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Le clocher des Jacobins
à Bagnères-de-Bigorre
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[1]



Sceau
00036426
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Le clocher des Jacobins
transformé en tour de l'horloge
telle que nous le voyons aujourd'hui.


Le couvent des Frères Prêcheurs, ou Dominicains, ou Jacobins, fut fondé à Bagnères, en l'an 1344, avec l'agrément de Philippe VI de Valois et le consentement du pape Clément VI.

Il s'étendait sur un vaste terrain donné par les bourgeois, hors les murs ; il avait pour limites, au midi, les fossés de Coutillou, plus tard nommés bié dé darrè es moungès, aujourd'hui, boulevard Carnot ; au nord, le chemin des Bergers , aujourd'hui avenue de la Fontaine-Ferrugineuse ; à l'Est, le " bié des Sabatous ", plus tard " bié de Maria - Hounta " (fontaine de Marie), aujourd'hui rue de la République ; à l'ouest, le ruisseau passant sous l'usine Bérot, se dirigeant vers le nord et rejoignant le ruisseau de l'Anou à la rue de la Fontaine-Ferrugineuse. L'église était bâtie en bordure et au nord du " bié dé darrè es moungès ", en face de l'Hôtel de France actuel. Quand, plus tard, cette église fut démolie, les religieux y établirent une métairie. Ce vaste emplacement portait le nom de Claus des moungès. (Tous les noms étaient exprimés en langage local).

Quelque vingt années plus tard, pendant la Guerre de Cent Ans, Henri de Castille, comte de Transtamare, en guerre avec son frère, don Pedro le Cruel, pour la possession du trône de Castille, et soutenu par Duguesclin qui avait à cette occasion amené en Espagne les routiers des Grandes-Compagnies, fut vaincu à Navarete et Duguesclin fait prisonnier ; le parti anglais, commandé par le Prince Noir, avait fortement contribué à cette défaite. Chassé de ses états, Henri de Transtamare se réfugia en France ; il y fut amicalement accueilli par le duc louis d'Anjou, frère du roi Charles V et son lieutenant général en Languedoc. Il ne songea qu'à se venger des anglais ; pour cela, il réunit une petite armée composée des débris de celle de Duguesclin, quitta le Languedoc et se jeta sur la pays où s'exerçait la domination du Prince Noir [...] Le couvent des Jacobins, hors les murs, fut des premiers saccagé et brûlé, avec la rue des Sabatous. Transtamare séjourna et se fortifia dans Bagnères ; après quatre mois d'exactions envers les habitants, il s'éloigna du pays sur les instances du duc d'Anjou.

La même année (1367), les quelques religieux Dominicains qui avaient été épargnés, furent autorisés, avec l'agrément du Prince Noir, à rebâtir leur église, mais cette fois dans l'enceinte de la ville, derrière de bonnes murailles, ne gardant que des terres dans le " Claus des moungès " ; le pape Urbain V autorisa des nouvelles constructions et le roi Charles V leur octroya des lettres patentes. C'est donc vers cette époque que fut édifié le clocher des Jacobins.



Le clocher des Jacobins en 1836



Ce clocher, quoique très élevé, n'avait pas alors la hauteur qu'il a aujourd'hui ; il n'avait que les deux étages des fenêtres ogivales ; il était coiffé d'un toit pontu, en bois de charpente recouvert d'ardoises, chapeau de deux mètres de hauteur environ ; cet aspect du clocher est visible sur les vieilles estampes de Bagnères (Joudan-Émilien Frossard, Monthélier, Dandiran, Jacottet, Gastineau, Melling, Marianne Colston, datant de 1821 à 1840).

Depuis le XIVe siècle, ce monument a subi de nombreuses épreuves : ainsi, nous savons qu'en l'an 1533, la foudre l'abattit en partie ; on songea à le reconstruire, mais le couvent était pauvre ; le pape Clément VII voulut bien consentir à accorder des indulgences à ceux qui feraient des aumônes pour le réparer. En 1750, autre fléau... un violent tremblement de terre faillit amener sa démolition définitive, car la chute de quelques pierres détachées de la corniche et tombées sur les maisons d'alentour, provoqua une pétition des habitants du voisinage ; émus par cette pluie de pierres, ils redoutaient l'effondrement du clocher tout entier ; la pétition fut adressée à l'intendant d'Aligre : elle demandait la démolition totale. Mais les Dominicains n'attendirent pas la sentence et s'empressèrent de faire réparer les dégâts ; le clocher fut conservé et il fut mieux entretenu par la suite.

