La vie militaire,
Familles de Vidouze depuis l'origine
Vie agricole et artisanale


De R.ANCELY


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La vie militaire :



Jusqu'aux guerres modernes, nous manquons de documents sur la participation des habitants de Vidouze aux grands conflits extérieurs.

Dans sa monographie de Lahitte-Toupière, M. G. Balence a signalé en 1642 que les communautés de Vidouze, Lahitte et Sombrun furent imposées pour un soldat armé de mousquet et équipé à l'occasion du siège de Perpignan. Le soldat fut fourni par Vidouze qui reçut des deux autres villages une indemnité de 20 écus sols (Acte Desnavères er Larrouzé - notaires royaux).

En 1691 et le 28 Mai la communauté de Vidouze fut assemblée à la Hourcade. Le premier consul Bernard Dépierris expose qu'il avait reçu un ordre du Vicomte de Labatut Rivière, qui avait été commis par le marquis de Grillon, maréchal de camp et le marquis de Sourdis, lieutenant général en Guienne, pour mettre sur pied dans toute la généralité de Montauban des compagnies de Bourgeoisies "pour être en état de défense en cas de besoin". Et les habitants de Vidouze choisirent pour capitaine de la première compagnie Pierre-St-Germain, avocat, et pour la deuxième compagnie, Jean Carde.

Les lieutenants furent : Bernard Dépierris, Jean Desnavères ;

Les sergents : Jean Mollonguet ; Pierre Rouquan ; Jean de Bordes Capdevielle et Bernard Carchan ;

La communauté décida aussi l'achat "d'un tambour pour plus facilement faire l'exercice" (Acte Salavert - notaire royal, Registre 1689 et 1692 F 602 - Étude de Castelnau-Rivière-Basse)

Lors de la Révolution française (23 Florial An IV) la commune de Vidouze participa à la formation d'un bataillon pour découvrir et arrêter les conscrits (Archives Hautes-Pyrénées - Série L 594 - signalé par G. Balencie dans sa monographie).

Le territoire de Vidouze servit probablement de passage aux armées anglaises lors de l'invasion de la France par les alliés en 1814. L'armée française battit en retraite par Moncaup et Lahitte. Welleington se rendit de Lembeye à Maubourguet et traversa notre commune.

(G. Balencie - Monographie de Lahitte. C. Lacoste dans revue du Béarn et du Pays Basque 1939 p.246).

De la Révolution de 1848 nous ne trouvons que la formation de la garde nationale. Bergès est capitaine et Molonguet Pierre lieutenant (Archives Hautes-Pyrénées -Série O - Contrôle des opérations communales).

Un habitant de Vidouze, Pélanne Péjut avait participé en 1859 à la campagne d'Italie.

A la suite de la guerre avec la Prusse, une garde nationale est à nouveau créée le 30 Août 1870 dans le département. La municipalité de Vidouze désigne pour en faire partie : Courtiade, Darbus, Coustau, Bouscat, Péborde et Lafon Gendrou.

Le 8 Novembre, à la suite de la proclamation de la III e République le Conseil Municipal doit voter un crédit de 5.780 francs en vertu d'un arrêté du Gouvernement de la Défense nationale du 22 Octobre pour contribuer à l'armement, à l'équipement et à la solde des gardes nationaux mobilisés ; les ressources étant insuffisantes, un emprunt est ouvert parmi la population et couvert immédiatement par les principaux propriétaires savoir :

- Moulonguet Lacaze, maire : 1.000 francs.

- Moulonguet Julien Peyrouilh : 1.000 francs.

- Moulonguet Pierre Peyrouilh : 1.000 francs.

- Latapie Jean Jeanbroc : 500 francs.

- Navères Jean Moureu : 2.000 francs.

- Pélanne Jean Pélut : 200 francs.


La guerre de 1914-1918 :

Elle fut particulièrement meurtrière et la commune de Vidouze fournit sa douloureuse contribution pour le sacrifice de la patrie. Une première plaque portant le nom des enfants de Vidouze morts pour la France fut apposée sur les murs de la mairie par les soins de M. et Mme georges Moulonguet. Un monument aux morts élevé par souscription publique fut inauguré le 11 Novembre 1932 en présence du maire, du Conseil Municipal, des anciens combattants et de toute la population. Une messe à la mémoire des morts avait été préalablement célébrée à l'église paroissiale. Une chorale chanta l'hymne de la Victoire. Puis l'inauguration eut lieu. Le maire prononça un discours ; les enfants offrirent des bouquets de fleurs et les déposèrent au pied du monument. Le dimanche suivant, Monseigneur Gerlier, évêque de Tarbes et de Lourdes, se rendit à Vidouze. Accueilli par le Maire, il présida la grand'messe accompagné du chanoine Dupont et de M. l'Abbé Loustalet, curé-doyen de Maubourguet. Il se rendit ensuite au Monument aux Morts qu'il bénit solennellement et devant lequel il prononça un émouvant discours adressé aux combattants.

