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Le " Pont de l'Adour " commune de Tarbes
Hautes-Pyrénées
département 65
.



Sceau
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Ouvrages en vente
de Marie-Pierre Manet




Au Moyen-Âge, et durant des siècles, c'est un pont en bois, régulièrement reconstruit ;
au XVIIIe siècle, c'est un pont en planches mesurant plus de 225 mètres de long, nommé Pont Taulat qui permet de franchir à sec ce fleuve capricieux : l'Adour.

Crue du 23 juin 1875

Le pont de l'Adour lors de la crue du 23 Juin 1875.


[1] Le 23 juin 1875, vers midi, à la suite d'une crue extraordinaire, le pont de pierre jeté sur l'Adour, à l'orient de la ville de Tarbes, s'abîmait dans le fleuve. Deux de ses piles, affouillés par les eaux, s'effondraient, entraînant avec elles les arches et le tablier qu'elles supportaient. Cet ouvrage, qui présentait cependant toutes les apparences de la rubustesse, était-il donc si vieux que ses jambes ne le pussent plus porter ? Non, il y avait, au moment de sa chute, à peine cent trente ans qu'il était construit : cet âge n'est pas celui de la vieillesse pour un pont. Commencé en 1735, - peut-être en 1734 - terminé vers 1744, son existence fut, au contraire, de courte durée.

Au cours de sa démolition, rendue nécessaire par l'accident de 1875, on retrouva, dans une des culées, la plaque commémorative de la bénédiction et de la pose de la première pierre, par Mrg de la Roche-Aymon, évêque de Tarbes : composée de deux plaques de plomb juxtaposées entre lesquelles, paraît-il, avaient été enfermées quelques pièces de monnaie ; elle portait, disposée sur quinze lignes en lettres capitales, avec un nom interligné, l'inscription latine suivante :

 

Illustrissimus ac reverendissimus ecclesiæ princeps Dominus Carolus Antonius de La Roche-Aymon Tarbiensium episcopus Sorduæ abbas regi a consilys et in comilys bigerrensibus ipso sedis jure præses ad perpetuam rei memoriam benedixit et posuit die 15 mensis februarri 1735 hoc opus decernente domino de Pomereu rei judicariæ præfecto et disponente domino de Polart regio machinatore consulibus dominis de Vergez Peyrafite Darroy et Larré rege Lud[ovico] 15.


Monseigneur Charles-Antoine de La Roche-Aymon, très illustre et très révérend prince de l'église, abbé de Sordes, conseiller du Roi en ses conseils et, par le droit attaché au siège, président des États de Bigorre, en perpétuelle mémoire, a béni et posé, le 15 février 1735, [la première pierre] de cette œuvre ordonnée par Monsieur de Pomereu, intendant de cette juridiction et conçue par Monsieur de Polart, ingénieur du Roi, étant consuls Messieurs Vergez, Peyrafite, Daroy et Larré, Louis XV étant roi.


Le 27 avril 1734, un certain Claverie était devenu adjudicataire des travaux de construction du pont. La plaque commémorative fut payée, le 14 janvier 1735, au sieur

"Courdin fils pour avoir fait une plaque de plom et y avoir gravé linscription qu'on y a dit dy mettre et cé pour 31[sols] de plom et 5 livres pour la grabure. Laditte plaque estant pour Lanchasser dans la première pierre quon apossé a la grande cullée et quon a fait benir par Monseigneur Levesque cy... 6 livres 11 sols"

Le graveur a signé son œuvre : on lit, en effet, sur la tranche du plomb, les mots suivants :

"scripsit par Corbin"


(© Marie-Pierre Manet)

Le pont de l'Adour autrefois.

 

Le pont du marcadieu à Tarbes reconstruit en 1876 et ouvert à la circulation en 1880. Ce dernier résista à la crue de 1897 qui emporta la pont de chemin de fer tout proche, et à bien d'autres dont celle de 1952 qui mit fin à l'alimentation des canaux de la ville de Tarbes.

La construction du premier pont en pierre, appelé ": Pont de l'Adour ", fut décidée en 1734 pour un prix d'environ 80.000 livres. Elle dura dix ans, à cause des difficultés techniques et financières. Le pont fut conçu par l'ingénieur Pollart. Le gros-oeuvre sera sous la direction de l'architecte Bayron. La ville se vit accorder un droit de péage jusqu'en 1747.



[1] Le pont terminé, ou à peu près, on éleva en son milieu - au milieu de l'un des parapets : je suppose - une pyramide en pierre au sujet de laquelle nous relevons sur le registre de compte (déposé aux archives départementales) de Sabatié, un paiement de 120 livres à la date du 1 er juillet 1742 :

"plus payé 100 livres à Méjeville et Claverie de Lourde et acompte de la police qu'ils ont passé(sic) pour faire la pyramide qui doit être placée au milieu du pont cy... 120 livres."

Un second paiement fut effectué le 18 mai 1744 dans le même objet après la pose de la pyramide :

"Plus payé à Mégeville et Claverie Esculteur la somme de 317 livres 10 sols pour fin de payement du piremide qu'ils ont placé (sic) sur le pont, apert de leur Reçu cy... 317 livres, 10 sols."

