La monographie de 1887 de la commune de Collongues
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


Située dans le canton de Pouyastruc, la commune de Collongues est limitée, au nord par Louit ; à l'est par Bouilh-Darré ; au midi, par Pouyastruc et à l'ouest par Sabalos.


Son territoire se divise en deux sections qui ont la première une superficie de 9.445 ares et la seconde de 12.100 ares, soit au total 21.545 ares. Elle est distante de 31 kilomètres du chef-lieu de canton, et de 13 kilomètres de celui du département.


La partie de la commune dans laquelle sont construites les maisons d'habitation forme la section B ; c'est la partie élevée du village. L'autre partie comprend la plaine dite de l'Estéous et de la Lande au bord de laquelle coule le ruisseau désigné sous le nom de l'Estéous. Ce ruisseau est principalement alimenté par les eaux de pluie de sorte qu'il tarit presque pendant tout l'été. Parfois il déborde à la suite de pluies abondantes ou d'un fort orage et cause des dommages appréciables aux récoltes avoisinantes. Le sol de la commune ne produit pas de richesses naturelles.


L'eau potable est relativement bonne et assez abondante ; elle est fournie par deux fontaines publiques dites du bord de l'Escau et de Mou??? et aussi par deux puits communaux qu'on a construits en 1885. On compte, en outre, quatre puits particuliers.


L'altitude de la commune est de 335 mètres.


Le climat est tempéré, mais le vent du nord-ouest y souffle parfois avec violence et les pluies y sont fréquentes. La température n'est jamais trop rigoureuse.


Quant à la salubrité, elle est parfaite à cause de l'élévation du lieu et de la facilité avec laquelle s'écoulent les eaux.

II


La population de Collongues était en 1884, de 209 habitants. Aujourd'hui elle est descendue à 185. Cette décroissance, qui suivra encore sa marche progressive, a pour cause l'égoïsme des familles ; on redoute le partage des biens de la maison et ainsi évite-t-on d'avoir au-delà d'un ou deux enfants.


Les maisons d'habitation au nombre de vingt-neuf sont assez agglomérées et ne forment donc pas de hameaux distincts.


La commune est administrée par un maire et un adjoint assistés d'un conseil municipal de dix membres dont ils font partie.


Elle dépend pour le service du culte de la paroisse de Louit ; le vicaire qui la dessert habite cependant le village même.


Elle est assujettie à la perception de Pouyastruc dont le siège est à Tarbes.


C'est un facteur du bureau du chef-lieu de canton qui la dessert pour les postes et les télégraphes.


La valeur du centime communal est de 5f.85.


Les revenus ordinaires atteignent en moyenne la somme de 550 francs.

III


Les produits de la localité consistent en vin blanc, blé, avoine, pommes-de-terre, bois de construction et de chauffage.


La culture principale est celle de la vigne qui donnait avant l'apparition du mildew, une récolte moyenne de mille hectolitres.


Vient ensuite celle du blé dont le rendement annuel est d'environ cinq cents hectolitres. Le maïs est cultivé en quantité bien moindre. Quelques propriétaires seulement sèment de l'avoine. Au contraire, toutes les familles cultivent le maïs qui est employé en grande partie, pour engraisser les animaux de basse-cour. Les gens, de leur côté, en font, sous forme de pâte, un usage quotidien.


Les procédés de culture employés sont ceux enseignés par l'affreuse routine, qui semble devoir régner longtemps encore en maîtresse absolue.


Le meilleur moyen de combattre ce fléau des campagnes, serait à mon humble avis, d'attacher à l'école un champ d'expériences. Les cultivateurs forcés ainsi de constater les avantages d'une culture supérieure, finiraient par se rendre à l'évidence et le service rendu à tous serait immense car la manière défectueuse dont on opère en agriculture peut être aussi désastreuse que les intempéries auxquelles nous sommes malheureusement trop habitués depuis quelques années !


La commune possède un bois de chênes de haute futaie ; il est soumis au régime forestier et surveillé par le brigadier des forêts en résidence à Pouyastruc. Chaque année, il s'y fait une coupe ordinaire d'une trentaine d'arbres environ. Le montant de cette coupe s'élève à cinq cents francs en moyenne et sert à faire face aux dépenses obligatoires.


Ainsi que je l'ai exposé plus haut, les vignes constituent la principale ressource du village et produisent un vin qui est justement apprécié. Mais il est à craindre que le phylloxéra et le pouyridé favorisés dans leur besogne destructrice par la nature calcaire du sol, ne réussissent bientôt à les détruire complètement ! Bien qu'ayant apparu depuis cinq à six ans à peine, ces deux maladies ont déjà exercé leurs ravages sur une contenance d'au moins deux hectares. J'ai la douleur de devoir ajouter que malgré cette preuve cruelle de l'existence de la maladie, beaucoup de cultivateurs osent avouer hautement qu'ils n'y croient pas et soutenir que le mauvais temps, la gelée, etc. sont les seules causes du dépérissement de certaines parties de vignes.


