La monographie de Haut et Bas-Nistos
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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de Marie-Pierre Manet


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1. Sommaire- Situation géographique, limites, étendue, distance au chef lieu de canton, de l'arrondissement, du département ; description physique du pays : relief du sol, montagnes, nature des roches qui les constituent ; curiosités naturelles ; richesses du sol ; cours d'eau ; leurs débits ; leurs crues ; gués, canaux, lacs.

Eaux potables :
Sources thermales et autres ; leurs débits ; leurs propriétés ; stations thermales ; leur fréquentation.

Altitude ; climat ; vents ; pluies ; température ; salubrité.



Le département des Hautes-Pyrénées est coupé par le 43 ème degré de latitude. La commune de Haut-et-Bas-Nistos, qui fait partie de ce département, arrondissement de Bagnères, canton de Saint-Laurent se trouve à environ 42 ° 50° 25 ° de latitude boréale ou septentrionale et à 1°52°30° à peu près de longitude à l'occident du méridien de Paris. Elle est bornée au Levant par Seich et par Sacoué, au Couchant par Hèches et par Sarrancolin, au Sud par Ferrère et par Ilhet et au Nord par Bize.

Sa superficie approximative est de 4225 ha 80 a 57 ca, soit 42km, 25 hm 80 dm 57 m. Sa distance au chef-lieu de canton est de 9 km ; au chef-lieu d'arrondissement, de 43 km ; au chef-lieu de département, de 52 km. Son territoire, se détachant du massif des Pyrénées, versant français, vers la plaine dans la direction, du Sud au Nord, à une longueur d'environ 8 km et une largeur de 5 km. Elle est encaissée entre 2 montagnes et acculée contre une forêt dont le point culminant Mont Aspect à une altitude de 1849 m à peu près. Les roches qui constituent ces montagnes sont généralement calcaires, moins souvent granitiques et parfois schisteuses. Son sol est accidenté, formé de petits vallons dominés par des collines et souvent des coteaux. Comme tout pays de montagnes ne peut manquer de présenter dans sa contexture des curiosités naturelles il est facile d'énumérer celles qu'offre à l'amateur la commune de Haut-et-Bas-Nistos. Au milieu du calcaire et au Levant de cette commune s'élève nu et majestueux, comme pour saluer un des premiers l'aurore matinale, le Pic de Nistos ou Pic de Picarre, haut de 668 mètres environ. Il est entouré à droite et à gauche d'autres roches qui font plaisir à voir et qui semblent lui tenir lieu de satellites. Au quartier d'Aillassa se trouve un vaste entonnoir, sec en temps ordinaire, mais souvent plein d'eau torrentielle qui descend du haut du Sausset pour former un étang considérable. Cette eau par des conduits souterrains, va sortir à une distance de près de 800 mètres au quartier de Honnère, à l'endroit désigné sous le nom de Grihous.

Au quartier des Barous, on rencontre une grotte d'où l'on extrait des stalactites et des stalagmites charmantes et plus bas un puits où les eaux pluvieuses et torrentielles vont s'engouffrer à quelques pas, le puits de Laspugue de Gerlé ; tristement célèbre, car il rappelle un crime atroce commis en 1838. Un homme assassiné, d'origine espagnole, fut dépecé au moyen d'une hache et ses membres épars jetés dans ce puits. La justice se transporta sur les lieux ; car il y avait des soupçons. A l'aide des cordes des cloches de l'église de Haut-Nistos deux jeunes gens courageux descendirent, en vue d'une récompense, dans cet antre profond de plus de 200 mètres, formant labyrinthe et en retirèrent les restes mortels de la victime. Les auteurs de ce forfait furent impitoyablement punis.

Au pied de ce puits, commence la grotte de Gerlé, côté latéral gauche du ruisseau, qui peut recevoir au besoin tout le Nistos et qui vient à 500 mètres environ vomir les eaux de ce dernier pour les besoins de l'irrigation. A un point plus élevé on rencontre la roche de Courbas, formée de deux ailes à pic, hautes de 100 mètres à peu près chacune, au bas de laquelle coule le ruisseau. Ce cours d'eau puissant jadis entre ces deux ailes, et son lit a subi progressivement une grande dépression.


Les terrains de la commune sont fertiles. Tous les farineux y réussissent dans les terres légères qui y abondent et dans les terres argileuses que l'on amende copieusement pour la production. Les fourrages naturels surtout y arrivent très bien. Il y a des carrières de marbre, des mines de fer, d'argent et de plomb qui restent inexploitées. On n'y remarque ni dolmen, ni fossiles, ni cataractes, ni cirques ni inscriptions intéressantes, soit sur cloches soit ailleurs.


Le ruisseau de Nistos descend du haut des montagnes, traverse la commune passe à Seich, Lombrès et Aventignan pour aller se jeter dans la Neste en amont du pont de Mazères.

Les affluents de droite sont :
1) Aouéradouse,
2) Arise.

Ceux de gauche sont :
1) Cuneille,
2) Oule,
3) Stéré,
4)Castenné.

Le sol de ce ruisseau est sinueux, formé de pierres granitiques et de gros galets de même nature. Tous les affluents sont produits par des sources excellentes d'un débit variant de 1 à 10 litres par minute.

Parmi ces sources il faut citer :
1) Parréou
2) Artigous
3) Hount de By
4) Bernadouse
5) Hount Nére
6) Arrous.

Dans certains quartiers éloignés du ruisseau et des sources, il y a des puits pour les besoins des familles. Le débit du Nistos est en temps ordinaire d environ 2 hectolitres par seconde. A l époque des pluies torrentielles et des fontes de neige, il grossit démesurément. Il déborde alors et dans son cours furieux, il cause sur ses rives la ruine et la désolation. Son débit est à peu près en ce moment de 30 hectolitres par seconde. Les inondations de 1875 et de 1883 en sont une preuve irrécusable. En 1875 l'eau monta à 1.5 m au-dessus de son état normal. De mémoire d'homme pareil fait ne s'était plus vu. Les habitants étaient à la fois terrifiés et consternés. Quand les crues disparaissent, le ruisseau est partout agréable à l'exception de certains réservoirs ou gouffres. Pendant les crues il ne l'est nulle part. Son eau bienfaisante est quoique claire et limpide, riche de principes fertilisants pour les prairies. Il n'y a ni canaux ni lacs. L'eau à Nistos est partout potable.


Quant aux sources thermales, il n'y en a pas de renommées, parce qu'elles sont inconnues. Leurs qualités minérales et thérapeutiques devraient être l'objet d'une analyse spéciale et provoquer l'attention des sociétés qui font exploiter nos grands établissements thermaux.

L'altitude de la commune est de 350 m environ au-dessus du niveau de la mer. Plus rapprochée de l'équateur que du pôle, au centre presque de la zone tempérée, elle a un climat doux. Si l'on en excepte la saison momentanée des neiges, il est presque aussi agréable que celui que l'on désigne sous le nom de climat girondin.

Les vents de l'ouest et les vents chauds du sud, ou vents d'autan, sont les plus fréquents. Ceux qui viennent de l'océan atlantique adoucissent et égalisent la température dont les changements souvent subits et sans transition engendrent des indispositions passagères : rhumes et autres. Abritée par les monts élevés qui la protègent contre le Nord, la commune n'a pas à supporter la bise et les vents qui glacent, desquels les habitations bien conditionnées et les feux permanents préservent seuls durant l'hiver.

Les maisons sans pourtant ressembler à des villas sont solidement bâties et convenablement aménagées en vue de la salubrité. Elles sont construites en pierre, chaux et sable, couvertes en tuiles ou en ardoises, et éloignées des lieux ou croupissent des eaux stagnantes et où séjournent les ordures et les immondices.

Les temps pluvieux sont une des conditions des pays montagneux couverts de forêts, principalement au printemps, époque où les arbres revêtent leurs feuilles, car la verdure de ces feuilles charge l'air d'humidité par excès et engendre les nuages qui déversent alors sur Nistos des pluies fréquentes souvent fines et quelquefois torrentielles, mais généralement propres à entretenir la vie et à activer la végétation. Au printemps encore viennent les brouillards dont l'action malheureuse est de verser les récoltes et de compromettre le rendement des céréales.

A Nistos la température est agréable. L'air y est sans cesse pur et sain, à l'abri des miasmes qui font naître les fièvres et les maladies pestilentielles.

Au sortir de la petite gare de St Laurent, le voyageur prend la direction sud, chemin n°20 bis de Pinas à Nistos et se rend à Nestier, où ce chemin coupe le n°:20 de Capvern au Pont de . De Nestier, il arrive à Bize, et enfin apràs avoir traversé cette commune et fait l'ascension d'une côte presque à pic, il est au col de Ségnadé, ligne divisoire entre Bize et Nistos. Là, ce voyageur est frappé d'admiration à la vue du panorama qui s'offre à ses regards. S'il n'eût été informé de Nistos, on lui aurait ménagé une surprise agréable ; car dans son imagination, dans ses rêves poétiques, il aurait cru que toute trace d'habitation allait disparaître au-delà du point culminant où il se trouve tandis que, chose étonnante, un de ces petits vallons les plus fertiles des Pyrénées, peuplé par 1609 âmes, se déroule à ses yeux extasiés, encaissé entre deux montagnes. A gauche, les hauteurs s'accumulent, les rochers rejettent toute parure de feuillages et de gramen ; à droite, des collines superposées les unes sur les autres s'élèvent en amphithéâtre; au milieu, c'est-à-dire au sud des montagnes riches de bois servent de limites au vallon et portent bien vers les nues leurs cimes couvertes de verdure où les bergers et les pâtres vont l'été garder les troupeaux et où par leurs chants innocents que répètent à l'unisson les échos d'alentour, ils rappellent l'âge d'or. Plus bas, une étroite vallée est traversée par le Nistos ruisseau qui est formé par les sources qui coulent des flancs des montagnes, et dont les eaux claires et limpides vont en serpentant se perdre dans la Neste. Enfin comme sentinelles, à des points culminants et dominant tout le reste se dressent fiers et presque menaçants des blocs erratiques, traces ineffables des cataclysmes et qui font revivre dans l'idée l'effet terrible de l'élément aqueux contre l'élément igné. Et le vallon rappelle pour sa part l'histoire de la révolution de la période glaciaire parmi les convulsions mêmes qui firent surgir les Pyrénées. Il est pour le géologue un de ces chemins que les torrents apaisés chaque année ouvrirent par des forces primordiales dans leurs marches et contre-marches à travers le calcaire et le granit.

Nous avons laissé le voyageur à la ligne qui sert de démarcation aux deux communes de Bize et de Nistos. Bon voyageur, quitte ce point culminant d'où ta vue dans un idéal tout poétique, a contemplé le tableau qui précède, et porte tes pas en avant. Achève, achève d'arriver au terme de ta course, à Nistos même.


On trouve d'abord la section de Bas-Nistos. Là, l'étranger peut séhéberger dans des hôtelleries ougrave; on lui sert le nécessaire, le confortable, et où il est toujours entouré de convenances hospitalières. Après s'être délassé et ravitaillé, il doit aller plus loin. La vallée se bifurque. Il y a un chemin d'Arise à gauche et celui de Haut-Nistos en face. Le petit vallon d'Arise est de toute beauté. A droite, conduisant à l'église de Bas-Nistos se trouve le chemin du Pleich. De quelque côté qu'il dirige ses pas, notre voyageur sera satisfait ; mais qu'il continue sa marche sur le chemin de grande communication n°20 (bis). Il arrive à Haut-Nistos, rencontrant à droite et à gauche de la route qu'il poursuit, ça et là mais assez rapprochées, des habitations, des demeures sur une étendue de 3 kilomètres au moins. Même situation, mêmes rencontres à Haut-Nistos sur une étendue de 2 kilomètres au moins.


Arrivé à Haut-Nistos au pont de Carmés, il y a une deuxième bifurcation. La section se partage en vallon de Castenné et vallon des Arrécets. Le premier est d'un aspect agréable. Décrire l'un, c'est peindre l'autre. Conduisons pourtant le voyageur à travers le second, laissant l'église à gauche, quartier de la Bernadouse.


Jusque-là, la pente a été très douce ; mais si ce voyageur veut avancer encore, le site change. Des montagnes peuplées de bois, couronnées de verdure, où l'on respire des odeurs balsamiques et où un air aux mille parfums remplit les poumons, sapos;élèvent mamelon sur mamelon, collines sur collines, et offrent un riant aspect. L'étranger, fasciné par la chose même, est poussé par une curiosité indicible. Il monte et arrive enfin au but, couvert d'une sueur qui ruisselle en perles argentées sur ses joues rougies par l'impression qu'exerce sur lui la nature même. Mais il est dédommagé largement de sa fatigue par le magique tableau qui se présente à ses regards. De là, il voit avec admiration les beautés d'une nature qui conserve sur sa face l'empreinte divine de l'artiste suprême. Sa vue embrasse soudain toute la vallée qui possède Nistos dans son sein. Là, de chétives maisons sont échelonnées sur les flancs des montagnes, entourées de bosquets dont les arbres touffus semblent rajeunir la nature ; ici, des granges foraines, à cheval quelquefois sur des lieux escarpés, font la surprise du touriste ; plus loin, formant une ceinture de verdure, des prairies qu'arrosent des sources abondantes; enfin, au milieu du vallon, un ruisseau aux eaux limpides, où se reflètent les rayons du soleil, qui ne roule pas des paillettes d'or, il est vrai, mais qui porte ses ondes de cristal au travers des prairies émaillées de fleurs, qu'entourent souvent des saules et des peupliers verts et superbes. Cependant, le soleil décline au penchant des monts ; ses traits épars à travers les arbres et les teintes verdâtres font présager la confusion des crépuscules au milieu d'une végétation assombrie. Heure délicieuse !...


