La monographie de 1887 de Momères
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


La commune de Momères, canton et arrondissement de Tarbes, à six kilomètres au sud de cette ville, est située en plaine, sur le bord de l' Adour.

Elle est bornée au nord par les communes de Horgues et d' Odos ; à l'est par celles de Salles-Adour et de Bernac-Debat ; au sud et à l'ouest, par Saint-Martin.

Son territoire est de 218 hectares seulement.

Les canaux du moulin et de la Gespe, qui dérivent de l'Adour, viennent le fertiliser et y entretenir la verdure et la fraîcheur.

Momères compte une population agglomérée de 530 habitants (126 maisons et 131 ménages).

Quoique les habitants némigrent point, ce chiffre tend plutôt à diminuer quà augmenter, car le nombre des naissances est toujours inférieur à celui des décès, et il y a beaucoup de vieux célibataires des deux sexes.

La commune est administrée par un maire, un adjoint et douze conseillers municipaux.

Elle forme une succursale desservie par un seul prêtre.

Elle fait partie de la perception de Laloubère et relève du bureau de poste de Tarbes.

Le centime a une valeur de 18 francs. Les revenus ordinaires s'élèvent à environ 1.200 francs.

II


La population est essentiellement agricole. Vingt hectares sont annuellement consacrés à la culture du froment, 45 à celle du méteil, 45 à celle du maïs et 25 à celle des pommes-de-terre. Je ne parle pas des cultures dérobées du petit millet, du sarrasin, ni du trèfle incarnat.

Les praires naturelles occupent une superficie de soixante-deux hectares et les prairies artificielles environ six hectares.

Naguère encore, le sol arable était soumis à l'assolement biennal (blé et maïs). Maintenant soit que les conférence de l'excellent professeur départemental d'agriculture aient produit leur effet, soit que l'exemple d'agriculteurs intelligents ait été plus puissant que les préceptes, l'assolement triennal est généralement adopté dans la commune, avec la rotation suivante : blé, maïs,pommes-de-terre.

On peut évaluer le rendement moyen par hectare à :

- Froment : 18 hectolitres.
- Méteil : 20 hectolitres.
- Maïs : 36 hectolitres.
- Pommes-de-terre : 120 hectolitres.

On ne compte dans le territoire de la commune que six hectares de bois (essence de chêne) non soumis au régime forestier et cinq hectares de vigne.

Le phylloxéra n'a pas encore fait son apparition ici ; mais le mildew y exerce ses ravages depuis trois ans. Plusieurs cultivateurs l'ont combattu l'année dernière (la plupart avec succès) au moyen de la bouillie bordelaise.

Cette année, toutes les vignes seront traitées d'après ce que l'on s'accorde à dire.

Vingt à trente degrés centigrades en été, dix à douze au printemps ; douze à quinze en automne ; trois à quatre degrés au dessous de zéro dans les plus grands froids de l'hiver, telle est à peu près la température moyenne de Momères qui se trouve à environ quatre-cents mètres d'altitude.

Le climat est salubre, il n'est pas rare,en effet, de voir des personnes dépasser l'âge de quatre-vingt-dix ans.

III


Les habitants de cette commune se livrent avec succès à l'élevage des animaux domestiques qu'ils choisissent et soignent avec intelligence, comme le prouvent les nombreux prix qu'ils remportent annuellement dans les divers concours.

Les vaches laitières de Lourdes sont particulièrement recherchées ici.

Les chevaux pur sang anglais et les chevaux anglo-arabe y sont élevés en assez grand nombre aussi.

Quelques cailles en été, quelques grives en automne et au commencement du printemps, tel est à peu près tout le gibier de Momères ; car il n'y a plus de perdrix et bientôt plus de lièvres au dire des chasseurs.

Il n'y a presque plus de poissons dans l'Adour depuis que les pêcheurs savent les détruire avec du chlorure de chaux.

Le village est traversé du nord au sud par la route nationale N° 135 qui conduit à Tarbes et à Bagnères.

L'embranchement du chemin de fer de Tarbes à Bagnères dessert la commune ; la station de Bernac-Debat se trouve à environ 1.200 mètres de Momères.