L'érection de la pyramide coûta donc 937 livres 10 sols. Les recettes inscrites par Sabatié s'élèvent à 62.705 livres, 3 sols et les dépenses 82.565 livres, 13 sols, 8 deniers, ce qui accuserait un déficit de 19.860 livres, 10 sols, 8 deniers, si la balance était faite. La dépense aurait été, - en chiffres ronds sans doute - d'après le cahier de doléances de la commune d'Antin - de 80.000 livres, supportée, pour 60.000 par la Province et pour 20.000 par la ville de Tarbes. Celle-ci obtint, pour faire face à cette dépense, de lever à son profit, pendant six ans, un droit de pontonage, c'est-à-dire de péage. Le privilège fut renouvelé tant et si bien, qu'on payait encore ce droit en 1789 et que les communes environnantes en réclamaient à grand cris l'abolition.

S'il faut en croire les doléances des communes de Mun et de Jacque, les fermiers maltraitaient - et au besoin assommaient - les campagnards qui ne pouvaient ou ne voulaient pas payer. Cela n'empêchait pas le corps de la ville de Tarbes d'affirmer à l'Intendant, le 3 juin 1760, que la perception du droit de péage sur le pont de l'Adour n'avait jamais provoqué le moindre murmure. Il est vrai qu'il s'agissait, pour Tarbes, d'obtenir qu'on rendît cet impôt perpétuel et aliénable, afin de lui faciliter les moyens de construire une mairie, celle qui existait tombant en vétusté.

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[1] La Révolution survint, l'Empire lui succéda, et la naissance du Roi de Rome parut assurer la continuation de la dynastie napoléonienne. A cette occasion, de grandes réjouissances eurent lieu et la ville de Tarbes, ou le Département, désireux de se distinguer fit sculpter, par le marbrier Nelli, un berceau de marbre blanc qui fut érigé sur un piédestal, dans l'axe du parapet méridional du pont de l'Adour. Enveloppé d'une sorte de vannerie sculptée dans le marbre, aux mailles croisées très larges dans chacune desquelles est logée une abeille, il se termine à la tête par un volute à laquelle est suspendue une gurilande qui fait le tour du berceau. Une draperie sort de l'intérieur et pend sur le côté, vers les pieds, sans masquer toutefois un grand N en fer fixé sur le milieu de la face tournée vers l'intérieur du pont.

Le maire de Tarbes, Isidore de Castelnau, rima un quatrain qu'il fit graver sur le socle en guise d'inscription. Le voici :

 

Protège cet enfant objet de tant de vœux
Dieu qui servis d'égide à son auguste père !
Que ce cher rejeton que la France révère
A prenne près [de] lui l'art de nous rendre heureux
.

[1] Le Roi de Rome naquit le 20 mars 1811 ; le berceau fut érigé solennellement le 9 juin, mais la cérémonie qui eut lieu à cette occasion provoqua des froissements entre le maire et le préfet Chazal. Peu après se produisit un évênement qui les souleva tous deux d'un même mouvement d'indignation. Par une nuit orageuse, pendant laquelle il plut à torrents, - celle du 9 au 10 août 1811 - le berceau fut précipité dans l'Adour.

On ne parvint pas à découvrir les auteurs de ce terrible attentat, de ce crime de lèse-majesté, et le maire ne put que faire repêcher le berceau légèrement endommagé. Qu'advint-il ensuite de lui ? Sans doute le remonte-t-on sur son piédestal où il resta jusqu'à l'effondrement de l'édifice impérial, en 1814. Fut-il alors, pour la seconde fois, devenu sédicieux après avoir été sacré, jeté dans l'Adour ? C'est possible, et dans ce cas, la catalogue du musée de Tarbes est dans le vrai en mentionnant le renversement du berceau comme ayant eu lieu en 1814. Le sympatique président honoraire de la Société Académique, M. Charles de Pouey, m'affirmait récemment qu'il eut occasion d'insister vivement auprès de M. de Lagarde, alors Maire de Tarbes, pour obtenir qu'il fît les recherches voulues en vue de retirer le berceau des grèves de l'Adour dans lequel il s'était enlisé. Or, M. de Lagarde ne devint maire qu'en août 1857. Si le berceau ne fut retiré de l'eau qu'après cette époque, il eut le temps de prendre un bain prolongé : 43 ans d'immersion.

Il est aujourd'hui à l'abri de tout accident et ne risque plus, maintenant qu'il est passé à l'état de curiosité, d'exciter les passions politiques. Ce n'est qu'un souvenir, une relique du passé. Regardons vers l'avenir et souhaitons que le nouveau pont résiste plus longtemps que l'ancien aux accès de violence du fleuve capricieux de l'Adour.


Pont de l'Adour

Le pont de l'Adour au XXIe siècle.
Il n'y a que les berges qui ont changées.
Le fleuve de l'Adour ne s'écoule que sous un arc du pont
au lieu des deux arcs autrefois.
Dommage que le XXIe s ait oublié la fonte des neiges et ses dégâts
lorsque le fleuve grossit
.








Notes

[1] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France.
Vie congrés de l'Union historique
et archéologique du Sud-Ouest.
tenu à Tarbes
Au mois de juillet 1914.
Société académique
des Hautes-Pyrénées


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© Marie-Pierre MANET





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