Voici les noms des soldats de Vidouze morts pour la France :

Barbé Jules ; Bautry Pierre ; Bégué Henri ; Bounéou Élie ; Bourdeu Donatien ; Bourau Justin ; Dépierris Osmin ; Dépierris Pierre ; Dufau Germain ; Grangé Jean-Marie ; Lacabanne Germain ; Lacabanne Pierre ; Lacrouts Édouard ; Lafon Denis ; Lafon Georges ; Lafon Germain ; Laporte Clément ; Lartigue Joseph ; Latécoère Géronce ; Laterrade Marc ; Mourelot Laurent ; Pélanne Célestin ; Pillardou Justin ; Pillou Pierre ; Plandé Irénée ; Saint-Germain François ; Saurat Charles ; Turon Pierre.

Trois enfants de Vidouze :

Fumat Fernand ; Lafon André ; Guiret Marcel , sont également morts pour la France pendant la première période de la guerre de 1939-1940.

Une stèle a été érigée en leur honneur devant le Monument aux Morts de la précédente guerre. L'inauguration eut lieu le 11 Novembre 1946 avec le même cérémonial.

Pour commémorer la libération de la France et la nouvelle période de combats qui amenèrent l'écrasement définitif de l'Allemagne par les pays alliés, une autre cérémonie eut lieu le 11 Novembre 1945 devant le Monument aux Morts et la maison commune. En présence de la Municipalité et de toute la population les enfants des écoles, conduits par leurs instituteurs, Monsieur et Madame Esquerre, défilèrent sur la place la mairie et déposèrent des gerbes de fleurs au pied du monument. Ensuite, et dans un silence recueilli, Monsieur Esquerre dégagea les enseignements de cette belle manifestation.

Les familles de Vidouze depuis l'origine :



Il serait intéressant de rechercher comment les noms de famille des habitants se sont formés ; comment ils se sont développés et à quelle époque ils ont pris leur orthographe définitive. Malheureusement, les documents que nous possédons ne sont pas assez nombreux et il aurait fallu les recouper et les contrôler par de vieilles minutes notariales. Ces dernières ne représentent pas grand intérêt car elles ne remontent pas au-delà du XVI e siècle (du moins celles que nous connaissons).

Vidouze a cependant de bonne fortune de posséder sur son territoire deux documents anciens du XV e siècle ; l'un de 1439, l'autre de 1473. Nous les avons analysés à propos du serment de fidélité prêté sucessivement par les habitants de Vidouze au seigneur Géraud de Rivière et au seigneur de Ros, Rodes ou Darrodes. Ces deux documents ne portent pas les noms de toutes les familles ; le premier notamment. Les deux seigneurs sont il est parlé ne possédant chacun qu'une partie des droits souverains sur la communauté, il est probable qu'à chaque cérémonie on ne convoquait que les tenants des quartiers soumis à la foi due à leur suzerain. Par ailleurs ces deux pactes de fidélité sont rédigés en latin, par deux notaires de régions différentes, et chacun d'eux a traduit en cette langue les noms des habitants présents avec une graphie particulière. Pour essayer de montrer la transformation sucessive des noms, nous les ferons apparaître dans un tableau en plusieurs colonnes donnant la graphie sucessive en 1439, en 1473, la 3 e colonne étant au nom transformé tel qu'il se prononce aujourd'hui :




 

1439
1473
Transformation définitive

Bernado de Vinhali
Garcias Dujac
Bernardum de Molonguet
Arnaldo de Fontanhera
Johannes de Fonte
-
Arnaldus de Pelanne
Vitalis de Lanabera
Johannes de Sanet Arman
Sancius de Torrats
Guihemus de Perris
Dominicus de Fabro
-
-
-
-
-
-

Petro de Viali
Garcia Dujaco ou Huyaco
Arnardo de Molongueto
Arnaldo de Fontanhera
Forcio de Fonte
Petro de Roseriys ou Rosario
Johanno de Bedanne
Vitali de Lanabera
Sancto Germano
Dominico de Terrata
Petro de Perris
Arnaldo de Fabro
Bernado de Castoli
Pedro de Cortiada
Guilhermo de Ploms ou de Pomo
Guillermo de Dessamonseto
Petro de Laïus
-
Bignalet
Dujac
Molonguet et Moulonguet
Lafontaine
Lafon
Larrousé
Pélanne
Desnavères et Navères
Saint-Germain
Laterrade
Dépierris
Forcheron (?)
Coustau
Courtiade
Desplous
Samonzet
Lajus



