La vie religieuse
à Vidouze
Monographie.



De R.ANCELY


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de Marie-Pierre Manet


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La vie religieuse :



Nous avons vu que, sous l'ancien régime, la communauté de Vidouze a fait partie de la Rivière-Basse et a été principalement rattachée au Comté d'Armagnac. Il n'en était pas de même au point de vue ecclésiastique. En 1342 et en vertu d'une décision de Pierre, Raymond de Monterun, Évêque de Tarbes, Vidouze faisait partie de l'Archiprêtré de Caixon compris dans le Montanerez qui constituait le cinquième archidiacomé du diocèce.

D'après M. l'Abbé Marseilion, auteur de l'Histoire de Montanerez, auquel nous empruntons des renseignements, la cure de Vidouze était à la présentation de l'Abbé de Tasque qui possédait toute la dîme. Le curé était à la portion congrue. Il y avait un presbytère et un vicaire à qui l'Abbé de Tasque donnait volontiers 250 livres. Il y avait aussi deux prébondes possédées par des curés étrangers. (L'Abbé Marseilion va plus loin et affirme que le Roi et l'Abbé de Tasque étaient seigneurs de Vidouze).

Dans ses glanages (tome III P. 252 - 258) Larcher indique :

"Vidouze Sanctus Jacobus de Vidosa, Patrons : les Barnabites de Lescar - 13 Mai 1544 - Jean Fontanhera, curé".

Cette note paraît inexacte sur un point. Les Barnabites de Lescar n'ont aucun droit sur la communauté et la cure de Vidouze, ou tout au moins, ils ne l'exercent pas. Dans l'état des paroisses de 1783, déjà cité, le curé dit, en effet, que le droit de patronage est disputé entre les Barnabites et l'Évêque et que la question n'a jamais été jugée. En 1788 le curé est nommé sur résignation de son prédécesseur, après provisions accordées par le Pape et visa l'Évêque (acte Lamothe - notaire à Vidouze - du 28 Février 1788). Les Barnabites possèdent, en tous cas, un domaine, une chapelle et une commanderie dont nous parlerons à propos de la chapelle Notre-Dame. Par contre, il n'est pas douteux, ainsi que l&'affirme Larcher, que la commune et l'église sont placés sous le patronage du grand saint dont une des routes de pélerinage passait sur leur terrritoire. Nous apprenons aussi le nom du premier curé de Vidouze : Jean Fontanhera qui probablement est un autochtone, dont nous retrouverons la famille dans un autre paragraphe.

Si au XIX e siècle, il est exact que l'Abbé de Tasque avait le droit de présentation à la cure et la dîme, tous les documents postérieurs donnent d'autres indications. Dans l'état des paroisses de 1783, le curé indique qu'il y a six dîmes et que les bénéficiaires en sont : le chapitre de Tarbes, l'archidiacre de Tarbes, les pères Barnabites de Lescar, l'Abbé de Larreule, les religieux de Saint-Lézer, enfin le curé. Il déclare que la cure peut valoir 50 livres d'or sur lesquelles il faut payer le vicaire.

Dans les minutes notariales du XVIII e siècle, on trouve de nombreux actes de baux de ferme de certaines de ces dîmes. C'est ainsi que M. Betouzet, curé de Vidouze, cède ses droits pour les quartiers Moulonguet et Rombertes moyennant 550 livres par an et dans les quartiers Lacoume et Pourtau-Dessus moyennant 800 livres (actes lamothe - notaire - Vivouze - des 12 et 20 Mai 1770). La cathédrale de Tarbes, par l'intermédiaire de Bertrand Dantin, chanoine et ouvrier mage prend pour fermier Jean Depierris de Vidouze (Note Carde - notaire - Vivouze - le 16 Juin 1737)

L'état des paroisses de 1782 donne des détails intéressants sur l'excercice ou culte dans la commune. Il y a, dit le curé, un presbytère en bon état et un jardin ; la cure comprend un vicaire logé à portée de l'église. Les cérémonies du culte comprennent le dimanche une messe matinale dite par le vicaire et la grand'messe avec bénédiction et aspertion de l'eau. Il y a quatre ou cinq processions dans l'année autour de l'église ; après Saint-Marc, elles vont jusqu'au bout du cinetière. Lors des orages, on met les cloches à la volée et si l'orage est menaçant le prêtre se rend à l'église pour les exorcismes prescrits. Le caractère et les mœurs de la paroisse sont bons et le plus grand nombre des habitants sont de bons chrétiens. On compte au moins 500 communions. Il existe une ancienne confrérie du Saint-Sacrement. Les confréries sont obligés d'accompagner la Saint-Sacrement et doivent dire le chapelet à la mort de chaque confrère.

