Les gens de couleur en Bigorre
au XVIIIe siècle
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[1] Les colons des îles n'avaient pas honte de leurs enfants de couleur. Ils les amenaient en France. C'est un point qu'il ne faut pas oublier et qui compliquait le préjugé de couleur et parfois faisait contre-courant.

Les Bigourdans aux "isles", notamment à Saint-Domingue, ont suivi l'exemple des autres colons. Peyrigué-Lalanne, de Labatut, colon dans la région du Haut-du-Trou du Dondon, à la Marmelade, dans le nord de l'île, s'embarque au Cap en 1793, après l'incendie de la ville et amène avec lui un bâtard qu'il a eu d'une négresse libre, Madeleine et qu'il a reconnu. Ce mulâtre, né en 1783, au Haut-du-Trou, meurt peu après son arrivée en France, à Labatut en 1793, à l'âge de dix ans.

A Auriébat, le sieur Laffite revenu de "l'isle de Grenade, en Amérique", en 1770 a aussi entraîné avec lui sa négresse-servante, nommée Charlotte. Celle-ci meurt à Auriélbat en 1775. Elle représente ce type courant aux îles de la maîtresse-servante du colon.

Dans la liste des gens secourus dans les Hautes-Pyrénées, après les troubles de Saint-Domingue et où figurent peu de vrais colons mais plutôt des boutiquers des villes, habitant étant pris au sens moderne, se trouvent des gens de couleur. Ils sont désignés par la lettre M qui veut dire mulâtre. C'est un signalement traditionnel. Ainsi en floréal an V : "... la citoyenne Lucie Lucé, fille de couleur, originaire et réfugiée de Saint-Domingue est domiciliée depuis quatre ans dans la commune de Tarbes. La privation de la pension que lui faisait le colonel Dubreuil resté aux colonies, réduit cette infortunée à la détresse des Américains dont les propriétés souffrent de l'état actuel... "

Dans la même situation à Tarbes se trouvent les familles de couleurs, Pierrefitte, Prunès ; à Bagnères, les Baudoin, les Pinères. A Tarbes, Lucile Lucé vit avec une partie de la famille Dubreuil, notamment avec le fils Dubreuil, alors que le père est encore à Saint Domingue.

Certains mulâtres, établis en Bigorre, depuis le milieu du siècle, contractent mariage entre eux. Le registre paroissial de Maubourguet conserve le mariage de " Joseph Lacroix, nègre, natif d'Engola, royaume du Congo en Afrique, habitant Bagnères en qualité de trompette de la ville, fils majeur de feu Jean Lacroix et de Thérèse Marie, nègres, avec Marie, négresse de nation, habitante de Maubourguet, depuis de longues années au service du sieur Philartigue, négociant "...

Ces quelques exemples isolés ne doivent pas être les seuls. Aussi pensons-nous pouvoir retrouver par la suite de nombreux retour au pays natal de colons qui se font accompagner de cochers, de femmes de chambre, de laquais et de chasseurs de couleur. Les registres paroissiaux permettront de suivre les traces de ce contre-courant des mariages, des décès, des descendances de ces affranchis qui vont se fondre assez vite dans le milieu ouvrier urbain et même bourgeois de la métropole ou dans les cliques des régiments du roi ou de la République.

R. Massio


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Notes

[1] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Bulletin de la Société académique
des Hautes-Pyrénées - 1954.


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© Marie-Pierre MANET






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