Un siècle plus tard, quand l'état-civil apparaît (les plus anciens registres paroissiaux sont de l'année 1672), les noms de famille sont définitivement formés ; lorsque la communauté se réunit le 28 Mai 1691 devant Me Salavert, notaire royal, les noms sont presque tous orthographiés comme maintenant. Nous les citons ci-après à titre d'exemple et ils sont d'autant plus intéressants que ce jour-là la communauté était toute convoquée et que le nombre des habitants était particulièrement important :

Bertrand Depierris - Bernard Laporte - Jean Lafont - Jean de Navères - David Darnaud - Jean Larrouzé - Jean Baix - Jean Lafont Mardaignou - Arnaud Navères Pallent (Palluet) - Bernard Coustau - Jean Navères Labesque - Pierre Larrouzé Chopine - Jean Depierris Mengelly - Jean Dufar Jeandoulet - Jean Depierris Flouquet - Jean Larrouzé Boulogne - Jean Larrouzé Hourticq - Jean Darbus - François Mollonguet - Jean Depierris - Pascau - Gaillardou - Delibrun - Patau - Bernard Pélanne Peyroy - Jean Darbus Larfange - Jean Navères Moulié - Jean Mollonguet deu Romeu (Moureu ?) - Jean de Joucla Abédeille - Jean Mollonguet Ansic (Antic ou Lanticq) Jean Lafon Picaignon - Antoine Navères Rigollet (Richoulet) - Pierre Mollonguet Pias - Jean Mollonguet Ballaline - Sauxon Depierris Crabière (Lacrabère) - Amanieu Molonguet Pouchotte - Jean de Brun Manautou - Jean Navères Peyret - Jean Pierre Pélanne Estienou - Jean Navères Babané - Jean Navères Sardaigne - Jean Pecable Bourdenou - Jean Rusailh Bordallé (Bourdallé) - Jean Dujac Gaoult (Gacuhet) - Jean de Houers - Jean Dujac Montus - Jean Depierris Tuya - Jean Pélanne Tracanet - Jean Dabadie chirurgien - Petit Cailhau Archambaud - Jean de Larrozé Perdiga (Perdigué ?) - Jean Lafon dit Major - Laurens Laterrade Naron.

On retrouvera dans cette liste la plupart des noms des habitants des maisons de Vidouze. Et le plus ancien terrier ou cadastre de la commune conservé aux archives des Hautes-Pyrénées et datant de 1667 reproduit les mêmes noms avec les quelques variantes que leur a donné le géomètre chargé de l'établir.

D'après ce terrier les familles les plus importantes de la communauté étaient les suivantes :

M. Jean de Crudères; greffier au Parlement de Pau, possédait 101 journaux.

A cette famille se rattachait certainement Jean Crudères, prêtre et curé de Vidouze qui en 1682 faisait sa déclaration au Parlement de Navarre pour diverses prébendes qu'il possédait à Lembeye (Archives Basses-Pyrénées - Série B. 3994).

- Gailhard et Jean Pélanne Peyrouilh possédaient ....64 journaux.

- Mathieu Carde....................................................60 journaux.

- M. de Lacaze de Lembaye...................................43 journaux.

M. de Lacaze, seigneur de Séméacq, était juge mage du comté de Parbère. Il a vendu sa propriété en 1766 au sieur Depierris Chanchou et par suite de mariage elle est passée en mains de la famille Moulonguet Ancely.

- Antoine Vignau de Nay possédait.........................38 journaux.

La famille Vignau est restée propriétaire à Vidouze d'un domaine important jusqu'au 26 Juillet 1768 date à laquelle René Guillaume Pousset de la Mignardière, chevalier de l'ordre royal de Saint-Louis, capitaine des grenadiers royaux agissant en qualité de donateur de sa grand'tante demoiselle Marie Duvignau de Nay a vendu cette propriété avec maison, grange, borde, parc, jardin et verger à plusieurs acheteurs dont le sieur Lafon Bourdenou (Acte Lamothe - Notaire à Vidouze).

Dans le serment de fidélité du 21 Mai 1549 prêté par les habitants de Vidouze à Henri III de Navarre figure comme témoin Messire Guilhem de Vihnas prêtre du dit lieu de Vidouze y habitant qui est probablement un ancêtre de la famille.

- Gailard Desnavères notaire possédait..................35 journaux.