Mais le voyageur doit quitter ce lieu d'observations poétiques où les voiles de la nuit vont l'envelopper. Il part, il descend d'un pas rapide, arrive à son hôtellerie, prend une bonne collation et se couche satisfait de sa journée. Le lendemain, il rentre chez lui ; il s'entoure de ses amis et leur fait le récit de ce qu'il a vu ; et sa narration tout enthousiaste le transporte dans cet éden de la veille ; dans ces terres vierges où partout éclate cette voix mystérieuse dont parle le poète, et qui, sur l'orgue de l'Univers, répète ce cri plein d'éloquence : " Il y a un Dieu ".



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2. Sommaire- Chiffre de la population d'après le recensement de 1886. Ce chiffre tend-il à diminuer ou à s'accroître ? Pour quelles causes ? Divisions en sections, hameaux, quartiers. Population approximative de chaque groupe ; nombre de feux ; organisation municipale ; fonctionnaires municipaux et autres. Comment la commune est-elle divisée pour les cultes, les finances (perception) les postes et télégraphes. Valeur du centime. Revenus ordinaires.


La population de la commune de Haut-et-Bas-Nistos, d'après le recensement de 1886, se porte au chiffre officiel de 1609 habitants. Si l'on remonte aux dénombrements établis aux différentes époques quinquennales de ce siècle, on constate une décroissance très accentuée car on comptait autrefois près de 2500 habitants. Cela résulte de deux causes distinctes. La première de ces causes est l'engouement avec lequel les émigrations ont eu lieu dans le passé. En second chef, c'est que les mariages ne donnent pas autant d'enfants que précédemment. Ce n'était pas rare de trouver anciennement 7, 8, 9 et 10 enfants issus d'un même établissement. Actuellement, si le nombre dépasse 2, 3 ou 4 c'est une fatalité. Cependant, en comparant le recensement de 1881 dans la commune de Nistos à celui de 1886, on remarque le résultat suivant :


Population en 1881 : 1591 habitants.
Population en 1886 : 1609 habitants.

Différence au profit de l'augmentation : 8 habitants.

C'est une légère consolation.



Depuis quelques jours, l'émigration vers les villes et les plaines, où la population devient de plus en plus dense, semble avoir un moment d'arrêt. C'est que loin de trouver l'existence facile dans les grands centres, il a été reconnu qu'elle était toujours pénible et généralement incertaine, faisant d'ordinaire des dupes et des déclassés. Les bras reviennent à l'agriculture grâce à ce fait, grâce aussi à l'influence de l'instruction primaire qui démontre tous les jours à nos jeunes générations que ce n'est pas la terre qui manque à l'homme, mais bien l'homme qui manque à la terre.


La commune de Haut-et-Bas-Nistos est divisée en 2 sections :

1 Bas-Nistos : 873 habitants
2 Haut-Nistos : 736 habitants.

Total égal : 1609 habitants.


La section de Bas-Nistos a un chef-lieu qui est le Bas-Nistos proprement dit, et un hameau qui a pour nom Ilhou-Sausset.

Le Bas-Nistos proprement dit ou le chef lieu se compose des quartiers suivants :

1 - Pont d'Arise et Oumpre : 120 habitants
2 - Pleich : 91 habitants.
3 - Escalarou : 41 habitants.
4 - Cap de Daout : 94 habitants.
5 - Honnère : 120 habitants.
6 - Arise : 122 habitants.

Total pour le chef-lieu : 578 habitants.



Le hameau d'Ilhou-Sausset comprend :

1 - Ilhou : 94 habitants.
2 - Sausset : 101 habitants.
3 - Aillassa : 100 habitants.

Total pour le hameau : 295 habitants.


Total égal pour la section de Bas-Nistos : 873 habitants


La section de Haut-Nistos se compose à son tour d'un chef-lieu, le Haut-Nistos et d'un hameau, celui de Gerlé.


Le Haut-Nistos ou chef lieu comprend les quartiers suivants :

1 - Gaillarde : 87 habitants.
2 - Bernadouse : 57 habitants.
3 - Castenné : 88 habitants.
4 - Arrous : 66 habitants.
5 - Arrécets : 91 habitants.

Total pour le chef-lieu : 389 habitants.



Le hameau de Gerlé est formé des quartiers ci-après :

1 - Gerlé : 44 habitants.
2 - Soubaquet et Barous : 145 habitants.
3 - Bourgui : 67 habitants.
4 - Arévas : 19 habitants.
5 - Pé-de-Coste : 49 habitants.
6 - Sarranét : 23 habitants.

Total pour le hameau de Gerlé : 347 habitants.

Total pour la section de Haut-Nistos : 736 habitants.


Total égal pour la commune de Haut-et-Bas-Nistos : 1609 habitants.



La commune de Haut-et-Bas-Nistos renferme 361 maisons, savoir :

1 - Bas-Nistos : 198 maisons
2 - Haut-Nistos : 163 maisons.

Total égal : 361 maisons.


Cette commune a 389 ménages ou feux, savoir :

1 - Bas-Nistos : 203 feux.
2 - Haut-Nistos : 186 feux.

Total égal : 389 feux.



Le corps municipal de Nistos se compose :
- du conseil municipal, du Maire et d'un Adjoint.
- Il y a 16 membres au conseil municipal.

La commune est partagée pour les élections municipales en 2 sections.
Les électeurs de Bas-Nistos nomment 9 membres et votent à Bas-Nistos.
Les électeurs de Haut-Nistos élisent 7 membres et votent à Haut-Nistos.

Les 16 membres se réunissent ensuite pour nommer le Maire ; et comme le Bas a la majorité ; 9 contre 7, ce magistrat est toujours acquis à cette section.

L'adjoint est le plus souvent à Haut-Nistos. Cependant actuellement il est à Bas-Nistos. Il résulte de ces faits que des tiraillements regrettables existent continuellement entre les deux sections. Or, ces tiraillements ne cesseront que le jour où chacune d'elles sera érigée en commune distincte.


Voici les noms des Maires qui se sont succédés à, Nistos depuis que cette localité forme une commune : MM.

1 - Marc
2 - Campan Soubaquet
3 - Rey André
4 - Seube Pierre
5 - Rey André
6 - Rumeau Jean
7 - Maupomé Dominique
8 - Forasté Pierre
9 - Campan André
10- Pujolle Pierre
11- Campan André
12- Maupomé Jean Sauveur Maire actuel.


Les seuls fonctionnaires municipaux sont le Garde-champêtre et le Valet commun.

Les autres fonctionnaires sont :

1 - les instituteurs communaux et les institutrices communales ;
2 - un facteur de relai ;
3 - les deux gardes forestiers.


Il y avait naguère à Nistos deux bureaux de tabac : un bureau à Haut-Nistos et un autre à Bas-Nistos. En ce moment il n'y en a qu'un.


Le culte catholique est le seul professé dans la commune qui est divisée en deux paroisses distinctes érigées en succursales. Dans chaque paroisse, il y a une église et un cimetière. Le Bas-Nistos est desservi par un prêtre assisté d'un vicaire. A la tête du Haut-Nistos se trouve un desservant unique.


Pour les finances, la commune de Haut-et-Bas-Nistos fait partie de la réunion où perception de Nestier, et pour les postes et télégraphes ; elle relève du bureau de Saint-Laurent. Il y a deux boîtes aux lettres : l'une à Bas-Nistos, maison Rumeau Loulet ; l'autre à l'église de Haut-Nistos. Le facteur de relais prend les correspondances tous les matins à Seich, point de jonction, des mains de son collègue attaché à la poste de Saint-Laurent, dessert Seich, plusieurs maisons isolées appartenant à Bize, Montégut, Générest, Sacoué et tout Nistos. C'est l'agent postal le plus peiné du canton, soit comme distance kilométrique à parcourir, soit en raison du pays accidenté qu'il doit journellement traverser. Le service exigerait un deuxième facteur ou un bureau auxiliaire avec un receveur ou receveuse à Nistos même.



La valeur du centime est :

- 1 Propriétés non bâties . 0.12836
- 2 Propriétés bâties etc .0.12837
- 1 3 Centime le franc de la contribution mobilière 0.80288




Le produit du centime est 32f,17c. Le revenu annuel sur centime est 308f.


Les revenus ordinaires de la commune s'élèvent à 690 dont le détail suit :

1 - Recettes diverses : 235f,62
2 - Taxe sur les chiens : 63f.
3 - Intérêt de fonds placés au Trésor Public : 21f,38
4 - Ferme des fraises dans la forêt communale : 170f.
5 - Taxes affouagères : 200f.

Total égal : 690f


Malgré, ces revenus, Nistos est obligé, de s'imposer extraordinairement pour des dépenses ordinaires.

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3. Sommaire- Productions : quantités ; culture principale ; procédés de culture ; bois et forêts ; essences ; reboisement ; produits des forêts ; régime forestier ; vignes ; phylloxera; date de son apparition ; étendue de ses ravages ; animaux ; troupeaux divers ; chasse et pêche.

Produits de toute nature : mines et carrières exploitées ou à exploiter ; usines, moulins, manufactures, etc. Voies de communications : routes, ponts, époques de leur construction.

Voies ferrées et autres moyens de transport ; moyens de communication avec les chefs-lieux de canton, d'arrondissement, du département ; voitures publiques, diligences, etc ; commerce local ; mouvement des échanges, foires et marchés. Mesures locales encore en usage.


Il a été précédemment dit que la superficie approximative de la commune de Haut-et-Bas-Nistos est de 4251 hectares 80 ares 57 centiares.

Cette superficie se décompose comme suit :

1 - Terres labourables : 963 hectares 62 ares 87 ca
2 - Près : 1000 hectares.
3 - Forêt domaniale : 532 hectares 82 ares.
4 - Pelouses domaniales : 60 hectares.
5 - Forêt communale soumise au régime forestier : 232 hectares 26 ares.
6 - Pelouses communales soumises au régime forestier : 35 hectares.
7 - Bois et montagnes appartenant à une société syndicale : 1257 hectares 23 ares
8 - Pelouses syndicales : 89 hectares.
9 - Bois communaux non soumis au régime forestier : 16 hectares
10 - Contenance des propriétés bâties : 20 hectares
11 - Chemins : 37 hectares 20 ares 70 ca
12 - Ruisseau : 8 hectares 66 ares

Total égal : 4251 hectares 80 ares 57 ca


Terres labourables : (963 hectares,62 ares,87 centiares).

Les 963 hectares, 62 ares, 87 centiares de terres labourables produisent du blé d'hiver, du blé de printemps, du méteil, du seigle, de l'orge, de l'avoine, du maïs, du sarrasin, des pommes de terre, des fèves, du sainfoin, du trèfle, du lin, du chanvre et des raves dans les proportions indiquées au tableau suivant.



Tableau indiquant les quantités de production des terres labourables.


 

Productions Quantités de graines en hectolitres : Quantité de paille et de filasse en quintaux métriques :
Blé d'hiver
2000
8000
Blé de printemps
50
200
Méteil
800
3200
Seigle
500
2500
Orge
50
120
Avoine
100
300
Maïs
420
2520
Sarrasin
800
1600
Pommes de terre
20000
.
Haricots
50
.
Pois
10
.
Fèves
20
.
Sainfoin
8
40
Trèfle
40
120
Lin
50
150
Chanvre
6
12
Raves
.20
.
Total général
2409.2
18642


C'est aussi sur cette contenance que sont pris les jardins potagers, fruitiers et d'agrément, terrains clos et avoisinant toujours les maisons. Les produits sont les choux, les carottes, l'ail, l'oignon, etc, les poires, les prunes, les pêches, les groseilles, les coings pour faire des confitures, etc, les roses, les violettes.


La culture principale, celle qui se fait le plus en grand, est celle du blé et des pommes de terre.


Les procédés de culture sont les labours profonds au moyen de la charrue, de la pioche ou de la bêche. On enfouit ensuite le fumier, auquel, par une bonne disposition, on a su conserver les qualités fertilisantes, par un labour moins profond à l'aide de ces mêmes instruments aratoires. On attelle à la charrue des bœufs ou des vaches. On sème les céréales à la volée et à plat sur le terrain préalablement préparé, puis on recouvre légèrement avec la charrue. On creuse ensuite des fossés d'écoulement pour l'assainissement des champs.


