des mesures pour l'enseignement du système métrique
80 Frs
Cartes géographiques murales.
60 Frs
TOTAL des dépenses
15300 Frs


L'état des finances de la commune, les impositions extraordinaires dont elle est grevée ne permettent pas d'espérer qu'elle s'imposera de tels sacrifices, lors même que l'État viendrait largment à son aide.


Jézeau le 5 Avril 1887

L'Instituteur

Lacroix






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Chacun peut apporter son aide concernant les monographies de 1887 des communes
de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées
département 65.

Entraide apportée par :
- M. David Lacroix
© Marie-Pierre MANET







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