Pendant la Révolution, en 1791, le couvent des Dominicains et tous les biens qui en dépendaient furent vendus comme biens nationaux ; les terres au-delà des murs, mises en vente par lots, trouvèrent aisément les acquéreurs. Cependant, on avait eu l'heureuse idée de réserver vers le milieu de ces terres un espace assez large pour y tracer une nouvelle rue ; cette rue prit le nom de " bié d'et claus des moungès " ; elle commençait à la rue des Cautérès (rue de l'Horloge), suivait d'abord le tracé de la rue actuelle Frédéric Soutras, traversait le " bié de darré es moungès " (Boulevard Carnot) et continuait son parcours vers le Nord (rue Gambetta), pour aboutir à l'avenue de la Fontaine-Ferrugineuse.

Le cloître, l'église et le clocher, dans la rue des Cautérès, furent vendus le 20 germinal An V (9 avril 1797) à Bonaventure Caubin, pour la somme de 9.500 francs ; sur ce lot, on avait heureusement réservé, comme sur les terres du couvent, une parcelle située sur le côté occidental de la rue du Clos des Moines, qui comprenait une partie du cloître et un jardin ; cette parcelle fut donnée à la Ville en 1806 pour y établir un collège communal.

Voici donc le sieur Bonaventure Caubin en possession de l'église des Dominicains, ou plutôt, de son emplacement et de murs en ruines, du clocher et de quelques autres décombres ; il en effectua le paiement en à-compte échelonnés en plusieurs années, de 1797 à 1811.

Ce citoyen Caubin avait été, avant la Révolution, greffier en chef de la juridiction royale et était devenu plus tard, administrateur municipal. Quel avait été le mobile qui l'avait poussé à acheter ces vieilles démolitions ? Hélas ! l'achat des biens nationaux était loin de l'avoir enrichi et il fit de louables efforts pour les revendre et s'en débarrasser ; il parvint à vendre, le 27 brumaire An XIII, l'emplacement et les décombres de l'église à un certain Philippe Dulout Recurt pour la somme de 1.845 fr. 75 ; cet acquéreur était déjà propriétaire de l'emplacement où a été édifié plus tard l'Hôtel de France. L'année précédente, en l'an XII (1803), pressé par le besoin, il avait songé à offrir, à la Ville, le clocher des Jacobins. Pour cela, il adressa au Maire une pétition datée du 28 pluviôse, lui offrant ce monument contre un petit terrain communal, inculte, situé au Nord-Est de la ville, non loin de la propriété du Bolou (aujourd'hui chalet Géruzet, à M de Saint-Laurent), terrain appelé " passade ", à Chipolou : sa contenance était de trois journaux et demi. La pétition de Caubin fut bien accueillie et le Conseil tint séance le même jour pour l'examiner. Voici le procès-verbal de cette séance :

Séance publique du 28 pluviose An XII - Le Président communique au Conseil une pétition du citoyen Bonaventure Caubin par laquelle il offre à la Ville l'aliénation du clocher qui faisait partie de l'église des ci-devant Jacobins sis dans cette Ville ; il demande en échange le fonds communal appelé Saint-Martin ou celui appelé "la passade ", à Chipolou, ou la Fausse Boucherie, si mieux elle n'aime lui payer le clocher sur l'estimation qui en serait faite par experts ; et il a observé que l'aliénation proposée par le pétitionnaire ne pouvait avoir lieu qu'en exécution d'une loi du Corps législatif qui l'autoriserait et que, pour obtenir cette loi, il faut qu'il soit établi par une enquête de commodo et incommodo que le clocher est utile et l&qpos;échange avantageux à la ville. Il a observé que l'échange ne peut avoir lieu d'immeuble contre immeuble ; qu'il faudrait estimer le clocher pour n'en payer que sa véritable valeur ; qu'il faudrait aussi estimer le fonds, lequel devrait être vendu par adjudication aux enchères publiques, après publication et affiche. Il a observé que le clocher est sans escalier et que celui-ci, jusque à la hauteur d'environ cinq mètres, ne peut être placé en dedans du clocher ; qu'il serait nécessaire d'acquérir en même temps un emplacement contigu au clocher suffisant pour l'escalier et la faculté d'ouvrir toutes les fenêtres nécessaires pour l'éclairer ; avec la condition que le vendeur ne pourra dans aucun temps diminuer lesdits jours par la construction d'aucun bâtiment ni autrement, à quoi il renoncerait par exprès.