Au moment de la Révolution, un Évêque constitutionnel est nommé dans le département ; Jean-Guillaume Molinier. Le curé de Vidouze est Vital Baqué depuis l'an 1788. Il reste en fonctions jusqu'à l'an XII ce qui laisse supposer qu'il a prêté serment. Y-a-t-il eu des craintes sur sa situation ? Le fait est que dans le courant de l'an VII il vend tous ses immeubles, meubles et bestiaux à son neveu (Actes Lamothe - notaire - Vidouze- des 15 ventose et 16 floréal an VI F 194 et 516)

L'ancienne église du cimetière :



Nous avons fort peu de renseignements sur l'ancienne église aujourd'hui disparue. Nous savons qu'elle était située à l'intérieur du cimetière actuel, à côté de l'emplacement où furent enterrés les curés de la paroisse probablement à côté des tombeaux des familles Canet et Bistos. D'après une lettre qui se trouve au dossier de sa démolition et de sa reconstruction en 1850, elle avait un clocher en forme de dôme. A de nombreuses reprises elle fut l'objet de réparations. En 1733, la population assemblée par M. de Lacaze nomme un syndic pour en surveiller les travaux (Acte Carde - notaire de Vidouze - du 5 Septembre 1733) ; en 1738 les consuls vendent à deux reprises quelques lopins de terre pour recrépir les murailles en exécution d'une ordonnance de l'Évêque qui la menace d'interdit. En 1811 elle reçoit la visite de M.J. B. Loustau, curé du canton, qui déclare qu'elle est joliment réparée, qu'elle possède deux cloches et un nombre suffisant d'ornements (Archives de l'Évêché). Le 29 Janvier 1881 le Conseil Municipal échange des terrains sur la place de la mairie pour améliorer le chemin qui y conduit ; en 1827, un devis de l'architecte départemental (Archives de l'Évêché) évalue de nouveaux travaux à 12.500 frs ; enfin des réparations sont faites à la grande cloche et les archives communales conservent la trace d'un paiement de la somme de 19 f 40 à remettre au sieur Cahal marchand de fer à Vidouze pour livraison de fer en vue de cette réparation.

La nouvelle église de la Hourcade :



On peut donc dire que l'ancienne église a vécu pendant près d'un siècle et demi sans causer de gros ennuis ou de grosses dépenses à la population. Il n'en fut pas de même de la nouvelle dont la construction amène chez les habitants des dissentions graves qui se perpétuent pendant plusieurs années. Nous ne pouvons entrer dans le détail de tous les documents qui encombrent les archives municipales, départementales et celle de l'Évêché. Mais nous en exposerons les principaux épisodes qui appartiennent à l'histoire de la commune.

Dans le courant de l'année 1847, M. Lartigue, architecte, à Tarbes, est chargé d'opérer la visite de l'église. Son rapport est daté du 28 Juillet. L'immeuble menace ruine ; la toiture est en très mauvais état et il y a danger à parcourir la nef. Le 4 Septembre, l'Évêque, s'appuyant sur cet avis, interdit l'excercice du culte. Il envoie copie de son ordonnance au maire et au curé. Le Conseil Municipal avait à résoudre deux questions : la plus urgente consistait à trouver un local provisoire où auraient lieu dorénavant les cérémonies, il fallait, en outre, prendre une décision sur la suite à donner à l'ordonnance de l'Évêque.

On s'accorda rapidement pour un emplacement provisoire. On choisit une grange sise au quartier de la Hourcade à côté de la maison commune. On descendit une cloche et on la suspendit à un arbre.

Mais quand il s'agit de décider sur le sort de la future église, deux courants se distinguèrent dans la population. Les unes voulaient la reconstruire sur place prétendant que les murs étaient en bon état et que la dépense serait moindre. Les autres arguaient que l'édifice actuel n'était pas au centre de la commune ; qu'il était d'accès difficile pour tous les quartiers de la plaine ; mais quand il s'agissait de déterminer un emplacement, ils se divisaient eux-mêmes. Un partie voulait reconstruire l'église au quartier de la Hourcade à proximité de la mairie et du presbytère en améliorant les chemins qui donnent accès à ce quartier ; d'autres habitants auraient voulu la placer à la maison de M. Carde à proximité de la grande route de Maubourguet.

Le Conseil Municipal ne pouvait éluder longtemps une affaire aussi importante ; il avait commencé à s'en occuper et à demander à un architecte deux devis un pour la réparation sur place, l'autre pour la reconstruction totale sur un autre emplacement. Sur ces entrefaites, la Révolution de 1848 se produisit et amena le renouvellement de l'Assemblée Municipale. Le nouveau conseil dont M. Jouget-Patau était le maire se réunit le 4 Juin et fut mis en présence des deux propositions. Il constate que cette affaire :

"tient toute la commune en suspens et occasionne de malheureux et désagréable désordres".