La jachère pure, mue ou morte, qui prive le propriétaire de sa récolte pendant un an sur trois, n'est pas usitée à Haut-et-Bas-Nistos. Elle est remplacée par la jachère cultivée. Ainsi, cette année on sème le blé sur un champ ; l'année prochaine, on cultive sur ce même champ la pomme de terre ou le maïs. Par suite des sarclages, des binages et des buttages qu exigent ces dernières plantes, on ameublit le sol et on le nettoie des mauvaises herbes et des plantes adventices autant que par les meilleurs labours de jachère. Les principes productifs de ces deux racines n'étant pas les mêmes que ceux absorbés par le blé, il s'ensuit que par cette alternance la terre trouve sous la culture d'une année ce qu'elle a perdu les années précédentes sous une autre culture et possède ainsi à peu près les mêmes éléments de production pour les récoltes subséquentes, l'ordre des semences étant toujours le même. Elle a, de plus, sous l'action d'un tel assolement, l'avantage de produire sans jamais se reposer.


Le transport des fumiers se fait sur les terrains plans avec le char ou le tombereau, et sur les terrains inclinés à dos d'âne, ce précieux auxiliaire de l'homme dans les pays trop accidentés.


On sème le blé partout où il peut réussir. Les autres céréales sont réservées pour les terrains qui sont peu riches et mal exposés.


Les pommes de terre, ce pain du pauvre, sont semées ou plantées en sillon. On sarcle toujours avant de les butter, soit à l'aide de l'extracteur, soit au moyen de le bêche.


Toutes les autres cultures énumérées au tableau précité se sèment au moyen des procédés ordinaires et aux époques généralement choisies dans la région des montagnes.


Les locaux en friche ont été défoncés, les racines extirpées, les pierres gênant aux labours enlevées. Ces locaux ont été convertis en champs fertiles, qui, chaque année, produisent une récolte luxuriante. Les terrains en pente ont été améliorés par des murs de soutènement qui les préservent des éboulements occasionnés souvent par des pluies torrentielles. Dans les lieux trop inclinés, où les labours verticaux sont impossibles, et où la charrue fonctionnant dans le sens horizontal fait toujours descendre la terre, on remonte celle-ci avant de semer, à l'extrémité supérieure, à l'aide de tombereaux ou de traîneaux en suivant une ligne brisée ; c'est ce que vulgairement on appelle ici " terrer ". Cette opération est considérée à Haut-Nistos comme très importante. Nulle part aujourd'hui on ne trouve un coin du sol à l'état stérile, non soumis à l'action du cultivateur. On travaille tout, même ces langues de terre qu'on rencontre dans les anfractuosités des roches ou dans les cavités les plus désertes. Au lieu d'offrir à l'œil le triste tableau d'une nature couverte d'arbustes, de troncs et de bruyères, le vallon de Nistos, transformé par le cultivateur en un vaste jardin se pare annuellement de riches moissons.

Des prés - (1000 hectares)


Tableau indiquant les quantités de production des prés de Nistos :

 

Productions
Quantités en quintaux métriques :
Foin - 1ère coupe des prés
80.000
Foin - 2ème coupe des prés
27.000
Total
107.000


Le proverbe allemand dit : " Qui a du foin a du pain. " parce que sans foin pas de bétail ; sans le bétail pas de fumier, et sans le fumier pas de récolte. Cette vérité est ici bien comprise et son importance produit d'heureux résultats. Des lieux où la fougère, les ronces, les épines et les orties poussaient à profusion ont été, convertis par la main de l'homme en riantes prairies, aujourd'hui ravissant les yeux et qu émaillent mille fleurs aux parfums agréables et délicieux. Où le sol était marécageux et où les joncs attestaient la stérilité et la misère, des drains sont placés et rendent ces endroits sains et propres à une belle végétation. L'eau des sources et notamment celle du ruisseau le Nistos, sur les deux rives duquel s'échelonnent de vastes et vertes prairies, servent à l'irrigation. Et cette eau, douce et bienfaisante, porte l'abondance à travers toutes ces prairies, où elle semble se jouer par ses mouvements irréguliers et bizarres. Quand les prés ne peuvent pas être arrosés, on les soumet à une copieuse fumure les foins arrivent alors très bien. C'est dans ce genre de terrains que sont plantés les vergers. On ramasse à Nistos 1.600 hectolitres environ de pommes. Une partie de ces pommes sert à la consommation ; une autre à la vente; enfin la troisième est convertie en cidre, boisson commune faute de vin. Les noyers produisent à peu près 30 hectolitres de fruits que l'on mange, que l'on vend et dont on fait faire de l'huile.

On récolte à Nistos 50 hectolitres de poires environ. Elles servent à la nourriture de l'homme, à la vente et à faire du poiré.

Les prairies de Haut-et-Bas-Nistos donnent deux récoltes par an et sont renommées dans le pays par leurs fourrages abondants et savoureux. Ordinairement, elles sont bordées d'arbres dont le cultivateur tire bon parti, soit comme bois de menuiserie, soit comme bois de construction : tantôt des peupliers magnifiques, tantôt des cerisiers, des chênes, des frênes, des noyers etc. Et si quelque coin de terre s'était obstiné à faire preuve d'ingratitude en matière de prairie, on le voit planté de châtaigniers ; or le châtaignier est recherché comme bois de valeur, et les châtaignes servent au propriétaire comme aliment à lui quelquefois, et toujours comme engrais pour les cochons de ses étables. On en ramasse 80 hectolitres environ dans la commune.

On fauche les prés au moyen de la faux. On fait sécher en remuant à l'aide de la fourche et du râteau. On remise le foin dans des granges disposées à ces fins, soit avec le char, soit avec le traîneau et quelquefois à dos d'homme. Quand il y a excédant, on fait des meules en plein air.


Forêt domaniale - (53 hectares 32 ares)

La forêt domaniale est aujourd hui boisée et couverte d'arbres magnifiques. Les hêtres, les chênes et les sapins forment l'essence de cette forêt. Ces derniers aux cimes noires et superbes, portent leurs têtes altières au-dessus des autres arbres et forment un contraste ravissant. Soumise à la surveillance active et intelligente de deux gardes, elle est devenue belle et prospère. Ça et là, de distance en distance, dans certaines éclaircies, elle conserve dans son sein des aliments propres à la nourriture du bétail. Le parcours de cette forêt est ouvert par périodes quinquennales non interrompues jusqu'ici, sur la demande de la municipalité, dans tous les quartiers non prohibés. Une coupe affouagère est délivrée tous les ans à la commune dans cette forêt. Le pacage et cette coupe forment tout le revenu qu'elle donne.

L'administration a fait procéder au reboisement de certains quartiers. Elle a rendu ainsi un service éminent aux habitants ; car outre la richesse que cette forêt sauvegarde, elle préserve des éboulements du sol, des chutes des rocs, des pierres, des cailloux et atténue les inondations dont les effets sont terribles et funestes pour les couches inférieures. On trouve dans cette forêt le col de Bas pour passer de Nistos à Ilhet.


Des pelouses de l'État - (60 hectares)

Les usagers de Nistos peuvent aux mêmes conditions que dans la forêt qui précède, introduire leurs troupeaux dans les pelouses de l'État. C'est pour eux un moyen efficace de conserver le bétail pendant l'été, et, par suite, de l'hiverner dans les étables, où le fumier abonde.


Forêt communale soumise au régime forestier - (232 hectares 26 ares)

Les bois communaux sont très avenants, et demeurent l'objet de bien des soins. Des coupes extraordinaires, pour la restauration des églises, ont été vendues au bénéfice de la commune. De plus, une coupe affouagère, moyennant des taxes au profit de la caisse municipale, est accordée chaque année aux habitants. L'essence de cette forêt consiste en hêtres, chênes, buis et arbustes divers. Là aussi se trouvent des facultés de dépaissance que les intéressés acquièrent aux mêmes conditions que ceux existant dans la forêt domaniale. C'est un précieux avantage pour l'élève du bétail. Pour passer de Nistos à Sarrancolin, il y a dans cette forêt le col de Stivère.


Pelouses communales - (35 hectares)

Encore un moyen nouveau de pâturage pour le printemps, l'été et l'automne, qui permet aux propriétaires de Nistos de conserver à la fin de l'hiver un bétail plus nombreux. Ce bétail sous la garde de pâtres exprès est ramené tous les soirs aux écuries où il fait un engrais nécessité par les cultures d'automne.


Bois et montagnes appartenant à une Société syndicale - (1257 hectares 23 ares)

Une société de copropriétaires, composée de 322 chefs de famille de Nistos même, c'est-à-dire de presque tous les feux allumants, a acheté par indivis à Mme Lasvignes, héritière d'un ancien seigneur, une vaste et belle forêt faisant partie du territoire de la commune. Les intérêts de cette société sont gérés par un syndic et un conseil syndical rééligible tous les ans au scrutin secret. Le conseil élu nomme le syndic pour la durée de son mandat. Cette forêt, non soumise au régime conservateur, est un trésor pour Nistos. Elle est surveillée par deux gardes particuliers. Outre le bois de chauffage et de construction qu'elle fournit, qui vient chaque année suppléer à l'insuffisance de celui que donnent les coupes affouagères des forêts communale et domaniale, elle est de toute importance pour le bétail. Entièrement ouverte au parcours moyennant une légère taxe au bénéfice de la Société, elle permet aux habitants d'avoir constamment les écuries ou étables bien garnies, et de beaux et excellents tas de fumier qui font la richesse des terres arables et ses prairies privées des moyens d'irrigation.

Dans cette forêt, il y a plusieurs quartiers complètement nus. Il serait à désirer que l'autorité syndicale comprit enfin qu'il est de l'intérêt général de procéder au reboisement de ces quartiers à bref délai. Il y a le col de l'Artigue pour passer de Nistos à Ferrère.


Pelouses syndicales - (80 hectares)

C'est ici le cas de dire : Voilà qui est beau !! Les forêts et montagnes syndicales de Nistos sont couronnées de vastes pelouses. Tous les ans, vers les premiers jours de juin, des propriétaires s'organisent en compagnies de 6, 8 ou 10, afferment les pelouses au profit de la Société (12.000f l'an en moyenne) des coacquéreurs dont ils font eux-mêmes partie, réunissent tout le bétail de la commune que les cultivateurs ne peuvent nourrir l'été dans leurs étables ni dans leurs biens respectifs, en baccades , et vont les parquer au milieu de ces pelouses, partagées par l'autorité syndicale en autant de portions qu'il y a de compagnies. Le chef de chaque compagnie est vulgairement désigné sous le nom de Majoral.

Chaque portion de pelouse s'appelle Cortail. Il y a ordinairement quatre cortaux :

1 - Pla-de-Tignas ;

2 - Mailluquet ;

3 - Orces ;

4 - Cap-Nestés.

Dans chaque cortail est improvisée une cabane couverte de gazon qui sert d'habitation au Majoral et aux pâtres sous ses ordres. Les troupeaux sont parqués et retenus au moyen de claies solides et assujetties par des pieux, tantât dans un coin, tantôt dans l'autre du cortail. Chaque matin et chaque soir on trait le lait, et de ce lait on fait un fromage exquis, mais qui n'est pas renommé parce qu'il se consomme à Nistos même, ou dans les communes du canton. Spectacle fait pour ravir l'esprit et émouvoir le cœur !

Ici de chaque cabane, partent des voix qui jettent dans les airs la mélodie d'une chanson, souvent patriotique mais toujours honnête, là, les bergers réunis font des accords qui charment l'oreille et qui transportent d'allégresse et de bonheur ; ailleurs, les troupeaux qui broutent l'herbe et le tintement peu accentué de leurs sonnettes ; plus loin le bêlement des brebis et l'aboiement des chiens. Et le soir, quand l'heure du parcage arrive, on n'entend que des cris de ralliement, des carillons produits par les mille et une petites cloches suspendues aux cous des moutons, et mises en mouvement par la marche confuse et rapide du troupeau. Les nuits, tout est calme : à peine quelque léger bruit de sonnette, quelque aboiement de chien ou quelque cri de hibou viennent troubler l'harmonie qui règne dans ces lieux faits pour plaire. Ces nuits y sont sereines comme celles de l'Adriatique, le ciel bleu comme celui de Naples, et l'air doux comme celui de Nice.

Les brebis et les moutons s'y comptent par centaines de mille. Et, à la fin d'août, après que l'herbe a disparu sous leur tonte, après que les pelouses ont été engraissées par leurs déjections, et préparées par ce seul fait pour la végétation nouvelle, les compagnies quittent ces lieux où l'innocence et la vertu ont leur demeure, et remettent à chaque propriétaire le dépôt qui leur avait été confié. Et ces engrais des montagnes qui sont sur le penchant des collines sont ordinairement enlevés par la fonte des neiges où les pluies abondantes, et transportées par le ruisseau vers les prairies inférieures dont ils font la richesse.


Bois communaux non soumis au régime forestier - (16 hectares)

Ces terrains sont rocailleux en général. Les noisetiers et divers autres arbustes y poussent. Pas d'arbres qui promettent pour l'avenir. C'est un lieu spécialement réservé pour le pacage des chèvres, en assez grand nombre dans la commune.