Les animaux employés pour les travaux agricoles sont les boeufs et les vaches. Les juments qu'on livre en même temps à la reproduction, servent à transporter, à la ville sur des breaks ou des jardinières, les gens et certains produits agricoles ou de basse-cour. Les familles les plus pauvres se servent pour cela d'ânesses.


Comme animaux de basse-cour, on possède des poules de race commune.


On ne constate dans le village qu'un troupeau de vaches et un autre de moutons appartenant au même propriétaire. Il importerait qu'on tint plus de bétail, attendu que le bétail c'est le fumier, et le fumier, l'abondance dans les récoltes. Mais on reste également rebelle à cette vérité.


Le nombre des chasseurs est de trois. Ils rencontrent des cailles, des lièvres et en automne et en hiver, des oiseaux de passage. Les perdrix sont rares.


Quant au poisson, il fait complètement défaut, le ruisseau principal tarissant pendant tout l'été.


Le village est traversé du nord au midi par la route départementale qui va de Rabastens à Tournay ; et, de l'est à l'ouest, par un chemin de grande communication qui rejoint à Pouyastruc la route nationale de Trie à Tarbes. C'est ce chemin qu'on suit quand on veut aller au chef-lieu du département.

IV


On raconte que les femmes de Collongues se distinguaient autrefois par leur cou fort allongé, et c'est cette particularité qui aurait fait donner au village le nom de Collongues qui, en patois, veut dire, en effet Cot (cou) louncos (longues). Je ne soutiendrai pas que c'est là la véritable étymologie de son nom.


L'histoire municipale de Collongues, quelle est-elle ? Je l'ignore : malgré mes investigations, je n'ai rien pu trouver ni apprendre d'intéressant.


La commune n'a jamais donné le jour à des personnages vraiment célèbres.


Son idiome est le patois ; elle n'a pas de chants particuliers.


Les moeurs de ses habitants sont assez bonnes bien que l'éducation vraie fasse défaut. Leurs moeurs sont simples, ils ignorent complètement le luxe, mais aussi le bon goût : le foulard, le béret et la blouse, traditionnels y sont toujours en honneur.


L'alimentation, de son côté, laisse beaucoup à désirer : la pâte torréfiée, les châtaignes grillées ou bouillies et les pommes-de-terre constituent la base de la nourriture quotidienne, et par ces temps de disette de vin, le propriétaire aisé même boit de l'eau vinaigrée.


Des monuments proprement dits, il n'y en a pas.


Les archives communales ne contiennent aucun document ni ouvrage intéressant relatif à l'histoire de la commune. En outre, des registres de l'État-Civil, on n'y trouve que des bulletins des lois, des recueils d'actes administratifs et autres pièces insignifiantes.

Annexe au titre IV - Enseignement


L'école du village a toujours été mixte et dirigée par un instituteur.


D'abord la classe se faisait tantôt dans une maison, tantôt dans une autre où les élèves se rendaient tour à tour.


Plus tard, on fit bâtir au coin d'un chemin, tout près de l'église, une chambre qui servait en même temps de salle de classe, de logement, de cave, de remise etc. Plus tard encore, à cette construction fut ajoutée une cuisine, et enfin on exauça le tout. De cette façon, on eut deux chambres au premier. Tel est le logement qui existe aujourd'hui.


Il est insuffisant et malsain. Le fond de la salle d'école sert encore de bûcher et de cave. L'instituteur n'a ni jardin ni cour. Pendant la récréation, les élèves prennent leurs ébats sur la rue même. Aussi, à tous les points de vue, importerait-il qu'on fit construire au plus tôt une nouvelle maison d'école.


Par une coupe extraordinaire et un emprunt à la caisse des écoles ou une imposition de quelques centimes, la commune parviendrait aisément à faire la somme exigée pour sa part contributive, soit environ de 4 à 500 francs.


Le nombre des élèves en âge de fréquenter l'école peut-être d'une vingtaine au plus. La fréquentation est très irrégulière. Les parents qui ont à peine appris à lire et à écrire ne comprennent pas suffisamment le prix de l'instruction et retiennent en conséquence, leurs enfants à la maison, le plus souvent, pour des occupations futiles. On ne rencontre plus cependant d'illettrés absolus, chacun sachant signer et écrire quelque peu.


Le traitement du soussigné est de 1.100 francs. Le secrétariat de la mairie lui vaut, en outre, 60 francs. Le chant d'église n'est pas payé, et pourtant l'instituteur est obligé, pour ne pas se mettre la commune à dos, de prêter tout son concours. Puissent les instructions formelles nous défendre bientôt tout service d'église, gratuit ou payant, comme le dit la loi ; alors seulement nous pourrons nous déclarer vraiment indépendants du curé et de sa suite !

L'instituteur public

Armaignac.




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© Marie-Pierre MANET









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