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Adolphe Pédebidou
Président du conseil général
sénateur - maire de Tournay
( 1854 - 1925)
.[1]



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(1854 - 1925)

Première personnalité politique du département,
Adolphe Pédebidou est né à Tournay (H.P) le 16/12/1854.
Président du Conseil Général
Sénateur et maire de Tournay.
Il décède brutalement au cours du déraillement de l'express
Bordeaux-Paris, le 26/03/1925.
Ses funérailles soulèvent des problèmes
suite à la loi de 1905 (Séparation de l'Église et de l'État)
.


adolphe Pédebidou[1]

Ancien élève du Lycée Théophile Gautier de Tarbes, puis de l'école de médecine de Toulouse, il se marie avec Hélène Latapie, originaire de Cauterets.

Il s'installa comme médecin thermaliste à Cauterets et fut médecin fondateur puis vice-président du Syndicat National des Médecins Thermaux. Inscrit au Parti Radical, il se lan&ce très vite dans la politique : Conseiller Général du canton de Tournay, à 32 ans, député sept ans plus tard, sénateur et Président du Conseil Général en 1900, il est, par la suite, toujours réélu.

En 1905, il vote avec ses amis politiques la loi de séparation de l'Église et de l'État.

Mobilisé en 1914 et affecté comme médecin-chef dans un hôpital d'évacuation, il est décoré de la Légion d'Honneur.

En 1921, il vote avec la chambre "bleue horizon" la reprise des relations diplomatiques avec le Vatican proposé par le président du Conseil Aristide Briand. Il fut aussi victime de sa notoriété au plan national.

Sur le plan communal, il fit, entre autres, édifier un hôpital-hospice (actuellement Institut d'éducation motrice A. Pédebidou) et exigea qu'il soit dirigé par des sœurs, d'abord Filles de la Croix puis Filles de la Charité.

A sa mort, les journaux, quelle que soit leur tendance politique, ont souligné les qualités humaines du docteur Pédebidou : pour le "Républicain" le docteur Pédebidou "était un homme gai, très bon, affable, intelligent et cultivé, d'une prodigieuse activité, grand travailleur et très attaché au sol natal..." ; le "Semeur", bien que n'étant pas d'accord... "avec ses votes et son action politique" reconnaît "ses qualités personnelles et humaines", François Alicot, rédacteur de "La Dépêche", souligne un bémol dans son engagement politique qui jouera dans le décision de l'évêque au moment des funérailles. Il écrit : ..."Il représentait au Sénat les tendances les plus avancées du parti Républicain... il fut toujours fidèle à son parti sauf lorsqu'il vota pour la reprise des relations diplomatiques avec le Vatican."

Le climat politique venait brusquement de s'envenimer à la suite d'un manifeste des cardinaux et des évêques français qui avait provoqué à la Chambre des Députés, renouvelée en 1924, une interpellation suivie d'un vote. Les députés, majoritairement de gauche, avaient renouvelé, à cette occasion, leur attachement à la loi de séparation de l'Église et de l'État qui avait rompu en 1905 le Concordat. Le président du conseil, Édouard Herriot, s'était emporté et aurait, d'après la presse de l'époque, prononcé des paroles très dures contre le catholicisme et "le christianisme des banquiers". C'est dans ce contexte, qui aurait pu radicaliser les prises de position, que va être prise, avec beaucoup de diplomatie, la décision ou non de procéder à un cérémonial funéraire religieux.

Le vendredi 27 mars, les tournayais demeurèrent consternés à l'idée que leur Maire allait avoir des obsèques civiles et non religieuses car la loi de 1905 qu'avait votée le docteur Pédebidou l'excommunié et donc le privait d'obsèques religieuses. Le curé-doyen Cazala-Carrère se rendit le jour même à Lourdes pour obtenir une dérogation auprés de Mrg. François-Xavier Schoepfer. Finalement, l'évêque laisse ce brave prêtre seul en face de ses responsabilités qui adroitement finit par répondre aux vœux de la famille et de la population sans heurter personne.