Dans un acte de Lamothe notaire à Vidouze du 23 Août 1787 on trouve comme témoins : Noble Charles de Navères seigneur de la Tour de France, et juge du Comté de Parabère et son fils Jacques, avocat, habitant à Vidouze. En 1740 Mieussens notaire à Sombrun reçoit le testament de Jacques de Navères Bousquet, bourgeois de Vidouze.

- Arnaud de Molonguet dit l'Espagnoulet possédait.......... 34 journaux.

- Joannet de Molonguet Anticq.......................................32 journaux.

- Bernard Molonguet.....................................................31 journaux.

- Jean Pelanne quartier Rombartes..................................31 journaux.

- Saint-Germain avocat aux ordinaires de Parabère...........30 journaux.

En dehors de ces grands domaines, les moyennes propriétés oscillent entre 12 et 20 journaux ; les petites entre 2 et 10 journaux. Les contenances sont indiquées d'après le terrier de 1667 ; à cette époque, le journal de terre valait 93 ares 78.

En dehors de toutes ces familles nous en trouvons encore d'autres qui, aux XVIII e siècle possédaient des biens dans la commune et dont l'une y habitait.

La première était celle de Jean Moulonguet, Procureur fiscal du Comté de Parabère. Il vivait entre 1700 et 1738. Son existence et ses fonctions sont connues par son testament du 26 Mai 1738 (Carde notaire à Vidouze). Cette famille habitait Vidouze et sa présence y est confirmée car un des fils assiste à une réunion de la communauté du 20 Novembre 1749 en qualité de bourgeois de Vidouze. Jean Moulonguet eut six enfants. L'aîné Jean, cité ci-dessus, se maria avec Marie Darrusail, fille d'un bourgeois de Luc-Armau ; Jean, cadet, fut chapelain de la chapelle Saint-Antoine du château de Parabère (Acte Delouyt, notaire à Vic-Bigorre du 28 Novembre 1749) ; il fut ensuite nommé curé de Sedzère où il fut assassiné en 1746 (Archives Basses-Pyrénées - Série B 5388).

L'acte Delouyt de 1749 constate que le curé de Sedzère auparavant chapelain de Saint-Antoine, était décédé à cette date. Il n'y a donc pas de contradiction entre les deux documents.

Parmi les filles l'une Jeanne se maria à Pierre Navères Moulié de Vidouze (Carde notaire 3 Novembre 1740). Cette famille n'a aucune parenté avec les Moulonguet Lacaze qui a son origine dans la branche Moulonguet Anticq.

Le seigneur le plus important de la région possédant des biens à Vidouze était Messire Alexandre, Bertrand de Nays, chevalier, marquis de Candau et baron de Vauzé. L'aveu et dénombrement de ses terres de Vidouze devant la Chmabre des comptes et finances du Parlement de Navarre à Pau est curieux et important tant par l'origine de ses biens que par les prérogatives dont il jouissait dans la commune.

Il déclara, en effet, que, par lettres patentes de 1563 :

"Jeanne d'Albret, princesse souveraine de Béarn, fit don d'une vigne et autres biens situés dans la paroisse de Bidouze en Rivière-Basse... à Bernard de Cassagnère son échanson à charge de foy et hommage à chaque mutation et sous la redevance d'une parie d'éperons dorés"

Le marquis de Candau était un descendant de Bernard de Cassagnère. La vigne qu'il possédait à Vidouze était appelée communément la vigne "deou Seignou" et confrontait à terre de Hau de Lacombe. Il avait le droit de vendanger le premier. A cet efet, un consul et un garde de Vidouze devaient aller le prévenir en son château de Peyrelongue du jour où la communauté arait décidé d'ouvrir la vendange et à patir de cette notification il avait trois jours francs pour s'y préparer (Archives Basses-Pyrénées - Série B 5753). Il possédait également une chataigneraie dans la commune et les registres de Carde notaire révèlent un procès-verbal du 7 Janvier 1728 dressé contre un sieur Dujac pour dommages par bestiaux à cornes.

Il résulte de cet exposé que, en dehors des droits de fiefs dont nous avons parlé, les vicomtes de Béarn possédaient quelques terres sur la communauté de Vidouze et il est curieux de constater qu'en dehors de la succession Lautrec échue à Henri IV, sa mère, Jeanne d'Albret, possédait elle-même des parcelles de terre à Vidouze dont l'une portait à raison probablement de cette propriété royale le nom de Vigne "deu Seignou".



Vie agricole et artisanale :



Nous connaissons trois cadastres de la commune de Vidouze : l'un a été dressé sous l'Ancien Régime et date de 1667. Il a été établi à la demande des consuls et habitants, représentés par Jean Navères Cabane, par Jean Oustau, maître arpenteur du lieu d'Ibos en Bigorre. Le second (premier cadastre du nouveau régime) a été créé en 1825 et le troisième, après réfection complète, en 1936.