Il ne se tient dans la commune ni foires, ni marchés. Il n'y a pas de commerce local.

Les mesures mériques sont seules en usage ici. La seule mesure ancienne conservée est le journal (mesure agraire de la valeur de 22 a 43).

IV


Il est difficile d'établir sur des bases solides et même sur des documents précis l'étymologie du nom de la commune. Il est permis cependant, étant donné, le caractère de la population, de supposer une étymologie rationnelle. Le nom de Momères, pourrait bien avoir pour origine le mot momerie. les habitants de cette localité sont généralement doués d'un esprit raillant, et d'autre part, ils sont profondément attachés au culte de la religion catholique. Il n'est pas impossible que dans un temps plus ou moins reculé, la population ait été regardée comme s'attachant trop exclusivement aux pratiques extérieures de ce culte, et que l'on ait voulu stigmatiser, par un mot destiné à rappeler cette habitude, une manifestation exagérée de sentiments pour sincères.

Cette hypothèse semble puiser une certain crédit dans un fait que la tradition a conservé. La commune actuelle était autrefois, dit-on, la propriété d'un couvent de Bénédictines, dont chaque habitant recevait toutes les semaines trois petites miches. De là vient sans doute l'origine du surnom dont on a gratifié les Momériens, Croque-michetas de Momères. Quoiqu'il en soit, c'était là une condition qui devait imposer aux habitants certains devoirs religieux rigoureusement remplis, ces devoirs n'eussent-ils pas été tout à fait de leur goût. De ces dehors obligés à l'idée de momerie, il n'y a qu'un pas, et de pas a dû être vite franchi dans un pays où la raillerie est peut-être le principal caractère de la population.

L'existence du couvent des Bénédictines rappelle une légende très vague comme tout ce qui est légende. On parle d'un combat que le prieur du couvent, à la tête des Momériens, aurait livré à un ennemi qui serait venu l'attaquer. Quel était cet ennemi, quelle est la date du combat, on n'en sait absolumment rien. Il ne saurait être question, selon moi, d'un épisode de la guerre civile du XVIe siècle. Quelque éloignée que soit déjà de nom cette lamentable époque, les évènements qu'elle a vus s'accomplir appartiennent à l'histoire. Il faut évidemment remonter plus haut et atteindre sinon les incursions des Sarrasins, du moins les luttes qu'on avait l'habitude de se livrer entre voisins puissants dans le cours du XIe siècle sous la présence des Anglais dans notre pays pendant la guerre de cent ans.

Annexe au titre IV : enseignement


Une école publique pour les garçons et une école publique pour les filles donnent l'instruction primaire élémentaire dans la commune. Il n'y a pas très longtemps qu'il n'y avait qu'une école mixte, et encore était-elle dirigée par un tisserand qui donnait ses leçons en lançant la navette, toujours au dire des habitants, car je n'ai trouvé dans les archives aucun document concernant les écoles, qui soit antérieur à 1850.

Les écoles sont assez bien fréquentées, et, depuis plusieurs années, il ne s'est trouvé dans la localité aucun conscrits illettré ; tous savent lire et écrire. Tous les conjoooints signent leur acte de mariage.

La caisse d'épargne est instituée dans l'école des garçons depuis bientôt huit ans ; mais elle avance à pas de tortue.

La bibliothèque scolaire n'existe pas encore ; mais elle va fonctionner prochainement.

Mettant en pratique les conseils qui nous ont été donnés en conférence pédagogique par Mr l'Inspecteur primaire, j'ai obtenu un placard propre à recevoir des livres, et, dernièrement le conseil municipal a voté une allocation pour l'achat d'ouvrages.

Donc la bibliothèque populaire peut-être considérée comme instituée à l'école de garçons.

Puissé-je, avant de terminer ma carrière, doter l'école qui m'a été confiée et la commune de Momères, de tous les éléments propres à élever le niveau intellectuel et moral de la population ! Ce serait le couronnement désiré de mon oeuvre. C'est en tout cas, avec le désir de remplir convenablement ma tâche, mon voeu le plus ardent, et ce sera mon but le plus résolument poursuivi.

L'instituteur public

Momères, le 12 avril 1887

Cénac Jh..




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© Marie-Pierre MANET









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