Les produits des forêts sont donc les bois de construction, de chauffage, le charbon et le revenu des taxes affouagères. Nous pouvons ajouter à cela les fraises, les framboises, les bluets, la gentiane et les champignons qui sont autant d'éléments mercantiles de la localité à diverses saisons de l'année.

Nous ne dirons rien de la flore de Nistos, si ce n'est qu'elle est riche en produits divers. On trouve la réglisse dans les gras pâturages de la commune, ce qui donne au lait des animaux une valeur considérable. Nous avons à peine parlé du charbon. On en confectionne en quantité dans la forêt syndicale, sous la condition de payer une redevance à la Société représentée dans ce cas par son Trésorier. On est libre d'aller le vendre ensuite. On le porte à l'aide de chars et d'ânes, soit dans les villages des plaines de la Neste et de la Garonne, soit au marché de Montréjeau.

Il y a, en outre, du bois dans certaines exploitations rurales, surtout dans celles qui confinent aux forêts. Les propriétaires vont le vendre pour les besoins de l'industrie, par chars ou par ânées hors de la commune.

Le régime forestier conserve et administre les forêts dans l'intérêt communal. En les comparant avec celles non soumises, on comprend aisément de quel côté est l'avantage.


Contenance des propriétés bâties - (20 hectares)

Ces propriétés sont dans la voie du progrès. Les constructions ont été bien améliorées, soit par une restauration plus ou moins complète soit par des modifications hygiéniques.


Chemins - (37 hectares 20 ares 70 ca)

Le réseau vicinal est loin d'être arrivé à ce degré de perfection vers lequel tendent les efforts de l'administration, des communes et des particuliers, et que réclament impérieusement les besoins agricoles et ceux de communication. Ce réseau est très vaste. Il faut de la bonne volonté, encore de la bonne volonté, et toujours de la bonne volonté. De larges subventions ont été accordées à la commune. Cependant les chemins sont inachevés, surtout à Haut-Nistos, où ils sont encore impraticables.


Ruisseau - (8 hectares 66 ares)

Le ruisseau de Nistos n'est pas encaissé par des murs assez solides. Il déborde lors des crues, ensable les prés sur ses bords, les corrode même et détruit le chemin partout où il lui est latéral. Il y a des travaux d'endiguement à faire, travaux qui ne doivent pas échapper à la vigilance des particuliers et à la sollicitude de l'administration des ponts et chaussées.


La vigne n'est cultivée à Haut-et-Bas-Nistos que sur une bien petite échelle. On remarque pourtant quelques plantations, dans les jardins surtout. Au reste, depuis plusieurs années elles ne produisent que fort médiocrement, ce qui décourage le cultivateur. Cependant le phylloxéra n'a pas fait encore son apparition dans la localité.


Les animaux et les troupeaux divers de la commune de Haut-et-Bas-Nistos figurent au tableau suivant.


Tableau des animaux et des troupeaux de la commune de Nistos

 

Boeufs
Vaches
Génisses
Veaux et taureaux
Chèvres
Poules et poulets
Canards
Oies
Moutons
Brebis
10
1.000
1.600
300
250
1.800
120
50
1.000
5.000

 

Agneaux
Porcs
Chiens
Ânes
Ânesses
Mules
Mulets
Chevaux
Juments
4.000
400
70
200
100
5
10
4
12


Espèce bovine. La race de Barousse (Hautes-Pyrénées) existe à Haut-et-Bas-Nistos. Le cultivateur soigne et élève le bétail avec goût et intelligence, et l'entoure d'une grande protection.


Espèce ovine. - Les troupeaux transhumants sont en petit nombre à Haut-et-Bas-Nistos ; mais ceux non transhumants abondent. C'est la race du pays qu'on élève. Les beaux béliers sont appréciés pour la reproduction. Chèvres, chevaux, ânes et mulets. Les chèvres sont nombreuses dans cette localité. Il n y a à Nistos que quelques chevaux et juments de trait. A peine y trouve-t-on une ou deux juments pour la reproduction. Les bêtes de somme y sont en grand nombre. Le cultivateur en tire bon parti, les utilise pour le transport des engrais, et aussi pour celui des produits agricoles.


Espèce porcine .- Dans chaque famille il y a un ou plusieurs de ces animaux. Il se trouve dans la commune plusieurs truies suitées ou pleines.


Oiseaux de Basse-cour.- L'espèce galline rare, race pure du pays, est en vogue à Nistos. Le poulailler est apprécié à sa juste valeur. Il n'y a ni dindons ni pintades. On nourrit des oies et des canards.


L'apiculture a aussi son importance dans la localité qui nous occupe. L'abeille, cet hôte qui nous vient des vastes forêts de la Pologne, est considérée comme riche en rendements : le miel et la cire sont très estimés. Les ruches sont installées à côté de terrains couverts de fleurs pour que le butinage puisse se faire. Elles sont bien aménagées pour résister à l'hiver.


Le pigeon est élevé par plusieurs propriétaires, ainsi que le lapin domestique.


La commune de Haut-et-Bas-Nistos ne forme pas un pays giboyeux pour la bonne raison que l'art cynégétique est exercé par de nombreux braconniers, tous intrépides Nemrods, qui ont tout ou presque tout détruit. Sans leur action illicite, il y aurait des coqs de bruyère, des bécasses, des lièvres, etc. Ces braconniers échappent facilement aux agents de l'autorité, parce qu'on ne peut guère les poursuivre à cause des inégalités du sol. Cependant, ces agents doivent redoubler de vigilance. De loin en loin, ils verbalisent, et le tribunal correctionnel de Bagnères se montre très sévère dans l'application de la loi ; mais ce n'est pas assez souvent. Il n'y a que deux ou trois permis de chasse à Nistos.


Les animaux sauvages de la localité, sont : le renard, le blaireau, la fouine, la martre, etc. Il n'y a plus de loups dans les forêts de Nistos. Néanmoins, on y a tué un ours il y a deux ans.


Le chardonneret, le merle, le rossignol, etc, etc, honorent la localité de leur présence et la rendent délicieuse par leurs chants agréables. L'aigle, le vautour, le corbeau, le hibou, etc, sont les hôtes de la nuit.


Le ruisseau de Nistos convient à la truite seulement. Ce poisson est renommé à juste titre pour sa finesse et pour son goùt excellent. Mais la pêche n'y est pas réglée. C'est un malheur qu'il ne soit pas affermé. La ligne, l'épervier et souvent les empoisonnements le dépeuplent. Ce n'est que grâce aux grands gouffres que des sujets se conservent pour la reproduction et que le poisson ne disparaît pas totalement. L'administration a là quelque chose à faire.


En 1869, une mine de plomb et d'argent était exploitée à Nistos, quartier d'Arise, et une autre dans les montagnes, quartier de la Lère. On trouvait des filons donnant grand espoir. Un ingénieur des mines, en résidence dans la commune, dirigeait les ouvriers. On travaillait aussi à la même époque dans une carrière de marbre, quartier montagneux de Moumouch. Les échantillons paraissaient beaux. La société qui s'était formée à ce sujet se sépara faute de fonds, dit-on, et ces mines et carrière sont aujourd'hui inexploitées. Pourquoi une nouvelle société ne s'organise-t-elle pas pour continuer les travaux et forcer la terre à nous livrer les riches minerais qu'elle recèle indubitablement dans son sein ?


Il y a 10 moulins sur le ruisseau de Nistos, et 6 scieries à bois à une lame. C'est plus qu'il n'en faut pour les besoins de la commune ; car ils chôment souvent. Il n'y a ni usine proprement dite ni manufacture. On y trouve 4 batteuses à eau et 6 à manège.


Les voies de communication sont :

1 - Le chemin de grande communication n°20 bis, qui traverse Nistos, venant de Pinas par Nestier et par Bize ;

2 - le chemin d'intérêt commun n°33 d' Aventignan à Nistos par Lombrès et par Seich ;

3 - le chemin vicinal du d'Arise ;

4 - le chemin vicinal du Cap de Daout ;

5 - le chemin vicinal du Pleich ;

6 - le chemin vicinal du Sausset;

7 - le chemin vicinal d'Ilhou ;

8 - le chemin vicinal de l'Ompre ;

9 - le chemin vicinal de Castenné ;

10 - le chemin vicinal du Pont de Carmés chez Jouannot ;

11 - le chemin vicinal de Soubaquet ;

12 - divers chemins ruraux.


Il y a 11 ponts sur le ruisseau de Nistos, en pierre ou en bois. A l'exception de 4 ; tous furent emportés par l'inondation de 1875. Ils ont été reconstruits depuis. En cette terrible année de 1875, il y eut aussi 6 maisons détruites par le débordement de ce ruisseau. Toutes ces catastrophes sont de bien pénible mémoire. Le pont de Chichou fut refait en 1870 et celui de Carrère en 1886. les chemins sont tous de dates anciennes, sauf quelques rectifications et élargissement.


La voie ferrée ne passe pas à Nistos. Le moyen de communication avec le chef-lieu du canton est le n°20 bis. Pour arriver aux chefs-lieux d'arrondissement et de département, on se rend à la gare de St Laurent en suivant le chemin n°20 bis. Il n'y a pas de chemin de fer direct pour Bagnères, chef-lieu d'arrondissement. Pour s'y rendre, il faut passer par Tarbes, chef-lieu de département, décrivant ainsi un angle presque droit, dont la base doit être la ligne qui joint Nistos à Tarbes, et le sommet Bagnères. C'est une perte de temps regrettable. A pied ou en voiture, on peut arriver au chef-lieu d'arrondissement en passant par la route directe qui traverse Labarthe, Capvern, Mauvezin et Escaladieu ; mais cette voie est hérissée de côtes. Il n'y a à Nistos ni voitures publiques ni diligences.


Le commerce local consiste en vente de bois, de charbon, de lait, de fromage, etc, d'œufs, etc, et de bétail. Cette dernière industrie est celle qui fait affluer le plus d'argent dans la commune. Il faut pourtant constater qu'en ce moment la baisse du bétail produit un malaise général. Tout le monde fait des vœux pour que la hausse reparaisse sur nos marchés.


Les échanges ne se font pas à Nistos même ; Il faut pour cela aller aux marchés voisins. Là on vend et on achète.


Il n y a ni foires ni marchés dans la commune. Les marchés et les foires pour Nistos sont :

1 - Montréjeau et Saint-Bertrand (Haute Garonne) ;

2 - Saint-Laurent, Lannemezan, Arreau et Sarrancolin (Hautes Pyrénées).


Les mesures locales encore en usage sont :

la pistole qui vaut 10f ;
l'écu qui vaut 3f.

Ainsi dire 10 pistoles c'est exprimer 100f ; dire 10 écus c'est désigner 30f.

On mesure encore avec la canne, la pugnère, le coupeau, la mesure ; on dit aussi empan, pouce, ligne, toise, journal.


Le journal vaut à Nistos 26 ares.

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4. Sommaire- Étymologie probable du nom ; histoire municipale ; traditions et légendes ; biographie sommaire des personnages célèbres nés dans la commune ; idiomes, chants. Mœurs, cultes, costumes, alimentation. Monuments. Archives communales ; documents officiels destinés à établir l'histoire de la commune ; ouvrages, monographies, écrits sur la commune ; auteurs ; éditeurs, etc.


Neste veut dire cours d'eau. Nistos vient de Neste à cause de son cours d'eau tributaire de cette rivière. C'est tout simplement un diminutif de Neste, une petite Neste. On dit Haut-Nistos pour désigner la partie la plus élevée vers la montagne, et Bas-Nistos la partie inférieure, celle qui est plus près de la plaine. De l'Haut-et-Bas-Nistos.


Anciennement Nistos formait avec Bize une seule commune. C'est en 1848, en raison de sa population et surtout de la distance qui le sépare de Bize que Nistos fut érigé en commune distincte, sous le nom de commune de Haut-et-Bas-Nistos. Depuis cette date il y a eu à Nistos une municipalité proprement dite.


Les archives de la mairie ont commencé réellement à cette époque. Il y avait bien antérieurement un adjoint spécial chargé surtout de l'état civil. C'est à peine si les documents ayant traité cette question remontent à 1772, et encore, c'est un étrange chaos, l'état civil étant tenu principalement par le clergé. Ce n'est qu'à partir de 1805, si nos investigations et nos renseignements sont exacts, qu'il est rédigé par un fonctionnaire municipal.


Il n'y a ni traditions ni légendes qui entourent l'histoire municipale de Haut-et-Bas-Nistos. Aucun personnage célèbre n'est né dans la commune.


L'idiome patois, patois gascon, est en vogue à Nistos. Comme chants, il faut citer les chansons patoises suivantes que nous reproduisons in-extenso.


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Chants patois


Le Majoral de Barousse et les envoyés du Seigneur Baquérie.