Les Conseillers municipaux, peu soucieux d'engager leurs responsabilités, ne répondent pas aux convocations en nombre suffisant et empêchent toute délibération utile. L'Évêque est saisi des incidents et dans une lettre du 7 Juin adressée au Maire, il démontre qu'il interdit l'ancienne église à cause du danger, qu'il n'a pas eu à prendre position sur une simple réparation ou une reconstruction sur un autre emplacement ; il appartient au conseil à décider.

Et le 7 Juin l'Assemblée municipale se réunit à nouveau. Le devis de la reconstruction s'élève à 18.500 frs seulement. Le Conseil choisit les réparations et arrête la vente de dix hectares de la lande communale pour financer le projet. Mais aucune disposition n'est prise ni pour la vente des terrains, ni pour les travaux. En réalité les habitants restent très divisés et une partie importante désire la reconstruction de la Hourcade. Parmi ces partisans figure certainement le curé Fourcade, ainsi que nous le verrons plus tard. Par ailleurs, les opposants habitent tous le quartier de Lacoume et leur opposition n'a pas seulement pour but d'obtenir la réparation sur place ; mais aussi d'empêcher la vente de partie ou bien communal où ils trouvent, à raison de son voisinage une facilité de pacage pour les animaux. Six mois s'écoulent. Il y a eu des élections partielles au Conseil Municipal, et le 8 Janvier 1849, la maire convoque à nouveau l'assemblée sans y appeler les nouveaux élus qui n'ont pas été encore régulièrement installés. Ceux-ci se présentent quand même et entendent délibérer. Sur le refus du Maire, une scène de violences se produit et la réunion est ajournée. Nouvelle réunion le 11 Janvier ; elle est plus calme. On vote. Il n'y a qu'une voix pour la réparation et cinq pour la reconstruction ; la vente des dix hectares de lande est acceptée sans discussion, malheureusement le Préfet annule la délibération comme irrégulière ; le Conseil se réunit à nouveau et constate que les fonds dont il dispose (2.000 frs plus la vente des terrains communaux) est insuffisante pour la reconstruction, il se déjuge et opte pour les réparations.

Nouvelle opposition du parti de la Hourcade et cette fois le Préfet est saisi par lui. La grosse difficulté qui avait fait hésiter le Conseil Municipal était l'insuffisance des fonds. Et voici que M. Moulonguet-Lacaze offre de prêter à la commune la somme de 4.000 frs qui lui manque. Le Préfet prend alors la responsabilité de conseiller à la commune de reconstruire ; il y a plus d'intérêt à faire du neuf qu'à réparer et il faut choisir un terrain central. Les fonds, dit-il, sont trouvés ; le devis s&appos;élève à 22.600 frs. Or, la commune dispose de 10.000 frs provenant de la vente de la partie de la lande ; 3.000 frs de fonds libres ; 4.000 frs prêtés par M. Moulonguet et 2.000 frs de la valeur des matériaux de l&appos;ancienne église. On peut, enfin, espérer, dit-il, un secours du Gouvernement. La lettre du Préfet est du 14 Décembre 1850 ; le maire y répond le 26 Décembre qu'il y a eu accord tacite du Conseil pour la reconstruction et que M. Moulonguet offre de prêter une somme supplémentaire de 500 frs si cela est nécessaire. Mais par suite de l'opposition faite par Pélanne, adjoint, qui a donné sa démission, un certain nombre de conseillers municipaux se sont abstenus de paraître au Conseil qui n'a pas été en nombre pour délibérer. Le Préfet répond, conseille de faire au besoin trois convocations, car à la troisième, le Conseil pourra valablement délibérer quel que soit le nombre de votants. Le Maire suit les avis qui lui sont donnés et le 9 Janvier 1851 le Conseil se décide définitivement pour l'emplacement de la dame Jeanne Abadie veuve Joue. Le partie de le Hourcade triomphe définitivement. C'est en vain que les protestataires ont recours au Ministre de l'Intérieur. Celui-ci écrit le 9 Août 1851 au Préfet et s'appuyant sur la décision du Conseil Municipal, sur l'accord avec l'Évêque et sur l'avis du Préfet lui-même qui s'est rendu sur les lieux et a reconstruit le bien-fondé de la reconstruction, constatant, en outre, que les ressources communales couvrent les frais, il décide qu'il ne donnera aucune suite aux réclamations dont il a été saisi. Pendant ce temps, la Maire essaye de presser les travaux ; une dernière lettre de lui, datée du 7 Mai 1851 s'étonne qu'il n'ait pas encore reçu les autorisations définitives :