Le conseil, vu la pétition du citoyen Bonaventure Caubin, considérant que le clocher des ci-devant Jacobins est un superbe et antique monument digne d'être conservé et que son acquisition serait utile pour une horloge ; considérant aussi que l'escalier doit être placé en dehors, du moins jusqu'à une certaine hauteur ; d'où il suit qu'il est nécessaire d'acheter l'emplacement de l'escalier en même temps que le clocher ; considérant que le fonds communal appelé " passade ", à Chipolou, est inculte et ne donne aucun revenu à la Ville ni ne lui est d'aucune utilité...

... a délibéré : le clocher des ci-devant Jacobins appartenant au pétitionnaire sera acheté avec un emplacement commode et suffisant pour son escalier ; le fonds communal connu sous le nom de " la passade ", à Chipolou, sera vendu, pour le prix servit au paiement des dits clocher et emplacement ; en conséquence, il sera fait une enquête de commodo et incommodo aux fins de savoir si l'acquisition de ce clocher est avantageux à la Ville ; il sera fait une pareille enquête pour savoir s'il est avantageux à la ville de vendre le fonds communal appelé " la passade ", à Chipolou.

Ces enquêtes faites, le clocher et l'emplacement de l'escalier seront estimés par deux experts nommés l'un par le Maire de Bagnères et l'autre par le pétitionnaire ; le fonds communal appelé " la passade ", à Chipolou, sera pareillement estimé par les mêmes experts ; dans le cas que les enchères n'excèdent point le prix de l'estimation, le fonds sera donné au pétitionnaire à titre d'échange en paiement de son clocher et emplacement de l'escalier ; et dans le cas d'un excédent, le fonds sera vendu au plus offrant et dernier enchérisseur, à l'extinction des feux dans les formes ordinaires et le pétitionnaire sera payé de la valeur du clocher et emplacement de l'escalier avec le prix provenant de ladite adjudication; l'excédent sera employé à la construction de l'escalier ; il sera stipulé dans l'acte d'acquisition du clocher que le Maire pourra placer tant dans l'escalier que dans le clocher toutes les fenêtres qu'il croira nécessaires pour les éclairer et les aérer ; qu'il pourra verser les toits et établir tous égoûts de tous les côtés, ainsi qu'il croira le plus avantageux à la Ville et à la possession du clocher, et que dans aucun temps ni sous aucun prétexte le vendeur ne pourra ôter l'air ni diminuer le jour dudit clocher et de l'escalier par la construction d'ancun mur, bâtiment ni autrement, à quoi il renonce par exprès.

Le pétitionnaire fournira tous les frais relatifs aux enquêtes et expertises, de même que tous ceux à faire pour obtenir l'autorisation du présent, tant du Préfet que du Gouvernement et du Corps législatif, sans espoir de répétition.

Le présent délibéré sera d'abord soumis à l'autorisation du Préfet pour l'exécution provisoire relative aux enquêtes de commodo et incommodo et à l'estimation des immeubles ; ensuite, il sera soumis à l'approbation du Gouvernement et du Corps législatif.

Bre Darnaud, Soutras, P. Millet, Ramonet, Lavenère, horloger, Duhart, Lavigne, Dumont, Piera, adjoint.

Cette délibération si prudente et si sage, d'où n'est pas exclu un certain enthousiasme discret, démontre, aussi bien par l'empressement que le Conseil a mis à la prendre que par le désir évident de conclure une bonne affaire, le robuste bon sens des conseillers de l'An XII et leur fait honneur ; ils avaient tout de suite compris l'importance d'une telle cession et apprécié équitablement le valeur des objets de l'échange proposé : en premier lieu, un monument antique et superbe, pouvant être utilisé pour une horloge ; ensuite, una lande inculte dont la Ville ne tirait aucun profit, et quoique ignorant la valeur que cette pièce pouvait avoir, cette valeur ne semblait pas comparable à celle du magnifique monument.

Mais la question ne fut pas résolue cette année-là (1803) ; elle resta même en suspens pendant de nombreuses années ; nous la verrons revenir sur le tapis vingt ans plus tard ; et le Conseil de cette époque envisagera la question d'une manière bien différente, ainsi que nous le constaterons plus loin.