1. Pér yèzéou én horo qu én soun anats puya
At Mayouraou Larribo qu én ban trouba.


2. Pér asparts de Baquério boun bénguen trouba
Et déouté boun édéouét paga


3. Digat lou à Baquério sé moun mestré ou déou da
Era justicio quéi uberto tout dio laoubéira


4. Mayouraou dé Barousso, noun sios to régurous
Dabat la plaça d Arréou bacharont tous moutous


5. Préngaboun u ou dus, très ou couaté sé boulét
Més qué caou quéra troupo arresté én endrét


6. Qu'én y asuo u pétitot qu és bouté à gaouéqueya
Qu én ba ourbi éras clédas ta hè parti ét béstia.


7. Qu'én eï uo staquo plantado en moun Courtaou
Quéï era spado dé u brabé mayouraou

8. At purmé cot déstaquo, très ou couateacute; quén a bléssat
At segund quot dé staquo, diablé lu quén ou n y a léchat


9. Anat, anat maïnados, anat sérqua ét barbè,
Ta stuban éras plagos quèt mayouraou mous hè


10. En a balléa d Aoura, qu en y a de bèros ients,
Més bé ça ga én Barousso Mayouraou és balents.


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Les chasseurs des Arrécets (Nistos) poursuivant un sanglier blessé.


1. Es cassaïr s dés Arrecets,
Quén exerçant bien sous papès ;
En an dat uo casso,
En a boucho dét Bourgui,
Sarré s y passo,
Ben ac haran sourti.


2. Es démouraïrés bien plaçats,
Es élléouaïrés bien dispousats,
Crits è biahoro,
Crits de cada coustat,
Laourens dé coho,
Disens cou n a bléssat.


3. Méssius én cara qué layan bléssat,
Nou crégat pas qué layan én sac
At saoubat iumé
At traouès dé da haïaou,
Sembla qué humé
Et cop nou eï pas mourtaou.


4. Roubert quéi èro én purmé loc,
Quéi demourè u poc,
Quén a prés éra piado,
Dén co qué nou si bi,
En a hèt uo courso,
Crési qué séra sa fi.


5. Méssius iou mén boï ta Mourréïaou,
Hèt ana és ahès couma caou,
E illéouas douro
Qué nous sio dispaïsat,
Anan préné éra houro,
Da oun mén soï léchat.


6. Et aouté maïti quén parti caouqués gouyats,
Bien disposis bien acoutrats,
Trouessan éra boucho, drét at cot dét huron
En a rencountrat és canounyès,
Aou bè és dè Sén Bertran.


7. Messieurs dans votre permission,
Il faut céder pour la raison,
C est une bête, elle est épouvantée.
C est bien à connaître,
Qu elle a été blessée.


8. Quén y aouo u déd dé Marot,
Qué las boutè u tros en cot,
Lou grand biét d Âsé,
En pensaouas à Minia
Baillo éra barro,
Qué mous y caou cambia.


9. Jean-Francés dét Barbè
Sen puya dé pès sus ét guibiè,
Sarrés s y apresso,
Nous at dis pas tout dous,
Cous né bo émplio de hanco
Dat sous bès sabatous.


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Les Chasseurs de Nistos emportèrent le sanglier.


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Les chasseurs des Arrécets tuent l ours en 1885.



1. Es cassaïrés dés Arrécets,
En exerçant bien sous papès ,
En an dat uo casso,
At traouès dét quart d où Réï
Sét ous s y plaço,
Oun né tiraran sé iéï.


2. Aro quèm ségus dét nousté ahè,
Et ous quéï démourat at darrè,
Partim dé suito, fourmenmé dus partits,
E darè col Antiga én séram léou réunits.


3. Es illéouadous bien dispersats,
Es démouraïrés bien plaçats,
Crits è biahoro,
Crits dé cada coustat,
Béntin dé Saï dé boun oro,
Cous naga capbirat.


4. Quant ét ous sé troubè péchigat,
Drét à Tardos s en eï anat,
Nan hèt tant dé fracatié
Dat sous dus canous,
En a sinnat ét passatié
At diablé dét ous.


5. Méssius en cara qué layan bléssat,
Nou crégat pas qué laïam at sac,
At saoubatiumé,
At traouès dét ahaïou,
Sémbla qué humé,
Et cop nou e pas mourtaou


6. Bén a partit caouqués gouyats,
Et pér Malè bén soun guidats,
Oun an illéout dé suito,
Boun nan fourçat dé tout coustat,
Et malgrè ét houq dé Méniquo,
Et ous bé seï birat.


7. Bé bous at disioï queï a loungtemps,
Quém plégat maou tout bosté temps,
Séguit lou péra piado,
La où sang a coulat,
Artigaou dé boun horo
Bous naga tournéyat.


8. Arroubert pét darrè cop,
Béou na bién dat u bou cop,
Cou n'a traouessat uo aoureillo,
En ta laguéns et cap,
Nou éï pas u péchiq d abeillo
Cou naïa capbirat.


9. Messieurs en votre permission,
Écoutez tous ma raison,
C'est une bête que j'ai blessée,
Je puis vous le faire connaître,
Sans moi vous ne l'auriez point tué.


10. Jean dé Sarni ét més hourtégot,
Dap Lygorie ou sé boutè én cot,
Man prés éra routo
Cap at col dé Stiouèro,
Quén ban pré,né éra gouto,
E signalan éra noubello


11. Messieurs avant de nous quitter,
Le nom de chacun il faut donner,
En cas de récompense
Du gouvernement,
Pour payer la vaillance
De ce moment .


12. D'après éra majouritat,
Et ous en so dét curè hou dépousat,
Ta pouden da counéchenso,
At moundé qu'arribaoua détout coustat,
Béi éra présenso
Dét éous quan attrapat.


13. Aro ét ous queï bien plaçat,
Tirenné ouaouté spanparrat,
Hardits Maïnatiés,
Tirat cops dé canous,
Ta rèndé éts oumatiés
At diable dét ous.


14. Messieurs il faut nous quitter,
Chacun chez nous nous retirer,
En chassant le froid et la peine
Que nous avons enduré,
Racontant la scène
De l'ours qu'on a tué.


15. Quan era nét en arribè,
Hou énilléouat dé so dét curè,
En pousséssiou dé tout lou moundé,
En so dét adjouent l'an anat pourta,
Dé founs én coumblé,
Boun nan anat enilléoua.


16. Dus gaillards boun nan anat tira,
En so d'Arroubert boun an ant pourta,
Boutén lou darrè éra porto,
En ta qué sio bien bisitat,
E dabéra cordo
Akiéou oun an pényat.


17. D'après éra majouritat,
Et ous ara énchèraén eï anat,
On an poussat uo poso,
Década coustat,
Et sus éra bosso
Dé Bourdetto en eï saoutat.


18. Bourdetto sén eï tant chagrinat
Quét ous ou housso démourat,
Na hèt uo damando
Ta poudéou prouména
En a billo de Tarbo
At Préfèt l an ant présenta.



Nota .- Nous avons reproduit les vers tels qu on les chante, sans nous préoccuper de la rime ni de la mesure.



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Les mœurs de la commune sont généralement satisfaisantes à l'heure actuelle. On y est poli, prévenant, hospitalier, honnête, à part quelques exceptions ; car partout il y a les méchants à côté des bons. Quelqu'un dira, peut-être, qu'on rencontre à Nistos des personnes sans civilisation, encore imbues d'idées fausses, de principes superstitieux, de manières grossières, d'habitudes à dégauchir. Erreur. On n'est pas plus en retard sur les bords du Nistos que sur ceux de la Neste ? Qu'on ait à traiter d'affaires avec ces gens, qui d'ordinaire vont 4, 6 et 8 mois de l'année, pour gagner un peu d'argent, travailler dans le Gers ou ailleurs, et l'on verra ce qu'ils tiennent. Sans doute l'instruction primaire prépare une génération plus éclairée, voire même plus morale et plus civique, mais elle n'aura pas à rougir de ses ancêtres.


Il y a quelques années, c'est vrai, on croyait aux sorciers, aux devins, aux feux follets, aux loups-garous, aux revenants. Grâce aux progrès de l'enseignement, la lumière s'est fait jour, et toutes ces absurdités ne sont plus de saison.


Le culte catholique est le seul reconnu et pratiqué. Cependant les femmes ne sont pas fanatisées comme jadis. Elles n'assiègent plus le confessionnal avec cette fièvre dévote qui les couvrait d'une hypocrisie telle qu'après avoir rempli leurs devoirs religieux, elles étaient les premières à nuire à leurs semblables par tous les moyens possibles et imaginables.

Les hommes vont dignement à la messe les dimanches et fêtes ; mais ils ne sont plus les instruments inconscients du prêtre qui ne peut plus les mener selon ses caprices, prenant une part dans l'administration communale et dans la direction des ménages.


Chez les hommes, les costumes sont ordinairement modestes et à la mode du jour. Ils ne sont plus affublés de ces longues coiffes de laine blanche, ou de ces calottes rondes aux couleurs bariolées, pendant sur la joue droite avec une ou deux drageonnes. Le pantalon ordinaire a remplacé la culotte et la guêtre pyrénéennes. Tout sans trop de faste, atteste le bon goût et le progrès.

La semaine, ces hommes portent des habits usés, souvent rapiécés, mais propres. Le sabot est la chaussure de l'hiver ; Le béret ou la casquette en est la coiffure. C'est avec la toison de leurs moutons que les propriétaires font confectionner leurs habillements. Mais les démarches et les jours de fête, on est plus élégamment mis. Les jeunes gens ont des effets en draps fins, surtout en été, portent des chemises empesées, des montres à la poche de leurs gilets, avec de brillantes chaînes accrochées à la boutonnière, de belles cravates, des chapeaux, des bottes, des bottines ou des souliers bien conditionnés.

Les femmes ont abandonné les accoutrements ridicules d'autrefois. Plus de robes de bure enveloppant leurs corps ; plus de coiffures blanches et pyramidales ; plus de chaussures grossières ; plus de manteaux en forme de soutanelles. Des jupons commodes, des tabliers préservatifs, des casaques, d'élégants mantelets, des chapeaux, bonnets ou foulards, etc, etc, tel est le costume du sexe féminin.

Malheureusement, principalement chez les filles, on remarque ce luxe de la ville qui a pourtant presque envahi les campagnes. C'est trop d'une toilette aussi recherchée dans des positions modestes ; car si la propreté dans les robes et le bon ton dans les manières sont une condition dont l'absence vieillirait la femme française, tout en lui enlevant certains de ses privilèges, trop de recherches mondaines dans ses atours la placent sur un piédestal ou elle est mal jugée tout en voulant trôner au milieu de son entourage. Ce travers est à combattre dans l'intérêt des familles.


Il est pour habitude séculaire de jouer aux cartes la nuit qui précède le jour des Rois ou de l'Épiphanie. Des hommes de tout âge, qui d'ailleurs ne fréquentent pas pour la plupart les lieux publics, se rendent aux auberges dans cette circonstance. L'enjeu consiste en châtaignes, vin et café. Souvent on y est encore le lendemain matin.


La jeunesse s amuse : il n'est pas rare, le soir, de voir des groupes de garçons stationner au coin d'une rue dans un quartier, ou se promener d'un quartier à l'autre, exécutant de leurs belles voix montagnardes des chants patriotiques ou quelque romance que le chef de famille, assis à l'âtre de son foyer, entouré de sa femme et de ses enfants, entend toujours avec plaisir. Il n'en est pas de même à l'époque du tirage au sort. Des conscrits, munis de la caisse et de la timbale, parcourent nuitamment les chemins, épouvantant souvent le bétail dans les étables, troublant l'ordre et le repos public. La police municipale devrait intervenir.


Au temps de Carnaval, on organise des parties de masques. Ces masques entrent dans les maisons, cherchent à s'amuser en s'amusant eux-mêmes, ramassent quelques crêpes, des œufs, quelques morceaux de lard, de saucisson, et vont ensuite en commun se festoyer au cabaret.


Des bals pour la fête locale, pour carnaval, réunissent les filles et les garçons ; mais ces derniers professent un grand respect pour les demoiselles, de sorte qu'on ne voit presque jamais de scandale et que la morale n'est pas en souffrance.


Il y a deux auberges et cafés à Bas-Nistos et autant à Haut-Nistos. Généralement les gens fréquentent ces lieux publics et consomment du tabac là et ailleurs. Cette plaie sociale de l'époque doit être cicatrisée par tous les moyens possibles ; car outre qu'elle absorbe inutilement un argent péniblement gagné ; elle attaque et énerve les constitutions robustes, affaiblit les facultés morales et intellectuelles pour faire d'ordinaire quoi ? des dégénérés que la France repousse.


Les cartes et le billard sont les seuls jeux de la commune.


L'enjeu est toujours de la consommation. L'habitant de Haut-et-Bas-Nistos tient aux aliments sains, bien azotés et surtout propres. Le pain est la base de sa nourriture. La pomme de terre, les pois, les fèves, les haricots, les carottes, un peu de viande de porc, etc, par intervalles, de boucherie, les choux, etc, lui permettent de vivre commodément. Il fait usage du lait. Ce liquide, quand on n'en abuse pas, tient frais et dispos en raison de sa crème. Il mange du fromage et des pignes, sorte de fromage frais.