Le livre terrier de 1667 énumère toutes les personnes qui possèdent des biens sur le territoire de la commune. Il est dressé par famille avec indication des contenances appartenant à chacune d'elles et comprend l'énumération des maisons, parcs, jardins, vergers et terres avec leurs principales confrontations. Il est complété par un second registre qui paraît daté du XVIII e siècle et qui ne donne que les additions ou retranchements opérés dans chaque propriété. Ce registre n'indique donc que des mutations.

Le terrier de 1667 ne donne pas une récapitulation générale des terres ni une division de ces dernières par leur destination. Il comprend 213 familles habitant Vidouze et 217 maisons. A côté de ces familles se trouvent un certain nombre d'étrangers à la commune qui y possèdent des biens. Si on rapproche ce terrier de la carte nº 74 de Cassini, Auch, Tarbes, on y voit que les principaux quartiers de la commune s'appelaient : Moulonguet, Rombertes, La Come, Notre-Dame et Arriagosse. La plupart de ces dénominations existent encore à l'heure actuelle. Le cadastre de 1667 n'indique pas de moulins établis sur le Louët. Cependant au moment de la Révolution de 1789, il en existait au moins deux qui furent visités par l'Ingénieur en chef le 12 germinal An II à l'effet de savoir s'ils étaient utiles à la population et susceptibles d'être vendus comme biens nationaux. L'un était situé à Arriagosse et appartenait à l'émigré Daubous de Lembeye ; l'autre était dit de Dabat et sa position exacte n'est pas indiquée. Il y avait un moulin inférieur qui fut détruit et un moulin supérieur en bon état reconnu utile pour la population (Archives départementales Hautes-Pyrénées - Série Q).

Le cadastre de 1825 est le premier qui a été établi après la Révolution. La commune comprend 1.603 H 24 a 37 c dont 1.551 ha 31 a 06 c font partie du domaine privé (particuliers et commune) et 51 ha 93 a 31 c du domaine public (chemins communaux et ruraux, ruisseaux, etc...) Le nombre des maisons est de 183 et celui des moulins de 3.

Ce cadastre a été révisé en 1936. La surface totale de la commune ne comprend plus que 1.601 ha 44 a 07 c divisé en 1.548 ha 38 a 37 c du domaine privé et 53 ha 05 a 70 c du domaine public. Le nombre des maisons est de 139. Celui des moulins de 4. Dans l'espace de trois ans, le nombre des maisons a donc diminué de 44 ce qui explique la décroissance constante du nombre des habitants. Les plus grandes propriétés sont de 72 ha - 66 ha et 38 ha , quelques rares domaines vont de 12 à 17 ha. Tous les autres varient de 1 à 3,5 et 7 ha.

Les terres se subdivisent ainsi (nous ne donnons que la contenance générale en hectares) :

- Labourables...........................................616 ha.
- Près......................................................261 ha.
- Vergers.................................................... 1 ha.
- Vignes...................................................105 ha.
- Bois......................................................183 ha.
- Landes..................................................351 ha.
- Jardins................................................... 11 ha.
- Terrains d'agrément.................................. 2 ha
- Sols et emplacements analogues............... 12 ha.

Sous l'Ancien Régime les mesures agraires propres à la commune de Vidouze étaient le pugnère qui valait 2 ares 930.656 ; la mesure qui valait 83 ares 445.248 et le journal ou sac qui valait 93 ares 781. Les mesures de longueur s'appelaient le pan (0 mètre 22.558) et la canne (1 mètre 80.464). Pour les liquides on comptait la tasse (0 litre 5) ; la pinte (1 litre 2) ; et le pot (2 litres 4) ; la comporte valait 50 litres 4 et la barrique 403 litres 6.

Tables de comparaison pour toutes les communes des Hautes-Pyrénées entre mesures anciennes et système mètrique. Table Lagarrigue 1813.

Depuis la mise en vigueur du système métrique certaines dénomination anciennes sont restées en usage : pour les mesures agraires le journal qui vaut 33 ares; pour les liquides la barrique qui a dans notre région une contenance de 300 litres.

Outre les immeubles publics qu'elle possédait (maison commune, église, cimetière, presbytère) la plus grande richesse de la commune consistait et consiste encore dans sa lande communale.

La superficie de cette lande était considérable et elle a excité de tous temps la convoitise de certains habitants qui, se trouvant à proximité, avaient la tentation de faire servir à leur usage particulier. Par ailleurs et toutes les fois que la communauté avait une grosse dépense à effectuer, elle ne pouvait trouver de ressources que dans un emprunt ou dans la vente de quelques parcelles de ce domaine.