L'enquête eût donc lieu... nous ne trouverons la trace de cette expertise que quinze ans après, dans une seconde pétition adressée au Conseil, en 1818, par Bonaventure Caubin. Cette seconde pétition de Caubin est datée des premiers mois de cette année-là ; ne nous étonnons pas de la lenteur apportée à la solution de l'affaire : elle était retardée vraisemblablement par les événements politiques ; l'Empire, ses guerres effoyables ; la Restauration ; les Cent jours ; la chute de l'Empire ; le Congès de Vienne ; la Terreur Blanche ; le règne de Louis XVIII constamment menacé ; la vie sociale retardée dans toutes les provinces...

La pétition du sieur Caubin contenait des indications précieuses ; elle nous révèle que les experts avaient estimé le clocher des Jacobins 3.000 fr. et le fond communal de " la passade " 607 francs. Rappelant des estimations, il faisait judicieusement remarquer que l'objet cédé par lui était d'une valeur de 2.393 francs supérieure à celle de la pièce de terre communale ; et il ajoutait " mais comme il est de l'intérêt de l'exposant de se faire faire raison des 2.393 francs dont il s'agit et que sa pauvreté le met hors d'état de faire un pareil sacrifice quelque bonne volonté qu'il eût ; à cet effet, il a recours, Messieurs, à votre justice et la supplie de vouloir bien solliciter l'autorisation dont il s'agit de l'échange projeté avec la commune auprès de son Excellence le Ministre de l'Intérieur ou de telle autre autorité compétente qui pourrait en avoir le droit ; et ordonne que la somme de 2.393 livres, montant de la surestimation de l'objet par lui cédé, lui sera payée des deniers de la commune, ou, du moins, en cession des biens communaux à elle appartenant ; ce faisant lui permettre d'ors et déjà de s'en emparer dans quelque position peu nuisible à la Ville jusques et à concurrence de ladite somme, sur jugement de tels experts qu'il vous plaira commettre à cet effet... "

Les affaires communales et administratives ne se traitent ni si légèrement, ni si rapidement ; on ne peut cependant s'empêcher d'approuver le ton si digne et les raisons si plausibles exposés dans cette pétition si l'on pense, surtout à la lenteur apportée à ce règlement. mais le Conseil de 1848, dans sa séance du 8 avril, se montra impitoyable et rejeta la demande du malheureux Caubin en ces termes : " ... Considérant que les formalités nécessaires pour l'exécution de l'échange à opérer entre la commune et le sieur Bonaventure Caubin dont il s'agit dans la délibération du 28 pluviose, An XII, n'ont pas été entièrement remplies ; que plusieurs d'entre elles doivent l'être à la diligende du pétitionnaire, le Conseil est d'avis que le sieur Caubin se conformera en tout à la délibération du Conseil Municipal du 28 pluviose An XII. "

Et voilà comment furent éludées les obligations de l'administration municipale, insouciante des besoins du malheureux propriétaire qui avait attendu si longtemps son règlement, indifférente aussi à l'intérêt si grand de la Ville dans cette question.

À quelques temps de là, Bonaventure Caubin mourut... l'affaire semblait n'avoir plus de solution... mais Caubin laissait des enfants, et une de ses filles, pleine de courage et d'initiative, attendit encore quatre ans ; et, au bout de ce temps, entreprit de poursuivre l'affaire jusqu'à sa conclusion, quelle qu'en pouvait être la durée. Sa patience fut mise à l'épreuve, mais sa persévérance fut récompensée et elle obtint gain de cause après bien des vicissitudes.