A titre de boisson, il a pour lui la bonne eau du ruisseau et des sources ; il boit aussi du cidre. Les dimanches et les fêtes seulement, il fait un effort pour avoir du vin à sa table. Une telle sobriété lui promet une grande longévité. Il n'est pas rare de voir des vieillards presque centenaires.


En fait de monuments, on ne remarque à Nistos que le château des Barous, construit au XIII ème siècle.


Les archives communales sont les archives de la mairie, telles que nous les avons énumérées dans cette esquisse. Il n'y a pas d'autres documents officiels destiné à établir l'histoire de la commune. Aucun ouvrage, aucune monographie ; aucun écrit ne viennent à notre aide.



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4. Sommaire - Histoire de l'enseignement et des écoles dans la commune aux diverses époques. Description de l'école ou des écoles publiques actuellement existantes. Plan des locaux à 1 centimètre par mètre. Dans quelle mesure les besoins sont-ils satisfaits ? Améliorations à réaliser. Fréquentation. État de l'instruction ; nombre de conscrits illettrés de la dernière année ; des conjoints qui n'ont pas su signer leurs noms. Institutions scolaires : bibliothèque, son origine, nombre des volumes, des prêts. Caisse des écoles ; caisse d'épargne scolaire. Traitements des maîtres ; loyers ; sacrifices à demander à la commune pour réaliser les améliorations nécessaires.


L'antiquité de Haut-et-Bas-Nistos ne se perd pas dans la nuit des âges. Des recherches archéologiques prouvent que son origine remonte au XIII ème siècle. C'est donc à peine si cette localité a 600 ans d'existence. La tradition fait connaître sue des frères barons, partis de Masseube (Gers) où ils s'étaient rendus suspects par leurs doctrines politiques ou par quelque grand crime, vinrent planter leurs tentes dans un coin des Pyrénées, au milieu d'un massif d'arbres, d'un fourré pais, d'une forêt vierge, formant un petit vallon encadré çà et là par des blocs erratiques, trace ineffaçable de l'antique submersion du sol, qui s'élèvent sombres, majestueux et menaçants comme un squelette de géant que les chairs ont abandonné. Là, les barons étaient à l'abri de toute investigation. Leurs familles s'y trouvaient en toute sécurité, et ils n'avaient à craindre que la dent de la bête féroce et peut-être les remous de leurs consciences.


Bientôt fût construit un château flanqué de tourelles, dont les ruines ont satisfait pendant longtemps la curiosité des patients, et qui vient, il y a 25 ans à peine, d'être restauré par plusieurs propriétaires dans le style architectural moderne. Le château se trouve dans un quartier aujourd'hui populeux, que le patois nomme Barous, ce qui est une attestation irrécusable de la noblesse de ses fondateurs. On remarque encore sur le bois d une cheminée un millésime qui prouve que ce manoir a été créé au XIII ème siècle.


On trouve beaucoup de Seube à Nistos. Cela provient de ce que les barons venaient de Masseube dont Seube est un diminutif.


Voilà donc, d'après la chronique, Nistos et sa population première. Nous voilà en plein XIII ème siècle. Petit à petit, la postérité de nos barons va se multiplier, et après 600 ans, c'est-à-dire aujourd'hui, elle va former une commune de 1609 habitants, y compris diverses familles qui sont venues à différentes époques ultérieures se mêler à la race primitive.


Les arbres furent progressivement abattus, la terre défrichée et livrée à la culture.


L'histoire de l'instruction primaire se rapportant aux premières années de Nistos est enveloppée d'un sombre chaos. Au temps où Charlemagne créait des écoles et leur donnait une impulsion nouvelle (VIII `me et IX ème siècles) la localité qui nous intéresse n'était pas sortie du néant. Nous allons siècle par siècle, écrire cette histoire, d'après la tradition d'abord, et d'après les documents ensuite.



XIII ème siècle

La chronique rapporte que les frères barons avaient pour suite leurs femmes, leurs enfants et leurs domestiques qui eux aussi étaient pères de famille. Dans les temps reculés, tout noble se faisait un honneur d'être illettré ; il était seul chevalier et homme d'armes ; il se trouvait heureux et fier de pouvoir dire :

" En ma qualité de gentilhomme je ne sais pas signer. "

Les prêtres dans leurs paroisses et les moines dans leurs monastères possédaient presque seuls l'instruction et les moyens de l'acquérir. Néanmoins les barons venus de Masseube (Gers) étaient plus ou moins savants. Ce qui le prouve, c'est le millésime rappelant l'année où ils élevèrent leur château de leurs propres mains, avec l'appui de leur entourage. Pendant tout le XIII ème siècle, l'instruction primaire se transmit à Nistos, d'après la tradition et le bon sens, de père en fils ; mais cette instruction, qu'aucun document certain ne peut nous montrer, devait être défectueuse quant au fond et quant à la forme.


XIV ème siècle

Pendant que les Arabes inventaient le papier pour remplacer le parchemin ; et que les écoles existaient dans les monastères et dans les grandes villes, Nistos se formait et se peuplait rapidement ; mais l'instruction primaire, loin de s'y développer, marchait vers la décadence. La chronique nous rapporte qu'en la transmettant de père en fils, elle s'altérait progressivement.


XV ème siècle

En créant l'imprimerie, Jean Guttemberg ouvrit une ère nouvelle à l'instruction primaire ? Dès lors les livres se multiplièrent et devinrent accessibles à tous. Le goût de la lecture et celui de se procurer des connaissances se répandirent ; des écrivains illustres, des savants se formèrent de toutes parts. Les peuples sortirent de l'ignorance comme d'un grand sommeil. Nistos comptait dès lors près de 300 ans d'existence et une certaine population ; mais aucune école ne s'ouvrait dans son sein pour lui permettre de profiter de ce réveil de l'esprit humain qu'on appelle la Renaissance.


XVI ème siècle

Si les guerres d'Italie avaient eu pour résultat de nous faire connaître les splendeurs de la civilisation italienne, et de provoquer en France le mouvement de progrès dans les lettres, dans les arts et dans les sciences, que l'on a nommé la Renaissance ; si l'imprimerie répandait à profusion les chefs-d'œuvre des auteurs anciens et de cette génération nouvelle de poètes, de savants et d'historiens ; malheureusement Nistos ne prenait aucune part à cet élan de l'esprit humain. La chronique nous fait voir le XVI ème siècle dans cette localité comme un siècle d'ignorance. L'état civil n était pas connu, et aucun document ne nous reste de cette période. L'instruction primaire n était professée par personne. Elle s'était altérée à ce point qu'elle avait cessé de se transmettre de père en fils.


XVII ème siècle

Le XVII ème siècle est le plus brillant de la littérature française. Mais la population de Nistos n'a profité ni des encouragements que le grand roi Louis XIV a accordés aux lettres et aux arts, ni de ceux que les ministres Richelieu et Mazarin ne cessèrent de donner. Confinée dans son étroit vallon, elle n'avait que des issues difficiles et n'en sortait que pour suffire à ses besoins de première nécessité. Quant à l'instruction primaire, nul, d'après la tradition, ne la professait. Aucun livre, aucun manuscrit ne nous reste de cette période. La chronique seule en parle. L'ignorance était à son comble : personne ne savait lire ni écrire.


XVIII ème siècle

Le XVIII me siècle, si agité et qui allait se terminer par des événements si tragiques, a été le siècle de la science, comme le XVII ème avait été celui des lettres et des arts.

Les pauvres habitants de Haut-et-Bas-Nistos croupissaient néanmoins dans l'ignorance la plus complète. Après 500 ans de vie, ils étaient nombreux, presque comme aujourd'hui, et pourtant il n'y avait pas, dit la chronique, un seul lettré. De la première partie de ce siècle, il ne nous reste pas d'archives. Cela s'explique par le fait que personne n'y savait lire ; n'y savait écrire. Une pareille situation eut écho dans les deux vallées voisines d'Aure et de Barousse. Nistos reçut de ces lieux divers instituteurs avant 1789. Ces instituteurs n'avaient certainement pas fait preuve d'aptitude aux fonctions qu'ils allaient remplir ; mais c'était déjà beaucoup de les posséder tels quels.

La première école qui fut ouverte à Haut-Nistos remonte à 1772 et à Bas-Nistos à 1774. Les maîtres qui s y sont succédé jusqu'à la convocation des États-Généraux (1789) sont les suivants :M. M.

 

Haut-Nistos

1 - Le Cardeur
2 - Lay
Bas-Nistos

1 - Forasté Ninou
2 - Seube Jean

Ces éducateurs de la jeunesse de Nistos ne se bornèrent pas à ouvrir une école ; ils allèrent de maison en maison pour enseigner à lire et à écrire. Tantôt ils étaient bien reçus, tantôt renvoyés. La réunion des élèves avait lieu dans une pièce toujours mal disposée, et où il n'existait que quelque mauvais banc et quelque table incommode. Les séances étaient courtes : un peu le matin et un peu le soir ; car les parents se seraient bien gardés de confier leurs enfants toute la journée à l'instituteur. Ils les voulaient avant tout pour la vie pastorale et agricole. Les premiers pas sont toujours difficiles. Aussi ces maîtres n'obtinrent pendant leur professorat que bien peu de résultats. A peine s'ils apprirent à mal lire à quelques-uns et à mal écrire à quelques autres. Leur condition était des plus précaires ; car ils ne recevaient qu'une rétribution scolaire mensuelle des pères de famille, presque dérisoire. Il est vrai, certains leur faisaient des cadeaux, tels que lin, bois, œufs, etc ; mais que pouvaient être pour eux de si minces choses quand elles étaient réduites à la plus étroite limite ? Leur vie était une vie de dénuement et de misère, et l'estime et la considération leur manquaient.


La commune ne fournissait ni maisons ni jardins ; il n'y avait ni fondations, ni legs destinés aux écoles, aux maîtres. Néanmoins, ces derniers ne se décourageaient pas ; ils poursuivaient leur but au milieu de la gêne, et souvent d'un mépris presque sauvage et ils arrivèrent ainsi en 1789. Ce que nous venons d'écrire est attesté par la tradition. Tous les autres documents font défaut, car nul traité n'existait entre les maîtres et les communes ou paroisses. Il faut remarquer, nous l'avons déjà dit, qu'il résulte des recherches les plus minutieuses, qu'on trouve dans les archives de la mairie que l'origine de l'état civil à Nistos date de 1772. Des vicaires ont commencé à tenir alors des registres de catholicité, destinés à constater les naissances, les décès et les mariages des habitants. Tel fut donné l'enseignement primaire à Nistos avant 1789, et telle était la condition des maîtres. Quant aux maîtresses, il n'y en a pas eu avant cette date, et ce ne sera que longtemps après que nous verrons des écoles de filles.



Sous la Révolution.


Sous l'Assemblée Constituante qui succéda aux États Généraux, de 1789 1791, parurent à Nistos les maîtres dont les noms suivent, et qui, se disant plus instruits et plus capables que leurs prédécesseurs, obligèrent ceux-ci à leur céder la place, à leur laisser le terrain libre: M . M.

 

Haut-Nistos

1 - Sécail
2 - Dorbessan

Bas-Nistos

1 - Forasté Carrat
2 - Forasté Augustin


La tradition seule nous parle de ces instituteurs avec plus ou moins d éloges. Nistos ne disposait de rien en leur faveur. Ils vivaient de la rétribution scolaire, très faible d'ailleurs, et de certains dons toujours rares, émanant des pères de famille : pommes de terre, bois, œufs, graisse, etc. Leur condition était celle de personnes qui n ont pas toujours le nécessaire. Il faut admettre, selon la chronique, qu'après avoir fait un peu de classe le matin, ils se livraient, tantôt chez tel propriétaire, tantôt chez tel autre, à plusieurs travaux manuels et gagnaient ainsi une partie de leur nourriture. Le soir, à l'entrée de la nuit, ils revenaient quelques moments à leurs fonctions.

L'instruction primaire sous de pareils maîtres ne pouvait pas faire un grand progrès. En 1790, on constate 7 mariages sur un registre de catholicité tenu par un vicaire, et un époux seulement pour signer son nom.



Sous l'Assemblée législative (1791-1792).


La tradition nous rapporte que les mêmes personnes qui régentaient à Nistos sous l'Assemblée constituante y donnèrent l'enseignement primaire sous l'Assemblée législative, dans les mêmes formes et dans les mêmes conditions. Ces personnes étaient : M . M.

 

Haut-Nistos

1 - Sécail
2 Dorbessan
Bas-Nistos

1 - Forasté Carrat
2 - Forasté Augustin

Sous la Convention (1792-1795).


Les mêmes maîtres exercèrent aussi à Nistos sous la Convention ; mais ils ne furent pas seuls. Ils eurent des concurrents. Voici les noms des instituteurs de cette période dans l'ordre donné par la chronique : M . M.

