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Les bastides en Bigorre.[1]



Sceau
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Les bastides s'établissaient d'ordinaire dans des lieux incultes, bois ou landes, de sorte que le déchifrement était souvent le motif immédiat, toujours de plus sûr résultat de la fondation. De plus, tandis que les châteaux de la période précédente occupaient des hauteurs peu accessibles, les nouvelles villes préférèrent d'habitude les plaines et les vallées. Enfin, quoiqu'elles aient surgi sur tous les points de chaque pays, elles s'offrent en plus grand nombre aux frontières.

L'emplacement, une fois choisi, la première formalité juridique consistait à y planter un pal, palum (d'où le nom de Pau). Pour toute publicité, on avait encore soin de faire proclamer à son de trompe, dans tout le voisinage, la prochaine fondation.

Il fallait lui donner un nom. Ici, grande variété : tantôt on gardait l'ancien nom du lieu, comme à Masseube (il arrivait aussi que l'ancien nom prévalait contre un nouveau imposé par le fondateur, ainsi Gimont, nommé Francheville par son fondateur Jean de Trie) ; tantôt on exprimait par une désignation nouvelle les prérogatives de la ville : Ville-Franche, Sauvetat, etc. ; tantôt le nom de la ville rappelait son origine royale : Montréal, Montréjeau, Réjaumont, etc. ; tantôt le fondateur imposait son propre nom à la bastide : Beaumarchés, Marciac, Solomiac, Trie, etc. ; souvent la nouvelle fondation se parait fièrement d'un des plus beaux noms de l'Italie ou de l'Espagne : Fleurance (primitivement Florence), Pavie, Plaisance, Geaune (Gênes), Grenade, Valence, Barcelonne, Cordes (Cordoue), etc.

L'opération la plus essentielle des fondateurs étaient de partager les terres aux nouveaux bourgeois, qui les tenaient à titre de bail emphytéotique avec redevance fixe. Ces terres comprenaient trois zones, de diverses destinations : maisons, jardins, champs (ayralia, casalagia, arpenta). Du reste, les officiers préposés à la fondation dessinaient eux-mêmes les emplacements et les livraient à l'adjudication. Après la distribution, les acquéreurs devaient bâtir à bref délai. Les maisons étaient d'ordinaire à un seul étage, sur murs en pisé ou en colombage, de dimension uniforme, généralement fort exiguë, assemblées en pâtés (insulae) isolés par des rues d'environ deux mètres de largeur.

L'un des caractères les plus frappants des bastides, de celles bien entendu qui furent bâties à neuf, c'est l'extrême régularité de leur plan partout identique.

" Quand on les examine sur leurs plans cadastraux, on croit voir de grands potagers distribués en carreaux et desservis par des allées droites. "

Carré ou parallélogramme rectangle ; place quadrilatérale vers le centre d'où partent les rues se coupant à angles droits. Le grandes rues ont près de 8 mètres de largeur. La place, noyau de la cité, d'où on peut surveiller toutes les portes et où s'élève la halle supportant la maison de ville, a jusqu'à 128 mètres sur 66 (Marciac) ou 120 sur 90 (Trie). Mais le trait le plus caractéristique de cette place, c'est la bordure de rues couvertes (auvents, cornières, embans) qui l'entoure aux quatre côtés.

Même uniformité dans les travaux de défense qui protègent les bastides. Une ou deux lignes de fossés, avec ponts-levis munis de barbacanes, en face des portes ; entre les deux lignes, espace de 100 mètres environ desservi par un chemin de ronde. En dehors, pente rapide faisant talus jusqu'au mur d'enceinte. Les frais d'exécution de ces grands ouvrages étaient d'ordinaire supportés en grande partie par les fondateurs.

Les églises des villes nouvelles ne méritent pas moins d'attention. On y remarque souvent, outre l'appropriation spéciale du culte religieux, des moyens de défense. Le beffroi, vrai centre de la commune, est l'objet spécial du zèle municipal des habitants : voyez le beau clocher de Marciac ! Mais le style ogival de l'architecture nouvelle imprime à l'église entière le cachet d'une civilisation jeune et puissante.

" Si ce style nouveau, qui correspond à la rénovation politique, ne lui dut pas le jour, il lui servit à se manifester. Sa richesse d'ornementation, cet épanouissement de sculptures aux détails pleins d'élégance et de délicatesse le mettaient en harmonie parfaite avec l'effusion de joie des groupes urbains en possession de leur indépendance. L'église, dans chacune de ces villes , fut le monument chargé d'attester la vie libre et homogène, l'existence politique. Ce fut, au sein des bastides peuplées de serfs affranchis, comme un chant de jubilation ou d'actions de grâces ! ".

Liberté de séjour dans les bastides :

Les habitants, qui venaient s'établir dans une bastide, n'étaient pas forcés d'y demeurer à perpétuité, si l'expérience leur inspirait l'envie se se transporter ailleurs. Pour engager même les paysans des contrées voisines à venir essayer les charmes de la résidence dans la ville qu'il venait de fonder, le seigneur promettait, dans le cas où ils voudraient se retirer ailleurs, de protéger les émigrants jusqu'à une journée de marche, et même, ordinairement, de leur fournir gratuitement des moyens de transports pour leurs personnes et leurs meubles.[2]





 

Notes

[1]Source : gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Revue de Gascogne - Bulletin mensuel du
Comité d'histoire et d'archéologie
de la province écclésiastique d'Auch
(1864 - 1939).


Notes

[2]Source : gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Etude sur les coutumes commulales du Sud-Ouest de la France
Antoine du Bourg
Extrait des mémoires de la Société archéologique du Midi de la France - 1882






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© Marie-Pierre MANET







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