La première réclamation de Mademoiselle Caubin porte la date de 1822. Le conseil l'accueillit sans bienveillance et nomma une commission de quatre membre pour l'examiner : [...] Le 4 janvier 1823, ils rédigèrent un rapport rejetant la réclamation comme mal fondée. Ce rapport est monument d'iniquité ; le voici. Après avoir tout d'abord rappelé la première pétition de Bonaventure Caubin du 28 pluviose An XII, le rapport continue : " ... que le sieur Caubin regardait lui-même le fonds de " la passade " comme un objet de valeur suffisant pour l'indemniser de la cession qu'il faisait à la Ville du clocher et de l'emplacement pour la construction de l'escalier et que l'estimation projetée ne devait être faite que par forme et uniquement dans l'intérêt de la Ville... Le prix des matériaux de la Tour sur pied ne fut et ne dut être pris en considération, comme si l'église eut encore existé, parce que cette tour ne fut considérée que comme un monument d'agrément et d'aspect qu'on jugea à propos de conserver ; qu'un simple particulier ne l'aurait pas acheté comme lui étant inutile, ou n'en aurait rien donné ; et que le sieur Caubin n'aurait pas non plus pensé à le faire démolir pour en vendre les matériaux parce que les frais de démolition auraient absorbé leur valeur, et qu'alors les maisons voisines auraient été exposées à un danger imminent et réel par la chute des matériaux d'une aussi grande élévation, ce qui aurait dû assujettir le sieur Caubin et l'entrepreneur à fournir une forte caution solvable pour répondre de la chute des matériaux, ce qui dût faire ouvrir les yeux au sieur Caubin et l'engagea à se regarder comme suffisamment satisfait du sacrifice qu'il faisait en faveur de la Ville par l'abandon qu'elle lui faisait à son tour du fonds de " la passade ", la Tour n'étant rien par elle-même sans une église qu'on n'avait pas les moyens de construire et dont on ne prévoyait même pas la possibilité dans la suite... Le sieur Caubin s'est volontairement... interdit le droit de réclamer tout autre indemnité puisqu'il est à présumer et vrai de dire que le fonds n'étant pas de plus grande valeur que la Tour, toutes parties durent demeurer d'accord ; que le sieur Caubin se mettait d'ors et déjà en possession du fonds de " la passade ", ce qu'il fit et a constamment joui paisiblement et sans trouble depuis lors, tandis que la Ville n'a joui que de l'aspect de la Tour sans en retirer aucune autre utilité. La demoiselle Caubin en avançant que le conseil, par sa délibération du 8 avril 1818, a reconnu qu'il était dû à son père une somme de 2.393 francs pour excédent de la valeur de la Tour sur le fonds de " la passade " est dans l'erreur, puisque dans l'exposé des objets mis en délibération à cette séance on ne fait que rappeler la prétention que le sieur Caubin élevait dans sa pétition d'alors ; mais le conseil n'en reconnaît pas la légitimité et se borne uniquement à décider que le sieur Caubin se conformera en tout à la délibération du 28 pluviose An XII, c'est-à-dire, qu'il fera régulariser l'échange à sa diligence et à ses frais, comme il y était obligé par la même délibération. D'un autre côté, lors même que l'échange aurait été régularisé et sanctionné par le gouvernement, on ne devait estimer la Tour que par forme et seulement pour lui donner une valeur égale à celle du fonds de " la passade ", pour qu'il n'y eut pas de soulte à faire au sieur Caubin, parce que telle était son intention bien prononcée et que l'article 1706 du code civil dispose que la rescision pour cause de lésion n'a pas lieu dans le contrat d'échange. "

Cet étrange rapport où les plus surprenants et les plus misérables arguments tentent de justifier une inconcevable absence d'équité, est indigne, non seulement des quatre commissaires qui l'ont perpétré, mais aussi des onze conseillers qui n'ont pas hésité à le sanctionner.

[...] La demoiselle Caubin ne se laissa pas démonter par ce rejet si grossièrement motivé et attendit courageusement son heure pour poursuivre des revendications.

Neuf ans après - admirons sa patience - le 28 mai 1832, réclamation nouvelle devant un conseil municipal où ne figuraient plus la plupart des personnages de 1823. La Révolution de 1830 était passée et l'esprit des hommes s'était modifié. Une commission fut encore nommée ; elle accueillit favorablement, cette fois, toutes les revendications de Mademoiselle Caubin. Le conseiller Soubies fut chargé du rapport ; il indique qu'il y a lieu de faire cession et estimation de terres communales pour payer aux héritiers Caubin la différence de prix de l'échange ; il désigne ces parcelles, très dispersées, situées aus Palomières, aux Gouttarious, au quartier de Bolou et au quartier de Montaliouet. Finalement, la commune octroie aux héritiers Caubin une contenance de 31 journaux de terres (soit 6 hectares, 31 ares, 90 centiares), d'une valeur totale de 3.012 francs.

Et dans sa séance du 16 Juin 1832, le conseil ratifie ces échanges à l'unanimité ; ils furent définitivement réalisés en 1833.




Notes

[1] Gallica : Bibliothèque Nationale de France.
Bulletin de la Société Ramond
(Bagnères-de-Bigorre)
Société Ramond.


Voir la suite :[la Tour de l'Horloge]



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© Marie-Pierre MANET






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