 

Haut-Nistos


1 - Sécail
2 - Dorbessan
3 - Brunet
4 - Viguerie

Bas-Nistos


1 - Forasté Carrat
2 - Forasté Augustin
3 - Vignaux Mengine
4 - Bourjac

La concurrence que ces instituteurs se firent entre eux et leurs pressants appels aux parents attirèrent les enfants aux écoles. L'enseignement primaire paraissait entrer dans une voie nouvelle. Mais Nistos n'assurait rien aux maîtres. Comme toujours, ils n'avaient qu'une rétribution scolaire insuffisante pour se placer à l'abri du besoin.



Sous la Terreur.


Dès lors, dit le chroniqueur, tout père de famille était obligé d'envoyer son enfant à l'école. L'enseignement était donc obligatoire. Les mêmes instituteurs que nous avons vus sous l'Assemblée nationale, sous l'Assemblée législative et sous la Convention donnaient l'instruction à Nistos sous la Terreur. Nous les répétons : M . M.

 

Haut-Nistos

1 - Sécail
2 - Dorbessan
3 - Brunet
4 - Viguerie
Bas-Nistos

1 - Forasté Carrat
2 - Forasté Augustin
3 - Vignaux Mengine
4 - Bourjac

Les écoles étaient toujours bien garnies, les maîtres gagnaient plus et leur considération grandissait. L'instruction prenait de l'importance. Dans le vallon de Nistos, au sein des Pyrénées, dans ce coin alors presque sans voie de communication, on n'était pas réputé suspect. On pouvait entendre parler de Robespierre et de sa guillotine en permanence, mais si loin, trop loin, on ne devait pas être atteint. Seulement, les instituteurs que je viens de nommer, d'après la tradition, profitèrent de ce trouble général pour semer lé pouvante dans la localité, et obliger par des menaces révolutionnaires les parents à leur confier leurs enfants. C'est dans ce moment que les exercices scolaires se terminaient toujours par le chant :

" Amour sacré de la patrie, etc, et le ça ira. "

Enfin le 9 thermidor an II, ou 27 juillet 1794, se leva sur la France, et lui ramena un peu de calme et de sécurité. Le XVIII ème si cle touchait à sa fin. L'enseignement primaire avait pris un certain essor à Nistos, mais il était loin d'avoir l'assentiment général, et n'était pas encore prisé à sa juste valeur.

N'aimant pas solidement cet enseignement, faute d'en comprendre l'importance, les pères de famille n'accordaient pas à l'instituteur la marque de respect et la considération qui doivent toujours l'entourer dans l'exercice de ses fonctions, et la localité ne s'imposait aucun de ses sacrifices sans lesquels il n'a pas un sort satisfaisant pour vivre dignement, modestement et à l'abri du besoin. C'est le XIX ème siècle qui va se charger de cela.



XIX ème siècle


Le XIX ème siècle est appelé avec raison un siècle de lumière. L'instruction primaire a été organisée sur de larges bases. Les populations sont en masse sorties de l'ignorance où elles étaient généralement retenues, et ont enfin, compris que la Société changeait de forme, et qu'on ne pouvait utilement vivre dans son sein qu en possédant la science et la morale. La science en créant ses merveilles, en faisant mouvoir sur mer à l'aide de la vapeur des vaisseaux de haut bord, en rendant la navigation prompte et en donnant de la rapidité aux moyens d'exportation et d'importation ; la science en fournissant le mouvement, avec le secours de cette même vapeur, à de lourdes locomotives qui dans un clin d'œil transportent d'un lieu à l'autre, sur nos chemins de fer, une grande suite de wagons chargés de marchandises et de voyageurs ; la science en mettant à la disposition de l'homme le fil électrique qui sillonne l'espace et avec lequel on transmet instantanément la pensée d'un centre à un autre, d'une contrée à une autre ; la science, dis-je, a fait des prodiges et a opéré une révolution qui a changé la face du monde sans en altérer la matière. La morale, sans laquelle la science serait un vain mot, a transformé la société en l'épurant, en la rendant plus honnête et plus soumise aux lois que le législateur a faites pour elle.


L'agriculture, le commerce et l'industrie ont marché de progrès en progrès, en se modifiant et en prenant de larges développements, et la richesse publique s'est accrue. Tant de bienfaits sont dus à l'instruction primaire. A l'instruction supérieure et secondaire, il est vrai, l'initiative des choses ingénieuses, la gloire des grandes découvertes ; mais à l'instruction primaire, qui s adresse aux masses, le mérite de la pratique et des expériences multiples. La localité de Haut-et-Bas-Nistos n'est pas restée étrangère à tous ces perfectionnements de la science et de la morale par l'instruction primaire. D'un côté à partir de 1800, son isolement a disparu par la création de routes qui ont permis à l'étranger de la visiter facilement et de vivre en contact avec elle. C'est de ces rapports avec les populations voisines, déjà éclairées quelque peu, qu'est parti le premier mouvement des esprits, ayant de l'efficacité. Le commerce des produits divers prit en ce moment une juste importance, et c'est par l'échange de paroles nécessitées par la réalisation d'affaires de négoce que les habitants comprirent enfin la valeur et l'utilité de l'instruction primaire.

Dès lors les écoles de Nistos furent mieux dirigées et plus régulièrement fréquentées que par le passé. Céétait, il est vrai, un enseignement libre ; mais les maîtres commencèrent à recevoir des parents une rétribution raisonnable qui leur donna du goût et stimula leur zèle. Et quoique Nistos ne fît rien pour eux, en vertu de quelque traité, cette rétribution leur assurait un moyen d'existence, et leur permettait de commencer à vivre entourés du respect et de la considération qui leur avait fait défaut jusque-là. A la vérité, les salles d&'école et les logements étaient à leurs frais ; mais ce n'était pas cher. Quant au mobilier, il se trouvait encore très incomplet.


Voici les noms des instituteurs qui ont exercé à Haut-et-Bas-Nistos de 1800 1826 : M . M.

 

Haut-Nistos

1 - Brunet (breveté)
2 - Viguerie (breveté)
Bas-Nistos

1 - Souparis (breveté)
2 - Maupomé (breveté)
3 - Rey (breveté)

Ces maîtres rendirent, eu égard aux circonstances, des services importants à la cause de l'instruction primaire. Les enfants apprirent avec eux à lire, à écrire et à compter, pas tous, mais en partie. Il faut tenir note de la manière dont ils fréquentaient l'école. L'hiver, ils étaient assez assidus ; mais 'été, ils la manquaient en général, ou bien l'instituteur, à défaut de tout règlement, avait mission des parents de faire lire et écrire les enfants et de les renvoyer aussitôt que possible, de sorte qu'ils ne passaient en classe qu'une demi-heure au plus le matin, et une autre le soir.


Néanmoins, l'état de 1820 permet de constater que sur sept mariages trois époux ont signé leurs actes, non les épouses. C'est le premier pas. L'essentiel est de ne pas s'arrêter et de marcher vers le progrès. De 1826 à 1887, l'enseignement de la jeunesse de Haut-et-Bas-Nistos (garçons) a été donné par les maîtres, dont les noms suivent : M . M.

 

Haut-Nistos

1 - Rumeau (André) libre d abord, puis communal (breveté)
2 - Rumeau (Jean-Marie) communal (breveté)
3 - Péré (Jean) communal (breveté)
4 - Rumeau (Jean-Marie) communal (breveté)
5 - Castéran (Pierre) communal (breveté)
6 - Rumeau (Dominique) communal (breveté)
Bas-Nistos

1 - Rey (Jean-Baptiste) libre d abord, puis communal (breveté)
2 - Castéran Chapelo - libre (breveté)
3 - Rumeau (Jean-Marie) - libre (breveté)
4 - Rumeau (Dominique) - communal (breveté)
5 - Castéran (Pierre) - communal (breveté)
6 - Rumeau (Daniel) - communal (breveté)
7 - Commères - communal (breveté)

Tous ces instituteurs ont été et sont capables. Ni le zèle ni le dévouement ne leur ont jamais fait défaut. Cependant, le nombre des maîtres augmentant, la concurrence devenait inévitable. De ce fait, l'école allait s'en trouver mieux ; mais la condition matérielle des Directeurs ne pouvait qu'en devenir mauvaise. En effet, le chef de classe n'ayant que la rétribution scolaire que son personnel lui assurait, devait voir diminuer cette rétribution par la présence à côté de lui de ses collègues.


Les Grands Corps de l'État comprirent enfin qu'il était du devoir du Gouvernement de placer l'instruction primaire sous sa tutelle, et de faire un sort aux instituteurs. La loi de 1833, ou loi Guizot, est venue comme témoignage de cette première marque de sollicitude. En vertu de cette loi, toute commune était alors tenue d'entretenir une école de garçons, soit sur ses propres ressources, soit à l'aide de dons, legs ou subventions. En outre, il devait être fourni à l'instituteur communal :

1 - Un local convenable disposé tant pour lui servir d'habitation que pour recevoir des élèves ;

2 - Un traitement fixe de 200f ;

3 - Le produit de la rétribution scolaire dont le taux mensuel devait être réglé par le conseil municipal, et qui devait être perçue dans les mêmes formes que les contributions publiques directes
.


Des autorités scolaires furent créées, et à partir de ce moment l'enseignement devint une carrière assurée.

Les instituteurs comprirent qu'il fallait répondre à ce témoignage de haute bienveillance par un redoublement d efforts et de zèle ; les résultats furent plus satisfaisants. L'école de Haut-Nistos fut en ce moment érigée en école communale, et plusieurs années après, celle de Bas-Nistos.


Ces deux écoles gagnèrent à cela, et les maîtres comprirent vite que leurs fonctions étaient honorables et dignes. L'instruction primaire marcha de progrès en progrès, et, passablement donnée, elle put arriver à 1850. La loi organique de 1850, heureusement réformée par des lois nouvelles, celle de 1867, le décret de 1870, celle de 1875, en assurant aux instituteurs communaux d'abord 600f, puis 700f, puis 800f, ensuite 900f en débutant comme titulaire, 1000f après 5 ans de services, 1100 après 10 ans, et 1200 après 15 ans, ont notablement amélioré le sort des maîtres. L'allocation de 100f attachée en outre au Brevet complet ; celle de 100f à la M daille d'Argent, 100f à la première portion de la Liste de Mérite et 50f à la seconde, viennent encore au secours des instituteurs que le travail et le zèle signalent à la bienveillance de l'administration. L'obligation, la gratuité, la laïcisation sont un triomphe pour la cause de l'éducation nationale.

Les adjoints ou stagiaires, sorte de noviciat, ont une position qui les place à l'abri du besoin.


Quant à la loi sur la pension des maîtres, elle offre la perspective d'une modeste vieillesse, après avoir préalablement sacrifié pour le bonheur des hommes les forces physiques, morales et intellectuelles. La Société de Secours Mutuel entre instituteurs est une création philanthropique, qui, en cas de maladie, porte ses fruits. Elle a un fonds de retraite.


L'orphelinat des membres de l'enseignement, de récente institution, est pour les fils d'instituteurs que la mort aurait prématurément frappés un sûr appui moral et matériel en vue de leur avenir.


A la vérité, avant l'exécution de la loi du 19 juillet 1875, l'instituteur ne pouvait pas vivre. Alors qu'il était père de famille, comment se suffire, préalablement, à cette loi ? Il devait se priver d'une partie de ce qui lui était nécessaire pour jouir d'une santé telle que sa mission a toujours réclamée. Il devait le plus souvent aller mal habillé, mal chaussé et provoquer par cela seul les sarcasmes et les railleries de ce qu'une population renferme toujours de grossier, d'incapable d'apprécier le vrai mérite. Sa dignité était compromise ; car forcément il devait renoncer au rang modeste qui appartient dans la société aux éducateurs de la jeunesse.


Aujourd'hui, la position matérielle de l'instituteur français peut passer pour satisfaisante à la rigueur. L'avenir pourra encore faire quelque chose ; car en face de la cherté des vivres et de tous les objets nécessaires aux maîtres, le gouvernement de la république avisera avec sollicitude. Mais quand les ressources budgétaires obligeraient d'ajourner de nouveau la loi sur les traitements, dont le projet doit être soumis aux délibérations des Chambres, c'est avec patriotisme que le Corps enseignant saura se résigner.


Quant à la position publique de l'instituteur, elle est sauvegardée par des lois et des règlements auxquels il faut se soumettre, et par une hiérarchie de chefs toujours disposés à défendre sa cause quand il le mérite, mais sévères en cas de besoin. Les jours néfastes où le maître devait aveuglément s'incliner devant l'autorité cléricale et remplir à l'église des emplois souvent humiliants sont passés. Enfin comme les autres administrations de l'État, celle de l'enseignement primaire est certaine et loin de cette époque où l'instituteur, comme un mendiant qui sollicite l'aumône, devait s'abaisser pour revendiquer la rétribution scolaire qui lui était due. Il nous reste à parler des classes de filles.


L'ouverture de ces classes ne remonte pas aussi haut que celle des garçons. Il n y a pas d'archives pour constater cette ouverture ; mais la tradition donne pour certain que la première école de filles de Haut-Nistos fonctionna en 1841, et celle de Bas-Nistos en 1850. Ces écoles étaient libres et peu fréquentées. Les maîtresses n'avaient ni logements assurés par la commune ni salles d'école. Elles devaient y pourvoir à leurs frais au moyen de la rétribution scolaire qu'elles touchaient. Elles n'avaient qu'un mobilier défectueux incomplet.