En 1700, et le 11 Août, la Cour des Aydes et Finances de Montauban, dont dépendait la communauté au point de vue du domaine public, eut à rendre un arrêt important au sujet de cette lande à la suite de nombreuses contestations soulevées tant par certains habitants que par le Procureur général du Roy en la dite cour.

Nous avons eu la bonne fortune de retrouver cette importante décision aux Archives départementales du Tarn-et-Garonne (Série B nº 76). Elle comprend 12 folios car elle mentionne intégralement toute la procédure de cette affaire. Nous allons essayer d'en donner une analmyse succincte et aussi claire que possible malgré les obscurités du jargon et de la procésure judiciaire de cette époque.

L'affaire est entamée à la fois par le Procureur général du Roy à Montauban et le sieur Jean Carde de Vidouze partie intervenante. Un premier arrêt du Conseil d'État du Roy du 13 Mars 1699 avait dessaisi la Cour de Montauban sur la demande de Jacques Molonguet Monjean représentant la sieur Crudères, un des défendeurs assignés par le magistrat royal ; mais un second arrêt du 26 Février 1700 du même Conseil d'État provoqué probablement par le sieur Carde donne à nouveau connaissance de la cause à la juridiction de Montauban.

La procédure nous apprend que la lande et les bois communaux appartiennent à la communauté de Vidouze en vertu d'un acte d'inféodation rendu par Bernard, comte d'Armagnac, le 9 Octobre 1401, moyennant une rente de 15 sous morlans.

Une partie de ce domaine avait dû être vendue par les Conseils aux ascendants d'un sieur Arnautou Navères dit Hil du lieu de Vidouze. La communauté ayant décidé de récupérer ultérieurement ces biens, Arnautou Navères les lui revendit par acte du 29 Janvier 1641 moyennant la somme de 3.800 livres et pour payer le vendeur, les consuls empruntèrent la dite somme à un sieur Jean Lagarde de Lembeye. Les intérêts de cet emprunt n'ayant pas été payés, la dame Bertrande Lagarde veuve du créancier fit un commandement de payer le 23 Avril 1660 et pour éviter des poursuites judiciaires onéreuses les consuls vont se résoudre entre 1660 et 1690 à vendre des parcelles de la lande communale ce qui leur permettra de se libérer. Pendant cette période l'arrêt de la Cour de Montauban énumère 18 actes de vente établis au profit des sieurs Crudères, Pélanne, Peyrouil, Gure, Gurchan, Navères et autres. Or ce sont précisément ces personnes qui sont assignées devant la Cour des Aydes de Montauban par le Procureur Général du Roy et Jean Carde. Les demandeurs prétendent que tous ces actes sont fictifs, que les terres vendues doivent être restituées à la communauté et que les consuls sont responsables de ces actes d'administration qui sont, en outre, argués de faux par le sieur Carde. La procédure nous apprend cependant que Carde n'a pas fait preuve de faux, mais que la plupart des défendeurs ont offert de restituer les terres achetées. En conséquence, la Cour annule toutes les ventes, remet la communauté en possession, évite de se prononcer sur la responsabilité personnelle des consuls, mais elle met à la charge de la communauté le coût de l'arrêt et les dépens avancés par le sieur Carde.

Il est probable que les restitutions furent opérées ; mais en ce qui concerne les frais et dépens l'affaire se prolongea encore pendant cinq ans ; et ce ne fut que le 23 Novembre 1750 que devant Miuessens, notaire royal à Lascazères (La minute de cet acte est conservée à l'étude de Castelnau-Rivière-Basse) une transaction intervint entre les habitants et Pierre Carde héritier de son père. Ce dernier accepte de réduire sa créance à la somme de 300 livres payables dans un délai de quatre ans.

Ce procès ne sera pas le dernier, mais avant de narrer les événements du XIX e siècle, précisons que d'après le cadastre de 1825 la lande communale y figure pour :

- à la section D nº 281 - Bosc pour une superficie de 27 ha 50 a 90 c.

- à la section E nº 2 - Bosc pour une superficie de 29 ha 53 a 50 c.

- à la section G nº 211 - Tharet pour une superficie de 6 ha 66 a 40 c.

Les empiètement de certains habitants vont d'abord donner lieu à divers incidents.

En 1840, plusieurs habitants se plaignent au Préfet que des confrontations du quartier Lacoume se permettent d'extraire des terres et de la marne de la lande communale au préjudice de la commune. Le Conseil Municipal est saisi de cette réclamation. Par délibération du 8 Novembre, il rapelle que, une première décision municipale du 29 Août 1821, a défendu de procéder à des extrations sans autorisation du maire ; la Conseil affirme cette première règlementation et oblige les habitants qui veulent y procéder à payer une somme de 16 fr par arpent ; plus 0 f 10 par caisse de terre ectraite, et 0 f 25 pour la marne. Le Préfet approuve cette délibération en ramenant la somme prélevée à 12 francs.

