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La Chapelle Notre Dame de Garaison
et la Voyante Anglèze
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[1]



Sceau
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de Marie-Pierre Manet


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Garaison avant les Apparitions - Les Apparitions [1]


La visite de la Reine des cieux est, après celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le plus grand honneur et la meilleure bénédiction qu'un lieu puisse recevoir. Elle opère en grand ce que font en petit les bénédictions de l'Église ; elle soustrait ce lieu aux influences mauvaises et lui communique une vertu que par lui-même il n'avait pas. Permis aux incrédules d'ignorer et de railler ces croyances et ces pratiques, sauf à s'en rendre coupables eux-mêmes dans leur religion et leur piété .

Concours :

Les malades des environs achevèrent d'eacute;tendre au loin la renommée de Notre-Dame de Garaison. On n'avait pas encore entouré la fontaine de la bergère du mur qui la joint à la maison aujourd'hui. Un gentilhomme du voisinage, Méric de Bazus, seigneur d'Espenan, allait à la chasse à travers les landes et, passant près de la fontaine auprès de laquelle la Vierge était apparue, il voulut y faire boire son cheval, non toutefois par mépris, dit l'auteur, mais par inconsidération : des flammes sortirent du milieu des eaux, et, sans faire de mal au cavalier, brûlèrent le cheval qu'il montait et l'oiseau qu'il portait sur le poing. Quatre-vingts ans plus tard, le souvenir de ce prodige était encore vivant dans tout le Magnoac ; la tradition s'en était, à plus forte raison, conservée dans la famille d'Espenan, et la petite fille du gentilhomme à qui l'accident était arrivé, l'attestait devant le Saint-Sacrement, en présence de Molinier, l'historien de Notre-Dame de Garaison. Une peinture fut exécutée dans la chapelle pour en perpétuer le souvenir.

Tous ces pèlerins apportaient des aumônes, et ces aumônes, suivant la promesse de la Vierge, permirent d'élever la chapelle qu'elle avait demandée ; mais cette première chapelle, sans art ni décorations, était encore sans ampleur, et, dès 1536, elle fut jugée insuffisante. [2]

On la démolit, et, grâce aux riches offrandes qui affluaient de plus en plus, on jeta les fondements de la belle église gothique, que l'on admire aujourd'hui. Ni très grande ni vaste, elle suffit aux besoins ordinaires du pèlerinage. Qui en fut l'architecte ? Son nom n'est pas arrivé jusqu'à nous. Et pourtant l'élégance et la solidité de l'édifice, ses justes proportions, la hardiesse de sa voûte, l'originalité de ses colonnes d'un seul jet sans chapiteaux, l'entrecroisement harmonieux et sobre des nervures du chœur, témoignent d'un sens artistique de premier ordre et d'une connaissance parfaite des règles de l'art.

La sacristie, avec sa voûte surbaissée et toute en pierre, fait aussi le plus grand honneur à celui, quel qu'il soit, qui en dressa le plan.

On eut l'heureuse idée, ou plutôt l'inspiration, de placer le maître-autel à l'endroit même où Marie apparut, réunissant ainsi le Fils et la Mère, la toute-puissance miséricordieuse du Fils et la miséricorde toute-puissante de la Mère.

Une statue en bois de Notre-Dame des Sept-Douleurs surmonta ce maître-autel. Molinier en avait curieusement recherché l'origine, mais n'avait pu en apprendre rien de certain, les uns disant que la Sainte Vierge la découvrit à la Bergère qui reçut l'Apparition, les autres qu'on la trouva parmi les ronces et les buissons... Ce qui néanmoins ne rend pas la statue moins vénérable, mais plutôt lui acquiert je ne sais quelle majesté que les choses, grandes et célèbres en leurs effets, ont accoutumé de tirer de l'obscurité de leurs commencements.

[...]D'anciens actes de la ville de Monléon, qu'il avait eus sous les yeux, et les témoignages de vieillards qui avaient vu, tout enfants, mettre la dernière main à cet édifice, permettent à Molinier d'établir que la chapelle de Garaison fut achevée vers l'an 1540.

Elle méritait d'être consacrée.

Elle le fut, le 16 octobre 1616, par Mgr de Trappes, archevêque d'Auch. Lorsque, avant de revêtir de sa décoration actuelle, on débarassa la chapelle des plâtres et des boiseries dont l'avait emmaillotée un goût détestable, l'on retrouva les croix dont l'Eglise signe les murs des édifices qu'ont sanctifiés les onctions saintes.

L'achèvement de la chapelle combla les vœux d'Anglèze de Sagazan, tout en dégageant et en consacrant sa mission.

L'enfant avait grandi, non seulement en âge, mais encore en modestie et en générosité. Avait-elle conçu d'elle-même le projet, ou avait-elle reçu de la Sainte Vierge l'ordre de devenir religieuse ? En 1536, elle alla frapper à la porte d'un couvent de Cisterciennes, établi à Fabas, dans le diocèse du Comminges, à six lieues de Garaison. Ce monastère s'appelait Lum-Dieu, Lumière de Dieu ; nos aïeux voyaient, non sans quelque raison, dans toute maison religieuse un foyer d'instruction et de vertu, et partant, un nouveau foyer de lumières et un nouveau reflet de Dieu. L'abbaye de Fabas recevait les jeunes filles des plus nobles familles du midi et ne recevait que des nobles. Mais, observe Molinier, l'aristocratique abbaye aurait-elle pu repousser, à cause de sa petite condition, celle que la Reine des cieux avait préférée aux enfants des familles les plus illustres ? Si l'adoption des grands donne entrée dans leurs familles, si la faveur des rois est un titre de noblesse, l'humble Anglèze présentait, à défaut de parchemins, des titres qui valaient ceux des plus nobles religieuses de fabas. Toutefois, une tradition, encore très répandue dans ce pays, veut que, pour leur faire adopter ces idées, il n'est pas moins fallu qu'une intervention divine, Anglèze aurait dût se présenter trois fois à la porte de l'Abbaye. Quand, après deux refus, elle revint pour la troisième fois. Dieu aurait en sa faveur renouvelé un prodige que nous vivons dans certaines vies de saints : les portes se seraient ouvertes d'elles-mêmes et les cloches auraient sonné sans qu'on y touchât. Ce miracle aurait levé toutes les difficultés et permis à Anglèze de répondre à l'appel de Dieu.