La situation des institutrices était au début des plus critiques à Nistos, tant sous le rapport matériel que sous celui de leur enseignement. À peine quelques jeunes filles des plus aisés propriétaires étaient confiées à leurs soins, uniquement pour apprendre à lire, afin de pouvoir tenir à l'église un livre d'offices les dimanches et les fêtes.


Cet état de choses fort déplorables a duré jusqu en 1870. Dès lors le Haut-Nistos a été classé comme poste d'institutrice communale, et le Bas-Nistos aussi, chacune de ces deux sections ayant plus de 500 habitants.


Deux maîtresses titulaires avec des émoluments convenables ont été chargées de la direction des écoles de filles. Capables et intelligentes, elles ont su faire aimer l'instruction et attirer à leurs classes les jeunes filles de leurs sections respectives.


En 1883, l'école mixte du hameau d'Ilhou-Sausset a été autorisée à Bas-Nistos. Elle est dirigée par une institutrice. En 1886, l'école mixte du hameau de Gerlé a été créée à Haut-Nistos et confiée à une ma tresse.

L'enseignement donné par les institutrices a marché de progrès en progrès jusqu'aujourd'hui.

Voici par ordre les noms des maîtresses qui se sont succédées à Haut-et-Bas-Nistos depuis la création des écoles : M . Mlles.

 

Haut-Nistos

1 - Castéran Mariandine (non brevetée)
2 - de Noyers Alexandrine (non brevetée)
3 - Me Duloup (brevetée et classée)
4 - Me Rumeau, née Sastourn (brevetée et classée)
5 - Verg (intérimaire breveté)
6 - Rey (brevetée et classée)
7 - Dupont (brevetée et classée)
8 - Dulout (brevetée)
9 - Vergé (brevetée)
10 - Cabarbaye (brevetée)
11 - Mme Castaing actuelle (brevetée)
Bas-Nistos

1 - Viala (non brevetée)
2 - Maupomé (brevetée, communale)
3 - Saint-Ubery (brevetée, classée)
4 - Faure (brevetée)
5 - Pointis (actuelle, brevetée).

 

École mixte du hameau de Gerlé.


1 Mlle Sorbet actuelle (brevetée)
École mixte du hameau d Ilhou-Sausset.


1 - Sens-Anglade (brevetée)
2 - Fontan (brevetée)
3 - Fontan (actuelle brevetée)

Peu de communes rurales ont un personnel enseignant aussi nombreux que Nistos : 2 instituteurs et 4 institutrices, en tout 6 écoles publiques. Nous n'avons pas à discuter la nécessité des classes de deux chefs-lieux des deux sections de cette commune.


Parlons des classes de hameaux. La population éparse, l'éloignement des hameaux des deux écoles principales, la position topographique des lieux, la mauvaise viabilité et le nombre d'enfants ; tout militait en faveur de ces classes dont l'urgence a été reconnue par la municipalité et par l'autorité supérieure. La commune, en les demandant, n'a pas voulu se donner un luxe ; elle n'a point cédé à aucune considération autre que l'avenir des enfants qui, devant faire deux et trois kilomètres pour arriver en classe, restaient privés d'instruction ou ne recevaient qu un enseignement incomplet. La création de ces écoles était donc réclamée par des besoins réels, au double point de vue éducatif et civilisateur.

École de garçons de Haut-Nistos


L'école de garçons de Haut-Nistos a 6 m 08 de long, sur 4 m 62 de large et 2.92 de haut, soit une surface de 26m.q.88. Elle a une fenêtre au Levant, une autre au couchant et une porte vitrée au midi. Située à un premier, elle est très éclairée et saine.

Nombre d'élèves inscrits : 31élèves.

Elle est donc insuffisante. Le logement est bien. Mobilier scolaire bon.


École de filles de Haut-Nistos


L'école des filles a 5 m 88 de long sur 5 m 30 de large et 3 m 80 de haut, soit une surface de 31 m.q.15. Elle a une fenêtre au Levant et une autre au couchant.

Nombre d'élèves inscrits : 23élèves.

Cette pièce est saine, bien aérée et suffisante. Le mobilier est passable et le logement aussi.


École mixte de Gerlé


L'école mixte de Gerlé a 5 m 60 de long sur 5 m 45 de large et 2 m 60 de haut, soit une surface de 30 m.q.62. Elle a deux ouvertures au Levant et est à un premier.

Nombre d'élèves inscrits : 41 élèves.

Elle est saine, mais insuffisante. Mobilier incomplet, les cartes géographiques manquant. Le logement est passable.

Total des élèves inscrits pour les 3 écoles de Haut-Nistos : 95 élèves.

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École de garçons de Bas-Nistos


L'école de garçons de Bas-Nistos a 4 m 72 de long, sur 4 m 15 de large et 2 m 30 de haut, soit une surface de 19 m.q.48. Située à un premier elle a une seule ouverture au Levant.

Nombre d'élèves inscrits : 30 élèves.

Elle est insuffisante et insalubre. Elle fut interdite pour ce motif en 1869. Le logement de l'instituteur est malsain. Le mobilier est passable.


École de filles de Bas-Nistos


L'école de filles située à un premier, bien aérée, bien éclairée, a 5 m 30 de long, sur 4 m 74 de large et 2 m 60 de haut, soit une surface de 25 m.q.11.

Nombre d'élèves inscrits : 39 élèves.

Cette pièce est saine, mais insuffisante. Le mobilier et le logement sont passables.

À reporter : 69 élèves.



École mixte d'Ilhou-Sausset

L'école mixte d'Ilhou-Sausset, saine et assez éclairée a 5 m 40 de long sur 4 m 42 de large et 2 m 63 de haut, soit une surface de 24 m.q.48.

Nombre d'élèves inscrits : 31 élèves.

Elle est insuffisante. Le mobilier est passable et logement assez bien.


Total des élèves inscrits pour les 3 écoles de Bas-Nistos
: 100 élèves
.

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Comme on le voit, les salles d'école dans la commune sont insuffisantes. Les besoins ne sont généralement satisfaits qu'en ce qui concerne le mobilier des classes. Les améliorations à réaliser consistent en constructions nouvelles.


La fréquentation est régulière en hiver et au printemps, et mauvais l'été et une partie de l'automne, les parents occupant les enfants à la garde des bestiaux. La commission scolaire devrait aviser.


Les programmes sont assez élastiques ; ils ne le sont pas trop pour faire de la tête de nos enfants des Pics de Mirandole. Les conférences pédagogiques donnent aux maîtres plus de valeur en leur facilitant les moyens d’enseigner. Grâce aux efforts de ces derniers, l'instruction primaire marche bien chez la jeunesse actuelle. Ainsi sur 14 conscrits, 1 seulement est illettré. Il n'en est pas de même des personnes plus avancées en âge ; car sur 9 mariages, 5 conjoints n'ont pas su signer en 1886. Ce sont 5 filles. Une bibliothèque est attachée à l'école de garçons de Bas-Nistos depuis 1875. Le conseil municipal vota pour sa création, sur notre initiative (Nous étions alors instituteur à Bas-Nistos), la somme de 50 francs. Elle compte aujourd’hui 49 volumes. Il y a eu 138 prêts en 1886. Une concession de livres lui a été faite par M. le Ministre. Sur notre initiative encore, une souscription a été ouverte à Haut-Nistos, et le 17 décembre 1886, nous avons pu installer à l'école de garçons de cette section une bibliothèque de 68 volumes. Depuis le 17 décembre 1886, il y a eu 200 prêts. M. le Ministre n'a rien accordé encore. Il n'y a dans la commune ni Caisses d'école ni Caisses d'épargne.


Traitements


Le traitement de l'instituteur de Bas-Nistos s'élève à : 1300f
Le traitement de l'institutrice de Bas-Nistos se porte à : 800f
Le traitement de l'institutrice d’Ilhou-Sausset est de : 750f
Le traitement de l'instituteur de Haut-Nistos est de : 1250f
Le traitement de l'institutrice de Haut-Nistos est de : 900f
Le traitement de l'institutrice de Gerlé est de : 750f

Total des traitements : 5750 f



Loyers


Les loyers sont ainsi répartis :

École de garçons de Bas-Nistos et logement : 90f
École de filles de Bas-Nistos et logement : 60f
École d'Ilhou-Sausset : 65f
École de garçons de Haut-Nistos et logement : 100f
École de filles de Haut-Nistos et logement : 70f
École de filles de Gerlé et logement : 65f


Total des loyers ci : 450f

Total général de la dépense
: 6200f


La commune devrait vendre des coupes dans ses forêts, s'imposer extraordinairement, emprunter ensuite au besoin à la Caisse des Écoles, et se mettre en mesure de construire avec le concours de l'État.


Conclusions


Écrire la monographie d'une commune, c'est dire son origine, les faits qui se rattachent à son histoire au triple point de vue physique, agricole et industriel. C'est encore faire connaître tout ce qui peut intéresser quant aux mœurs et coutumes des habitants. C'est, de plus, parler du commerce local, des vêtements en usage, des aliments que l'on consomme etc, etc. En un mot, c'est entretenir le lecteur de tout ce qui a trait à la population qu'on lui présente, aux grands hommes qui l'honorent, à ses ressources en animaux et autres, à la forme du sol qu'elle habite et aux richesses que ce dernier recèle ou présente à sa surface.

Nous croyons être resté fidèle à ce programme. Nous avons présenté Nistos comme un site pittoresque, remarquable par ses panoramas, et nous n'avons rien omis sur sa configuration alpestre. Le ruisseau qui le traverse du Sud au Nord porte dans ses molles sinuosités la richesse des longues prairies qui sont sur ses rives. Cependant ce n'est pas un nouveau Pactole, et il ne mérite pas l'honneur d'être célébré par les poètes. En effet, si dans son état normal il permet à l'imagination d'errer délicieusement exalté sous l'ombrage épais des peupliers et des saules qui poussent sur ses bords, il est, à l'occasion des crues, capricieux, terrible, impitoyable même. Nous accordons une place importante aux forêts et aux pelouses, parce que dans l'idée, elles retracent les plus riants tableaux.

Si nous n'avons rien dit sur les précipices à pic qui font un triste contraste avec le reste, et qui sont loin des habitations et des exploitations rurales, c'est qu'ils n'offrent de curieux que leur côté sombre et menaçant, et qu'ils sont pour le spectateur quelque chose de lugubre et d'épouvantable d'où sort une voix qui crie sans cesse :

" Recule ! ".

Nous comblerons ici cette lacune en signalant comme dangereux :

1° - Picarre ;

2° - Lère ;

3° - Coumasses
.


Là, il n'y a que des roches et des pierres mouvantes. De temps en temps des cailloux partent, sans cause apparente, et roulent jusqu'au ruisseau qui passe au fond. On porte sa vie au bout du doigt quand on circule dans ces lieux où pourtant les chèvres vont brouter les ronces. En conduisant le voyageur de la gare de Saint-Laurent au haut des montagnes de Nistos, nous nous sommes répété peut-être. Cependant, nos redites, s'il y en a, nous ont paru indispensables pour donner plus de force à notre pensée et nous faire mieux comprendre.

Nous avons peint Nistos considéré au printemps et en été, et non pendant la monotone saison d'hiver.

Une partie du territoire de la commune, celle qui est presque au niveau de son ruisseau, est aussi facile à la culture que la plaine. Il n'en est pas de même des terrains qui se trouvent sur les collines et sur les coteaux. Ceux-là exigent plus de précautions, plus de peines et de fatigues.

En parlant des sources et de leurs qualités minérales, nous avons omis, pour la désigner à cette place, celle connue sous le nom de Fontaine de l'aouédasse. Elle présente deux filets parallèles : l'un donne de l'eau potable, et l'autre, à côté, de l'eau fortement ferrugineuse. C'est curieux à voir.

Nous avons fait l'historique de l'enseignement primaire à Nistos depuis son origine jusqu'à nos jours. Nous nous sommes d'abord appuyé sur la tradition, puis sur des documents certains. Nous voyons les maîtres enseigner dans des conditions bien pénibles. Le jour sonne pourtant où la France trouve utile d'organiser son instruction nationale. Les maîtres à partir de ce moment, ne sont plus méprisés ; ils vont grandissant en estime et en considération. Des traitements satisfaisants leur permettent de paraître dignement. Enfin, le moment arrive où, selon les propositions de notre compatriote le Conventionnel Barrère, le nom de maî tre d'école ou de magister de village est changé contre un autre plus digne d'envie, parce qu’il n'y en a pas de plus beau : celui d'instituteur, qui veut dire chargé d'instituer le citoyen.








L'instituteur public

M. Dominique Rumeau.





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Chacun peut apporter son aide concernant les monographies de 1887 des communes
de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées
département 65.

Entraide apportée par :
- M. A Seube
.

© Marie-Pierre MANET





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