Voici, à titre d'exemple, celui du journal "le Semeur" qui est le seul journal à relater la cérémonie religieuse dont il n'était pas fait mention dans les avis d'obsèques parus le vendredi 29 mars.

"Les obsèques du Sénateur des Hautes-Pyrénées ont eu lieu dimanche, à 14 heures 30, au milieu d'une foule énorme, venue des quatre coins du Département. Tous les Parlementaires des Hautes-Pyrénées étaient présents, ainsi qu'une dizaine de Conseillers Généraux, M. le Préfet, les chefs ou les représentants de toutes les Administrations départementales, les membres du corps médical du Département.

En raison de l'affluence, la partie de la cérémonie réservée aux discours a eu lieu sur la place centrale de Tournay, devant la maison mortuaire. Ont successivement pris la parole : MM. Taussac, Préfet des Hautes-Pyrénées, Gabarrot, Adjoint au Maire de Tournay, Noguès, Fould et Nogaro, Députés ; le Docteur Gauté, au nom du corps médical : Paul Dupuy au nom du Sénat ; Errecaret[2] de Bourg-de-Bigorre. La levée du corps a été ensuite faite par M. le Curé-Doyen de Tournay, accompagné d'un chantre, et un immense cortège s'est formé devant l'église.

Le deuil était conduit par Mme Pédebidou, qu'accompagnaient les docteurs Pierre Loubet et Pradal, neveux du défunt, et M. le Docteur Pédebidou, du Pré Saint Gervais, son cousin.

Au cours de la cérémonie religieuse, M. le Curé-Doyen a donné lecture de la déclaration reproduite ci-dessus."

Ce texte a été fourni au journaliste par le Curé-Doyen qui ne s'est pas contenté de le lire en chaire. Sa "certitude personnelle et les motifs sur lesquels elle se fonde" ont bien été rendus publics selon le vœu de Monseigneur François-Xavier Schoepfer.

C'est donc avant de donner l'absoute que le prêtre s'adressa à l'assistance en ces termes :

Mes bien chers Frères,

Je suis heureux de vous certifier, sur mon honneur de Prêtre, que, dans des conversations privées comme dans des discours publics, M. le Sénateur Pédebidou avait manifesté le regret d'avoir voté la loi de Séparation.

Je peux également affirmer que les dispositions de M. le Sénateur Pédebidou, concernant la pratique de ses devoirs de Chrétien, se montraient de plus en plus favorables. Les cruelles et soudaines épreuves de famille qu'il avait éprouvées, ces temps derniers, le ramenaient visiblement vers Dieu.

Ne me disait-il pas, dans une conversation toute récente, en présence de Madame Pédebidou, qu'il était disposé à recevoir les secours de la Religion à ses derniers moments ?

Je suis donc heureux que ces divers changements que je vous ai signalés nous permettent, conformément à un Rescrit de la Sacrée Pénitencerie du 20 mai 1908, d'accorder les honneurs de la sépulture ecclésiastique à M. Le Sénateur Pédebidou, qui, par le vote de la loi de Séparation, avait malheureusement encouru l'excommunication.

Nous souhaitons que Dieu lui ait fait grâce et miséricorde. Puissent nos prières contribuer à lui obtenir le repos éternel.


Sûrement bien perçu auprès des fidèles présents dans la nef, ce texte publié dans la presse et livré ainsi au grand public a dû faire l'objet de commentaires sans cependant soulever de polémiques dont il resterait la trace aujourd'hui.

Le ville de Tournay marque sa reconnaissance en donnant le nom du Sénateur-Maire à la rue principale, et, nous l'avons vu, à l'Institut d'Éducation Motrice.

Docteur Yves Béard






 

Notes

[1] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Bulletin de la Société académique
des Hautes-Pyrénées
Société académique
des Hautes-Pyrénées.
------


Notes

[2] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
M. Erraçaret, père du maire de Tarbes,
directeur d'école à Bourg-Bigorre
représentait les communes des Baronnies.



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© Marie-Pierre MANET







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