Restait un dernier obstacle. La règle du Monastère défendait expressément d'admettre aux vœux solennels celles qui n'auraient pas une pension assignée pour fournir à leur propre entretien et aux charges de la maison. L'abbesse n'osait passer outre à ce point rigoureux de leurs statuts. Dans une transaction de 1537, les consuls de Monléon avaient bien promis que " La Monge, demeurant au monastère de Fabas, serait faite professe et entretenue aux dépens de la chapelle " ; mais promettre est un et tenir est un autre ... Anglèze était novice depuis six ans, et les consuls de Monléon n'avaient pas encore eu le temps d'exécuter leurs promesses !... La Vierge Immaculée permettait ces retards et ces humiliations, pour asseoir la vertu de son ouvrière sur un humilité solide, pour mieux lui montrer le prix de la vocation religieuse et lui faire multiplier les actes de persévérances jusqu'à l'héroïsme.

Enfin, le 17 février 1543, par un titre solennel et authentique, les consuls et les habitants de la ville de Monléon s'obligèrent envers noble " Dame Sœur Brune de Monléon, Abbesse du monastère de Fabas, de l'ordre des Citeaux, au diocèse de Comminges, à lui payer une pension annuelle pour les aliments, habits et entretiens nécessaires de Sœur Anglèze de Sagazan, qui est leur bergère, durant sa vie, et ce afin qu'elle soit reçue professe audit monastère... la raison qui les oblige à user de cette gratification envers elle, c'est que la chapelle de Garaison où se font tant de dons, lesquels ils ont en charge, a été bâtie à la suite de la révélation faite à ladite bergère de Sagazan, religieuse, alors qu'elle était dans le monde... "

Sa vie religieuse :

Devenue professe après un tel noviciat, Sœur Anglèze fit des progrès rapides vers la plus haute perfection. M. l'abbé Figarol, chanoine de Lombez et directeur des religieuses de Fabas, en rend le témoignage le plus complet dans une lettre à Pierre Geoffroy : l'obéissance de Sœur Anglèsz de Sagazan était entière, sa simplicité naïve, son humilité profonde, sa douceur admirable ; ceux qui l'ont vue de près, assurent que jamais il ne remarquèrent sur son visage le moindre signe de colère ou d'indignation, et que son cœur ne fut jamais accessible au moindre ressentiment. Elle était surtout discrète, retenue, gardant le secret des merveilleuses visions et révélations qu'elle ne racontait jamais qu'à regret et par ordre de ses supérieurs. Elle imitait ainsi la Vierge qui lui était apparue et qui, loin de faire ostentation des mystères accomplis en elle, les conservait et les méditait en son cœur dans un humble et religieux silence.

Soit que la clôture ne fût pas d'une rigueur absolue, soit que le Mère Abbesse eût une absolue confiance dans l'humilité de sa Religieuse ou qu'elle cédât à de nombreuses demandes, Anglèze alla, plusieurs années, dans les grandes fêtes de Marie, à sa chère chapelle de Garaison. Du plus loin qu'il l'apercevait, le peuple accourait à sa rencontre pour la voir et l'acclamer ; il déchirait les habits de la voyante et en gardait les morceaux comme des reliques. Toutes ces marques de vénération alarmèrent sa délicatesse et la délicatesse des supérieurs ; peut-être aussi craignit-on quelques superstitions de la part de ces braves gens... Anglèze ne vint plus à Garaison qu'une fois par an, et bientôt elle cessa complètement d'y venir.

Anglèze, dès lors, acheva de faire en elle ce détachement parfait, qui recule toujours à mesure qu'on le poursuit. Elle jeûnait particulièrement le samedi, et, durant ce jour consacré à la Vierge, elle se tenait seule et recueillie dans sa cellule en méditation et en contemplation. La supérieure lui permettait d'agir de la sorte, et ce n'était pas sans un grand profit pour son âme. Cette âme bénie, en ces jours de solitude absolue, fut toujours favorisée de grandes consolations et, plus d'une fois, de nouvelles Apparitions de la Très Sainte Vierge qui remplissait toute la chambre de rayons de lumière.

Enfin, après avoir, pendant quarante-six ans, gardé les moindres observances de la vie religieuse, après avoir édifié le monastère de Fabas, elle mourut en odeur de sainteté, la veille de la Nativité de la Très Sainte Vierge, l'aAn de Notre-Seigneur 1589, âgée de plus de cent ans.[...]




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Notes

[1] Sources : Gallica.bnf.fr - Bibliothèque Nationale de France
Note-Dame de Garaison depuis les apparitions jusqu'à la révolution française (1500-1792) -
P. Bordedebat - Imprimerie de la Grotte - 1901 - Lourdes.

[2] On a retrouvé les fondations de cette première chapelle dans la cour du Nord, dite des acacias ou de Sainte Germaine.


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département 65.

© Marie-Pierre MANET









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