Inauguration par J.Ferry du buste
d'Eugène Ténot
Hautes-Pyrénées
département 65.




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de Marie-Pierre Manet


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(© Marie-Pierre Manet - Photo prise le 14/04/2024)
Buste du portrait d'Eugène Ténot


Extrait du Journal "Le Progrès" organe de l'alliance républicaine des Hautes-Pyrénées du 19 au 20 avril 1891 : Inauguration par J. Ferry du buste de E. Ténot ainsi que du bâtiment Mairie-école. Discours de Me J. Ferry ancien Président du Conseil (1883-1885) et ancien Ministre de l'Instruction Publique (1879-1883).

Il félicite les initiateurs de ce solennel hommage, auquel s'associe tout le Sud-Ouest ; il y eu des démocraties oublieuses, mais la vraie est reconnaissante et s'honore de l'être. Nous payons la dette d'un parti. Nous honorons un des hommes qui a le mieux aimé sa patrie. Vous avez bien fait de choisir sa ville natale où il dort d'un sommeil paisible comme sa droite conscience, sous la garde des nobles dames qui le pleurent. Je dois l'honneur d'être ici à ce que je suis un de ceux qu'il a le plus aimés.

Il y a 26 ans l'Empire pesait sur la France. Alors, à côté des autres opposants parlementaires, il y avait quelques jeunes irréconciliables qui faisaient la guerre aves les tronçons de la liberté.

Un jour Gambetta vit venir à lui un obscur qui demandait sa place. Méridional et montagnard il était simple, mais résolu, à la parole chaude, rocailleuse comme les Gaves. Il fait à lui seul le procès de l'Empire. Dès l'origine on avait formé une légende : on appelait la résistance Jaquerie ; il démontra que les sauveurs n'avaient rien sauvé ; il les frappa à la tête et au cœur. Plus tard, son histoire du coup d'État en Province et à Paris, l'histoire des violences et massacres produisirent un effet immense. L'Empire craquait. Le spectre du crime ressuscitait. Le châtiment était prochain.

La destinée de Ténot se confond avec le parti Républicain. Préfet, il vécut les émotions, les luttes les illusions et les amertumes. Il vit les défenseurs de l'honneur national accusés. Il commença son œuvre. Les historiens, les militaires, admireront ses livres, mais l'œuvre véritable, c'est la vie du journaliste, le labeur quotidien tendu vers le but, l'accession de la démocratie rurale à la République. Il aurait pu briller à Paris ; il voulut reprendre l'édifice par la base, décentraliser la République. Un journal s'offrait à Bordeaux, la Gironde, à qui la liberté a donné des rivaux sans lui rien ôter ; c'était sous l'Empire un cas unique.

Elle a eu deux phases : avec Lavertujon sous l'Empire, avec Ténot sous la République. Lavertujon avait fait de la Gironde le journal le plus puissant et le plus persécuté ; il fallait alors faire des prodiges, tout dire, sans rien dire.

M. Jules Ferry salue un des grands pionniers de la République. Ténot n'était pas seulement un semeur d'idées, mais un organisateur ; dans le sud-ouest, il a organisé l'association républicaine où il se montra stratégiste comme ailleurs.

Ce sont là les traits extérieurs ; le fond, c'est le patriote. Il aimait la France comme le croyant aime son Dieu, pour son histoire, pour ses blessures. C'est là l'unité de sa vie.

Par ses écrits, il travaillait au relèvement de la patrie, à l'organisation d'un gouvernement régulier. Il disait "Je suis un paysan, fils de paysan", et il y apportait la sève surabondante du plébeien.

Ce libre-penseur avait foi dans l'avenir de la justice et de la raison. Il était implacable ; on ne lui aurait pas fait prendre un charlatan pour un homme de guerre. Il vida l'idole, prépara l'effondrement. Au-delà des Vosges, il apercevait le peuple en marche, et il fut partisans de la politique coloniale méconnue, à laquelle il faut revenir. Il a été enlevé par un coup de foudre. Il y eu un long cri de surprise et d'affliction. Il laisse un vide profond.

On a tout dit des surprises de la mort, qui tranche l'arbre chargé de fruits ; mais il est beau de mourir debout, comme un soldat, à l'âge où l'on jouit de l'intégité de son être, et de pouvoir se dire :

"Je pars, mais j'ai bien servi la patrie !".

Nos pères élevaient des autels à la patrie ; nous verrons sur la tombe du patriote apporter un serment :

"Oui promettez à cette mémoire de ne jamais laisser affaiblir cet édifice républicain, de le défendre par la courage, par l'union, par l'incessante visions des périlleuses et légitimes espérances de la patrie".

Ce magnifique discours, forcément raccourci, était à tout instant souligné par les applaudissements de la foule. La voix claire et pénétrante, l'accent convaincu, la parole éloquente de l'orateur, ont vivement impressionné l'assistance. M. Émile Ténot, très ému, s'est levé et est allé embrasser M. Ferry.






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département 65.

© Marie-Pierre MANET








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