"Sur cette question qui nous divise et qui nous laisse dans un état de souffrance insoutenable"

C'est ici que l'on voit l'influence du curé Fourcade ; car la lettre signée du Maire est manifestement toute écrite de lui. On dit encore dans la commune qu'il a été le principal artisan de la reconstruction et qu'il désirait d'autant plus que le presbytère étant déjà installé à la Hourcade, il avait constamment un chemin pénible à accomplir pour accéder à l'ancienne église. C'était un homme énergique et autoritaire ; d'ailleurs pleinement convaincu de l'importance de ses fonctions. Il prêchait avec fougue et quand il prononçait un sermon trop pathétique, il ne pouvait même parfois retenir ses larmes.

La construction commence ; mais elle avance lentement. Les délibérations municipales énoncent les derniers errements de cette importante affaire : le 18 Avril 1852 le plafond de la nef sera refait en lambris de peupliers et des contreforts extérieurs empêcheront l'écartement des murs : 27 Mai 1853 allocation par le Ministre des cultes d'un secours de 3.000 francs ; 10 Novembre 1853, l'ancien clocher n'a pas pu être trasporté. On en fait un neuf et on vend 50 chênes pour sa construction. Le 12 Février 1854 on vend encore trois lopins de terre par adjudication chez Me Massère, notaire à Larreule ; 10 Février 1856 on entoure le sol de la nouvelle église d'un mur de soutènement et on achète une horloge. Le dépense est encore financée par une nouvelle vente de trerrains qui produit 4.100 frs. Enfin le 10 Octobre 1857 le curé peut écrire à l'Évêque que la construction de l'église est terminée et le presbytère réparé.

Des deux cloches qui ornent le clocher, l'une date de 1846 et provient évidemment de l'ancienne église ; elle fut fondue par M. Marquehosse de Tarbes ; elle porte une invocation à Saint-Jacques, patron de la paroisse, et lesnoms de M.M. Jean Moulonguet-Moureu, Maire, parrain, de M. Carde, adjoint, et de M. Bordec, curé. La seconde a été inaugurée en 1879. Elle avait été fournie par M. Urselin Dencausse de Tarbes. Elle porte les noms de M. et Madame Omer Moulonguet, parrain et marraine, et M. l'Abbé Authenac, curé.

Liste des curés et vicaires de l'origine à nos jours
( Établie d'après des documents d'archives, registres paroissiaux, annuaires départementaux).

 

Dates
Curés Vicaires
1544
Jean Fontenehera
-
1549
Guilhem du Vignau
-
1671 (avant)
Jean Caü
-
1672 - 1674
Crudères
-
1675
d
Lascomes
1676 - 1700
d
-
1701
Larrouzé
Crudères
1703 - 1705
Vasaux
Dortet
1706 - 1708
d
Doat
1709 - 1716
d
Sousens
1717 - 1720
d
d'Hugues
1721 - 1732
Cazaux
d'Hugues
1733 - 1734
Bétouzet
Barragué
1735 - 1736
d
Barbanègre
1737 - 1738
d
Corbin
1739
d
Claracq
1740 - 1741
d
Cazajous
1742
d
Dinguirard
1743 - 1747
d
Domec
1748 - 1758
d
Villemur
1759 - 1762
d
de Montauban
1763 - 1769
d
de Cazenave
1770 - 1773
d
Comet
1774 - 1779
d
Bérot
1780 - 1782
d
Doussau
1783 - 1787
d
Larcade
1788
d
Hourquet & Dupeyré
1789 - 1792
Vital Baqué
Hourquet
1793 - 1804
d
Capdevielle vers 1804
1805 - 1806
Ducamp
d
1809 - 1840
Sylvestre Capdevielle
d
1841 - 1846
Bordes
d
1847 - 1876
Fourcade
d
1877 - 1890
Authenac
d
1891 - 1892
Canton
Sayous
1893 - 1899
Fontan
d
1900 - 1909
Garaby
-
1910 - 1913
Dauga
-
1914 - 1916
Sahuc
-
1916 - 1919
Lhoste
curé de Lahitte
-
1920 - 1929
Cazenave
-
1930 - 1932
Peyret
curé de Lahitte
-
1933 - 1936
Azens
-
1937 - 1940
Dulongcourty
-
1941
Peyret
curé de Lahitte
-
1942 - 1946
Enthelier
-
1946 - 1948
Margenties curé de Lahitte
-




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