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L'incendie du bourg de Campan
19 Novembre 1694
.
[1]


(Texte écrit en vieux français)


Sceau
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de Marie-Pierre Manet






Le bourg de Campan a été au cours des siècles, dévasté par deux grands incendies, dont l'un remonte au 28 janvier 1597 et l'autre au 19 novembre 1694.

Dans le premier, qui commença par la maison de Cholet Baïlac, cent soixante-cinq maisons devinrent la proie des flammes. parmi ces maisons, se trouvait celle de Me Domenjon Ortigue, notaire royal, sise sur la place du Borgela dont il ne resta que les murailles.

Dans le dernier furent brûlées l'église paroissiale avec son clocher, la halle et plus de cent maisons, dont celles de Pierre Galiay Garranbert, garde-archives et trésorier de la communauté, de Mrs Dario et Brune, notaires.

Grâce à un procès-verbal d'enquête, remontant à l'année 1726, en notre possession, nous sommes en mesure de produire sur son compte de curieux détails restés jusqu'à ce jour inédits. [...] Quatre témoins furent nommés " mémorables et sçavants " dont ceux pris à Asté : Mr Martial Théas, notaire, et Blaise Lhez, marchand, et deux à Beaudéan : Arnaud Cossié, dit Tambour, et Arnaud Cossié, dit Manéchal, laboureur.

À l'issue de l'audience, Me Dominique de Berne, reçoit leurs dépositions dans sa maison d'habitation, size rue de la Font.

Mr Martial Théas, âgé de 65 ans, premier témoin interrogé par le Juge, répond " qu'en l'année 1694 et le 19e jour de novembre environ de l'après-midy, il auroit entendu le bruit que faisaient un nombre de personnes audit Asté que le feu s'étoit pris au bourg de Campan, qu'estant sorti de sa maison pour voir ce que s'estoit et s'estant avancé jusqu'au dessus du village et endroit dont il pouvoit dicerner le feu dont on avoit fait le bruit, auroit clairement veu qu'en effet le feu s'estoit prins au bourg et qu'il commençoit à se saisir du clocher de la grande église et que le vent qui venoit du midy estoit si violent qu'il tansportoit les brandons à distance à un quart de lieue dudit bourg, ce qui l'auroit engagé à se transporter avec d'autres audit Campan pour donner du secours et à peine fut il arrivé, il vit que le feu avoit déjà consumé une bonne partie du bourg sans qu'on put donner aucun secours, et vit que les maisons de Pierre Galiay Garranbet, garde-archives et trésorier de la communauté, aussi bien que celles de Mrs Dario de Brune, notaires, même, peu de jours après étant retourné audit bourg, les habitans consternés disoient que non seulement l'incendie avoit consumé les maisons mais encore les effets qui y étoient dedans. "

Blaise Lhez, marchand, âgé de 73 ans, deuxième témoin, " a déposé d'une parfaite mémoire sur l'incendie qui arriva l'an 1694 et le 19e jour de novembre, dont le bruit fut répandu dans toute la province comme chose extraordinaire, qu'il vît l'incendie depuis les trois heures dudit jour et continua le reste dudit jour et de la nuit suivante parce que lui et autres habitans dudit lieu d'Asté sortirent jusqu'au dessus du village d'où ils distinguèrent parfaitement bien ladite incendie et comme elle s'estoit prise au clocher de l'église paroissiale et ensuite avec d'autres habitans feut audit Campan pour voir se spectacle affligeant, il vit que ladite incendie en avoit emporté plus de la moitié dudit bourg, ladite église et halle, et observa que la maison de Galiay Garranbet et celles de Dario et Brune, notaires, estoient du nombre, et que les effets et meubles qui estoient dans lesdites maisons avaient eu pareil sort. "

Arnaud Cossié, dit Tambour, âgé de 52 ans, a déposé " que, par un jour de vendredi 19 novembre 1694, les habitans de Beaudéan furent tous obligés de rester au-dessus de leurs maisons, munis de chaudières et de linceuls trempés qu'ils jettoient sur leurs maisons et bordes pour empêcher que les brandons de feu que l'impétuosité du vent qui venoit du costé du midy et qui sortaient de l'incendie qui ravageoit le bourg dudit Campan, n'incendiât également les maisons du déposant et les autres de Beaudéan, ayant évidament veu le désordre que causoit ladite incendie et dont l'église, la halle et la plus grande partie des maisons étoient incendiées et consumées dans l'intervalle qui s'écoula depuis les trois heures d'après-midy et pendant la nuit suivante jusqu'au lendemain matin, parmi lesquelles maisons de Campan incendiées estoient celles du sieur Galiay Garranbet, de Dario et de Brune, ce que le déposant sait pour l'avoir du depuis veu sur le local et entendu dire que tous les meubles qui estoient dans les dites maisons auroient esté brulés sans en pouvoir rien garantir. "

Enfin, Armand Cossié, dit Manéchal, âgé de 67 ans a déposé " que, par un vendredi 19e novembre 1694, il vit l'incendie dudit bourg de Campan qui agissoit au corps de l'église et maisons et sautoit, jusques aux lieux circonvoisins poussé par l'impétuosité d'un vent qui venoit du costé du midy et que lesdits habitans de Beaudéan prenoient des précautions pour éviter qu'elles ne feussent pas sujettes à ce feu, ayant eu toujours mémoire qu'un tisson ardent avoit esté porté au parc de la metterie du sieur de Marque, dans laquelle affliction des maisons dudit sieur Galiay Garranbet, de Brune et Dario, notaires, furent sujettes et consumées à la vue du déposant depuis environ les trois heures d'après midy jusqu'à ce qu'il fut tard dans la nuit suivante qu'il se retira dans sa maison ; il dit aussi qu'il feut deux jours après audit lieu de Campan où il vit cet accident funeste, et que ladite église, la halle et plus de la moitié des maisons dudit bourg auroient esté incendiées du fond en comble, parmi lesquelles estoient celles desdits Galiay, Dario et Brune et vit même qu'au sol de la maison de Garranbet et de Brune des blés achevoient de se consumer et que les habitans dudit bourg lui déclarèrent que tous les meubles et effets qui s'estoient trouvés dans lesdites maisons s'estoient incendiés de même sans en avoir rien pu conserver. "

[...] Nous ne saurions passer sous silence l'incendie d'Asté du 9 novembre 1754, qui réduisit en cendres 93 maisons. De pareilles catastrophes doivent être attribuées aux toitures en chaume, jadis si nombreuses en ces lieux.

(Fr. Mansan)








Notes

[1] Gallica :
Bibliothèque Nationale de France

Bulletin de la Société Ramond
(Bagnères-de-Bigorre)
Société Ramond - 1866



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département 65.

<© Marie-Pierre MANET





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