Un deuxième incident se produit le 10 Février 1847.

Le Maire expose au Conseil Municipal que la lande a servi de pacage pour quelques habitants et pour l'exploitation des thuyes et fougères. Or le produit de cette lande diminue tous les ans par suite des dégradations et gaspillages qui y sont commis. Pour y mettre un terme le Conseil accepte de la donner à bail pour six ans consécutifs à raison de 6 frs par bête à corne et 7 frs pour les chevaux et juments. Malgré une protestation de certains usagers adressée au Préfet le Conseil Municipal confirme sa décision le 27 Mai 1847.

Un nouveau procès va être intenté devant le Tribunal de Tarbes le 8 Mai 1848. Nous avons déjà relaté dans le chapitre relatif à la vie religieuse de la commune les incidents qui se déroulèrent à cette époque au sujet de la reconstruction de l'église. Non seulement les habitants étaient profondément divisés sur l'emplacement à choisir, mais l'animosité de certain d'entr'eux se manifeste spécialement lorsque le Conseil municipal se décide à aliéner dix hectares de la lande pour financer le projet de reconstruction ; cette vente gênait les usagers de la lande et restreignait leurs droits de pacage. Par ailleurs certains d'entr'eux avaient violé les règlements établis et dont nous venons de faire mention. Ils furent poursuivis à la demande du Maire devant le Tribunal de simple police et devant le Juge de Paix. Ils soulevèrent une exception de propriété. Ce magistrat leur accorda un délai de six mois pour intenter leur action, et c'est ainsi que par exploit du 8 Mai 1848, ils assignèrent la commune devant le Tribunal de première instance de tarbes. Les délinquants étaient évidemment des habitants du quartier la Coume où se trouvait la lande communale. Ils prétendaient que la section de la Coume était autrefois indépendante de la commune de Vidouze ; qu'elle était à ce moment propriétaire exclusive de la lande communale et que depuis sa réunion à la commune elle en avait conservé la propriété, les demandeurs basaient, en outre, leur prétention sue une transaction entre le Prince de Béarn et le Comte d'Armagnac du 11 Juillet 1379. Ces allégations n'étaient assorties d'aucune preuve, aussi, dans la séance du Conseil Municipal du 10 Mai 1848, la Maire n'eut aucune peine à les réfuter en représentant à ses collègues que, à de nombreuses reprises, et notamment en 1778 et 1818, la commune avait aliéné partie de cette lande pour des travaux d'utilité publique, qu'elle jouissait paisiblement et périodiquement du produit de la vente des fougères et des thuyes, et qu'elle percevait les droits et dépaissance qui avaient été affermés, le tout sans la moindre opposition de la part des habitants de ce quartier.

L'animosité de ces habitants qui avait donné naissance au procès était donc basée à la fois sur les poursuites en simple police dont ils étaient l'objet et sur leur opposition à voir la nouvelle église reconstruite en dehors de son précédent emplacement. Sur le premier point, le débat manquait de preuves juridiques et était voué à un échec certain ; en ce qui concerne la reconstruction de l'église, les habitants du quartier Lacoume ne pouvaient rien car l'autorité préfectorale avait constamment couvert la décision du Conseil municipal ; aussi le 14 Mai 1849, les demandeurs firent signifier à la commune un désistement pur et simple qui termina ce procès sans que le Tribunal ait eu à y statuer.

Le registre des délibérations municipales mentionne encore deux faits relatifs à la lande communale. Le 8 Février 1852 le Conseil municipal modifia son règlement pour les extractions. L'interdiction de pacage pour les animaux est prononcée du 1 er avril au 1 er Juin sauf dans la partie dite de la Chibalotte. Malgré une paliente de certains habitants, le Préfet approuve la délibération le 28 Avril 1852.

Le 25 Novembre 1923, le Conseil Municipal vote le reboisement de la lande et nomme les sieurs Lafitte; Labernadie et Depierris Pepil pour surveiller ce travail. Ce reboisement commencé ne fut pas poursuivi.

La région où se trouve située la commune de Vidouze est favorable à la polyculture. Les terres d'essence argilo-calcaires produisent un rendement moyen. Blé, orge, avoine, maïs et vigne s'y développent couramment. Les coteaux sont réservés à la vigne aux bois et aux landes. Le vin y est excellent et se ressent du terroir qui est entouré de plusieurs côtés d'une région à appellation contrôlée : le Vic-Bilh. Certaines terres de Vidouze mériteraient d'y être incorporée. Le phyloxéra fait des ravages dans la commune comme dans toute la France. Il fallut arracher tous les ceps pour replanter des hybrides. En l'absence d'instruments mécaniques qui n'existaient pas à cette époque, on embaucha des ouvriers espagnols qui arrivaient tous les ans au printemps et qui se contentaient d'un salaire modique. Les prairies naturelles ou artificielles sont assez nombreuses et permettent l'élevage d'un troupeau bovin assez considérable. Les éleveurs de produits chevalins se font de plus en plus rares.

L'habitant cultive lui-même sa propriété : soit seul avec sa famille, soit plus rarement en s'aidant de domestiques agricoles. Il y a peu de terres exploitées à métayage ou par fermage. Ces modes de culture sont réservés à quelques grandes exploitations.

C'est à partir de la Toussaint, suivant un usage régional, que se font les engagements avec les fermiers, métayers ou domestiques agricoles. Le salaire de ces derniers a largement varié suivant les fluctuations économiques. Au début du XX e siècle, un domestique de ferme était engagé à l'année et recevait 220 frs plus la nourriture et le logement ; un muletier se payait 350 frs et un berger 380 frs. A l'heure actuelle, le salaire d'un ouvrier est de 200 frs par jour s'il est nourri et logé, Dans le cas contraire, ce salaire est doublé.

Jusqu'à la guerre de 1939-1940, les modes d'exploitation restaient primitifs. La bête de trait est essentiellement le bœuf car les terres sont assez dures. Depuis 1944, le matériel mécanique a fait son apparition dans la commune ; aux rares tracteurs déjà possédés individuellement est venue se superposer une Société coopérative agricole d'achat et utilisation de matériel qui a débuté en 1947.

Il existait déjà depuis 1930 une autre Coopérative de battage du grain qui a particulièrement réussi et amorti son capital en grande partie.

Il existe enfin depuis de nombreuses années un syndicat agricole affilié au Syndicat départemental.

La vie artisanale a des représentants dans la commune ; déjà sous l'Ancien Régime, l'état des paroisses de 1783 que nous avons déjà cité indiquant en ce qui concerne les métiers que parmi les habitants beaucoup de femmes étaient "tisseranes". Le régime de la quenouille a vécu ; mais parmi les métiers modernes on compte à Vidouze un maçon, un plâtrier, un charpentier, trois charrons ; certains de ces derniers font usage de moteurs mécaniques. Il y avait en plus un peintre horloger et un coiffeur, mais ces deux professions ont maintenant disparu.

On note parmi les commerçants : un boucher, un épicier et deux aubergistes.

La commune de Vidouze est de trop peu d'importance pour être le centre de marchés ou foires locales. Ses habitants fréquentent couramment les marchés hebdomadaires de Maubourguet, Lembeye et Vic-Bigorre et depuis qu'un service particulier d'autocar a été créé dans la commune les relations avec celui de Tarbes sont devenues régulières. Les foires les plus réputées se tiennent à Maubourguet (30 Septembre pour le gros bétail - Saint-Martin pour les chevaux, juments et mulets) ; à Lembeye (foire de l'Ascension pour le gros bétail) ; plus loin les foires de Barcelone (Gers) et Rabastens (Hautes-Pyrénées). Les autobus départementaux desservant régulièrement toutes ces localités, en concurrence avec l'autocar local.

La vie familiale dans la commune de Vidouze n'appelle aucune remarque particulière. Aucune tradition digne de remarque ne paraît s'y être perpétuée. Dans le tome XII de la Revue des Hautes-Pyrénées, M. Rosapelly a publié une étude sur le folklore de la Bigorre. Il prétend que l'on a attribué aux gens de Vidouze le sobriquet "Minjo-Gazorbo". Ceux-ci passaient, en effet, aux yeux de leurs voisins pour être très friands de gras-double. Cette appréciation qui paraît remonter à la fin du XVIII ème siècle ne paraît pas devoir être maintenue pour le temps présent. Sans doute les habitants ne dédaignent pas la bonne cuisine et s'y adonnent avec ferveur pour les fêtes de famille poir la fête du village la Saint-Jacques qui est célébrée le premier dimanche d'Août. Mais il ne faut voir dans cette pratique qu'un usage maturel et parfaitement honorable qui est une des meilleures traditions de la vie rurale.

Le dialecte qui dérive naturellement de la langue d'oc s'apparente beaucoup plus au béarnais qu'au bigourdan.





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Entraide apportée par :

- M. Alain Eymard
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© Marie-Pierre MANET






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